Lundi 1er mars, le roi Mohammed VI recevait le ministre de l'Intérieur et le Directeur général de la DGSN. Les deux responsables sont «venus exprimer leur profonde gratitude au souverain qui a bien voulu donner ses hautes directives pour la mise en œuvre du Dahir relatif à la DGSN et du statut du personnel de la Sûreté nationale», nous informe la MAP. Le texte dudit Dahir paraissait le jour même au Bulletin officiel. Trois jours plus tard, le commentaire des images de la réunion hebdomadaire du Conseil de gouvernement diffusées par la télé nous apprend que Abbas El Fassi et son équipe venaient d'adopter les décrets d'application du même Dahir. Sauf que dans l'ordre du jour communiqué par la Primature mardi 2 mars ne figurait aucun de ces textes d'application. Désormais, les fonctionnaires de la Sûreté nationale deviennent «un corps particulier organisé sous forme hiérarchisée et exerçant leurs missions avec l'uniforme officiel ou en tenue civile sans distinction, avec la détermination de leurs catégories et cadres», spécifie le nouveau statut. les fonctionnaires de la Sûreté nationale bénéficient de la protection de l'Etat contre d'éventuelles menaces, agression, humiliations, insultes et injures. Et Abbas El Fassi, le Premier ministre, dans toute l'histoire ? Il va se contenter, pour le bien des policiers tous grades confondus, de signer pendant cette période qui reste de son mandat, une autorisation de leur promotion et avancement. Et cela, comme le précise le Dahir dans le seul article où il a été fait mention du Premier ministre, sans tenir compte des quotas que son gouvernement aura fixé pour la promotion des fonctionnaires de l'Etat. Le texte apporte plusieurs nouveautés et officialise certaines pratiques. «Le premier acquis étant la revalorisation des salaires des policiers», fait noter un membre du corps de la Sûreté nationale. Et ce n'est pas le seul. «Les fraternités de police seront désormais remplacées par une fondation, la Fondation Mohammed VI pour les oeuvres sociales. Ce qui n'est pas rien», explique la même source. Autre nouveauté : les policiers peuvent désormais se constituer en associations, dans le sens du Dahir des libertés publiques de 1958. Ce qui ne veut pas dire que nos policiers pourront constituer, demain, leur propre syndicat comme c'est le cas dans plusieurs pays avancés. Loin de là. Le nouveau Dahir les maintient à l'écart des organisations politiques et syndicales. «Il est interdit aux fonctionnaires de la DGSN d'adhérer aux partis politiques et aux syndicats», précise, en substance, le texte. Le Dahir vient officialiser une pratique, naguère soumis au pouvoir d'appréciation du directeur de la DGSN, la possibilité d'intégrer dans les rangs de la police les ayants-droit d'un policier décédé dans l'exercice de son devoir. La mesure, régie par l'article 9 du Dahir, se limite toutefois à 5% du nombre des postes budgétaires créés dans le cadre de la loi de Finances. Un geste royal envers tous les «Mohamed Zendiba», inspecteur de police mort lors d'une explosion terroriste en avril 2007 à Hay El Farah à Casablanca. Et ce n'est pas le seul «geste» que contient ce nouveau statut des fonctionnaires de la Sûreté nationale. L'article 7 dispose que les fonctionnaires de la Sûreté nationale bénéficient de la protection de l'Etat contre d'éventuelles menaces, agression, humiliations, insultes et injures. L'on se rappelle tous, cet incident survenu à Rabat lorsque la fille d'un ancien ministre de Hassan II a failli écraser un agent de la circulation. Cette femme policière qui ne faisait que son travail en tentant de verbaliser la fille du ministre suite à une infraction au Code de la route. Des années plus tard, en septembre 2008, c'est au tour d'un agent de circulation (Tarik Mouhib) d'essuyer lui, sur la corniche de Casablanca, le tir d'arme à feu d'une personnalité influente, non contente d'être verbalisée. Le moteur de recherche «Google» n'a jamais été aussi sollicité pour éclairer les Marocains sur les symptômes et les caractéristique d'une maladie nommée «Korsakoff». Fonction : enquêteur scientifique Le crime crapuleux qu'a connu la ville de Tanger récemment l'aura montré : la police scientifique s'est montrée indispensable et surtout efficace. Le cas du triple meurtre du quartier de Branes a été résolu en un temps record. Et dans cet élan de doter la police de limiers à l'esprit très cartésien, un cadre spécial a été concocté pour eux : «les enquêteurs scientifiques». Ces derniers se répartissant en enquêteurs scientifiques et enquêteurs scientifiques supérieurs, soumis aux dispositions applicables aux administrateurs et administrateurs principaux. Ils sont recrutés par sélection parmi les titulaires d'un master, d'un master spécialisé dans les domaines scientifiques, en criminologie ou parmi les titulaires d'un diplôme équivalent. Et ce n'est pas tout. La DGSN a également décidé de relever les compétences scientifiques de ses agents. Il faut désormais faire preuve de solides connaissances scientifiques pour se présenter au concours des gardiens de la paix, des inspecteurs de police et des commissaires de police. Pour ce dernier poste, il faut désormais produire un diplôme de cycle de formation en gestion administrative de l'Ecole nationale d'administration ou une licence en sciences juridiques ou économiques.