Catherine Ashton et moi-même avons entrepris de réviser la politique européenne de voisinage (PEV) l'année dernière, afin de mettre nos relations avec nos plus proches voisins au premier plan de la politique étrangère de l'UE. Les événements qui surviennent à nos frontières ont une incidence considérable sur la pérennité de notre prospérité et de notre sécurité. La communication sur la révision de la politique européenne de voisinage, adoptée le 25 mai, définit les principales priorités d'une stratégie PEV redynamisée. Cette révision a été entreprise après une consultation étroite de l'ensemble de nos partenaires situés à l'Est et au Sud de nos frontières, ainsi que des 27 Etats membres de l'UE. Nous avons également consulté les parlements, des représentants de la société civile, des groupes de réflexion et diverses parties intéressées. Nous avons tenu compte de leur précieuse contribution tout au long du processus. Cette vaste consultation renforce le sentiment d'être partie prenante à une initiative commune. La communication s'inspire du « partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée », adopté en mars 2011, qui expose les mesures que nous avons prises en urgence face aux événements survenus chez nos voisins du sud. Elle contient des propositions concrètes quant à l'impulsion qu'il conviendra de donner au partenariat, notamment sur le plan financier. Elle s'intéresse également à nos frontières de l'Est. Il est nécessaire de poursuivre le renforcement du partenariat oriental, qui a contribué à la consolidation d'un processus de transition démocratique difficile. Les accords d'association, qui permettent à nos partenaires d'atteindre un niveau de convergence sans précédent avec la législation de l'UE, constituent la pierre angulaire de ce processus. Nous devons les accompagner dans cette voie, qui repose sur une identité européenne et des valeurs communes, et mettre en place les conditions nécessaires à la réussite du deuxième sommet du partenariat oriental, qui se déroulera à Varsovie au mois de septembre. Nos voisins évoluent à un rythme rapide, ce qui nous contraint à modifier et à adapter nos politiques. Ils ont toutefois un souhait commun : les citoyens des pays situés dans notre voisinage exigent la démocratie, la dignité, le développement social et une prospérité partagée équitablement entre tous. La nouvelle approche sur laquelle repose la PEV s'articule autour de quatre éléments. Dire que les voisins de l'UE sont tous très différents les uns des autres et que l'UE doit adapter son action en conséquence est d'une banalité affligeante, mais que cela signifie-t-il concrètement ? À mon sens, il faut avant tout que l'espace de sécurité et de prospérité que nous souhaitons étendre à notre voisinage repose sur des valeurs démocratiques, l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme. Nous sommes prêts à aller plus loin et plus vite avec nos partenaires qui choisissent la voie des réformes, fondées sur les valeurs universelles qui nous sont chères. Nous exploiterons tout l'éventail d'instruments dont dispose l'UE pour les aider et les encourager, notamment l'augmentation de l'aide financière que nous leur accordons, un meilleur accès aux marchés et une intégration économique progressive au marché intérieur, une plus grande mobilité des citoyens, en particulier grâce au partenariat pour la mobilité ou la participation aux travaux de certaines agences de l'Union, et à certains programmes de l'UE. C'est ce que j'appellerais l'approche « more for more », selon laquelle les pays allant plus loin et plus vite dans leurs réponses pourront compter sur un soutien plus important de la part de l'UE. Dans le passé, nous avons trop souvent privilégié les relations avec le pouvoir en place à la coopération avec la société civile. Nous devons rétablir l'équilibre. Les organisations non gouvernementales jouent un rôle essentiel dans le soutien des réformes démocratiques et axées sur le marché, et une société civile dynamique constitue une barrière contre l'autoritarisme et peut rendre un gouvernement comptable de ses actes. Nous proposons de soutenir plus efficacement le développement de la société civile. Nous proposons de mettre en place un dispositif de soutien à la société civile, qui aidera les organisations de la société civile à accroître leurs capacités de sensibilisation et à renforcer leur faculté à suivre les réformes. Nous souhaitons en outre développer les liens entre les populations. Nous proposons d'augmenter les ressources affectées au développement des échanges d'étudiants, et de prendre des mesures pour permettre aux personnes de traverser légalement des frontières de l'UE, tout en préservant la sécurité de nos citoyens. Grâce à l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la coopération politique entre l'UE et ses voisins immédiats peut passer à la vitesse supérieure dans un certain nombre de domaines. Cela signifie qu'il faudra s'attaquer aux problèmes globaux qui concernent aussi bien l'UE que ses voisins, à savoir la sécurité énergétique, le changement climatique, la lutte contre le terrorisme international et la non prolifération. Il faudra aussi aborder les questions de sécurité qui préoccupent tout particulièrement nos voisins, par exemple définir de quelle manière nous pouvons contribuer à résoudre les conflits de longue durée. Le traité de Lisbonne permet d'utiliser tous les instruments de l'UE, tant civils que militaires, de façon plus coordonnée et plus efficace. Pour intensifier encore les relations que nous entretenons avec nos voisins, les responsables politiques devront consacrer suffisamment de temps et d'attention, conjointement avec leurs homologues des pays voisins, à la définition d'une vision politique commune forte. Il est nécessaire d'instaurer un dialogue approfondi à haut niveau, non seulement sur des questions de politique générale, mais aussi dans tous les domaines spécifiques dans lesquels nous coopérons. Une stratégie plus ambitieuse requiert des moyens accrus. La communication propose d'allouer, entre 2011 et 2013, 1,24 milliard d'euros, sous forme d'aide non remboursable, pour financer toutes les initiatives proposées. Cette somme viendrait s'ajouter aux 5,7 milliards d'euros déjà affectés à la politique de voisinage pour la période 2011-2013. Les défis auxquels nos voisins doivent faire face sont considérables et l'adoption tardive de mesures trop modestes aurait des conséquences désastreuses. Nous devons être en mesure de relever ces défis, pour la génération actuelle et les générations à venir, tant dans l'UE que dans les pays voisins. Štefan Füle, Commissaire européen en charge de l'élargissement et de la politique européenne de voisinage