La fin du feuilleton suisse -Le premier Suisse, Rachid Hamdani, relaxé pourrait bientôt quitter la Libye. -Le premier Suisse, Rachid Hamdani, relaxé pourrait bientôt quitter la Libye. - Son compatriote Max Göldi a écopé d'une amende de 860 francs suisses. - Le président Kadhafi a jugé que cette affaire avait assez duré. Accroche : «Maintenant, les Libyens attendent un geste suisse, pour ne pas dire genevois concernant les conditions de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi». Légende photo : Rachid Hamdani et Max Goldi. La fin heureuse du procès des deux Suisses retenus en Libye prouve un assouplissement des positions libyennes. Le président Kadhafi a, sans doute, jugé que cette affaire avait assez duré, mais suffisamment pour que les Suisses y pensent à deux fois avant de s'en prendre, dans l'avenir, à ses fils ; une corde sensible pour un homme qui a perdu une fille dans le bombardement de sa résidence par les Américains, suite à l'affaire Lockerbie. Maintenant la balle est dans le camp suisse, c'est à la justice génevoise de faire le nécessaire pour tourner la page. Mais la bonne volonté helvétique se manifeste déjà dans la discrétion et le ton très mesuré de la presse à propos de cette affaire, pour ne pas jeter de l'huile sur le feu, d'autant que ce pays vient de se signaler au monde arabo-musulman par son refus de laisser construire des mosquées. Le premier Suisse retenu en Libye, depuis l'affaire Hannibal Kadhafi (2008), est d'origine arabe, Rachid Hamdani. Il a bénéficié d'un non-lieu a indiqué hier l'avocat libyen des deux Suisses, Me Salah Zahaf, précisant cependant que le procureur pourrait faire appel de ce jugement. Interrogé sur le fait de savoir si Rachid Hamdani – qui n'a pas assisté à l'audience – pourrait désormais quitter le territoire libyen, l'avocat a déclaré: «Selon la loi, oui il le peut». Me Zahaf a précisé plus tard que la défense devait attendre «un jour ou deux» pour obtenir l'ordonnance de non-lieu du tribunal de Tripoli. «Nous demanderons juste après qu'on rende son passeport à Rachid Hamdani», document qui a été confisqué par la justice. «Si le procureur décide de faire appel, nous demanderons de laisser partir Rachid Hamdani contre le paiement d'une caution», a-t-il ajouté, estimant que la défense était en «position forte». A la fin janvier, dans un premier procès en appel, Rachid Hamdani avait déjà été acquitté de l'accusation de «séjour illégal» en Libye. A l'instar de Max Göldi, il avait, dans un premier temps, écopé d'une peine de seize mois d'emprisonnement. Désormais plus rien n'empêche la sortie de Libye de Rachid Hamdani, a estimé hier le porte-parole d'Amnesty International, Daniel Graf. «Nous attendons maintenant des autorités libyennes qu'elles lui rendent son passeport, et qu'elles lui fournissent un visa de sortie». Quant à Max Göldi, compagnon d'infortune de Rachid Hamdani, il doit encore attendre le verdict de son procès en appel concernant la condamnation pour «séjour illégal». Ce verdict devrait tomber le 11 février, selon le département de la justice libyen. Mais si Rachid Hamdani, qui est suisse mais d'originaire arabe, est relâché et que Max Göldi est retenu, l'opinion publique va le percevoir comme une discrimination, et Tripoli n'y a pas intérêt. Pour le moment la relaxe de Rachid Hamdani ne peut que renforcer le moral de Max Göldi. Poursuivi également pour exercice d'«activités économiques illégales», Max Göldi avait écopé d'une amende de 1000 dinars (environ 860 francs suisses). Une sentence «symbolique» aux yeux des observateurs. Il doit encore attendre le verdict de son procès en appel concernant la condamnation pour «séjour illégal». Ce dénouement prouve en tout cas que «Pour les Libyens, le but est atteint: la justice a travaillé jusqu'au bout (…), montrant bien que, selon Tripoli, les procès intentés aux deux Suisses n'ont rien à faire avec l'arrestation d'Hannibal Kadhafi, à Genève, en juillet 2008, maintenant, les Libyens attendent un geste suisse, pour ne pas dire genevois concernant les conditions de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi», ont souligné les observateurs suisses. A Berne, le Département fédéral des affaires étrangères s'est borné ce week-end à confirmer les sentences prononcées par la justice libyenne sans faire de commentaire : la Libye étant par ailleurs le premier client africain à l'export de la Suisse…