Le Réseau marocain d'économie sociale et solidaire (REMESS) a mis en exergue, mardi dernier à Rabat, les raisons qui font de la réhabilitation du secteur informel une source de progrès pour le Maroc. L'économie sociale et solidaire peut être considérée comme le ciment qui colmate les brèches laissées par les économies publique et privée. Le Réseau marocain d'économie sociale et solidaire (REMESS) a mis en relief, mardi dernier à Rabat, l'importance du secteur informel qui participe fortement à la course vers le progrès engagée par le Maroc. Les parias du monde du travail « classique » ne devraient plus être considérés comme les laissés-pour-compte d'un système fermé. Pour Abdeljalil Cherkaoui, président du REMESS, « l'économie sociale et solidaire vient proposer des alternatives pour capter et cibler les personnes en situation difficile, et pour leur donner la chance de venir à bout de leurs projets ». S'inspirant de l'expérience internationale réussie dans ce domaine, notamment au Brésil, plus de 300 associés se sont réunies dans ledit Réseau. Depuis le début de l'année, et dans le cadre du projet SANAD, ils proposent des sessions de formation sur le plaidoyer aux petits producteurs des villes de Salé, Oujda et Missour (région de Fès-Boulemane). Objectif, attirer les décideurs à ces réunions, et leur faire part des besoins de cette population. Le besoin en formations sur le plaidoyer émane de ces catégories de personnes, qui ont émis le souhait, lors de la tournée effectuée par le Réseau, de voir leurs droits économiques et sociaux reconnus. « En général, ceux qui ont besoin de l'économie solidaire ont rencontré des difficultés d'insertion », précise Abdeljalil Cherkaoui. Ces petits producteurs vivent en effet sous l'emprise de détenteurs de gros capitaux qui se taillent la part du lion des marchés de ces régions. Le REMESS est ainsi à l'origine d'une vague de vulgarisation et de sensibilisation visant à lever le voile sur les autres alternatives. « A chaque fois que quelqu'un passe sous le filet de sécurité, il faut lui accorder un traitement spécial, approprié, qui tienne compte de ses faiblesses», conseille Abdeljalil Cherkaoui. Et pour y parvenir, il faut aller chercher ces personnes là où elles sont, et ne pas rester cloîtrés uniquement dans les grandes villes. « L'économie sociale doit opter pour la proximité et ne pas être centralisée à Rabat ». Chaque localité doit donc avoir sa compétence propre pour réussir le plaidoyer de manière permanente. Selon le Haut Commissariat au Plan, 40.000 unités de production informelle sont créées chaque année. Elles attirent des personnes peu formées, leur permettant de travailler dans les secteurs de l'artisanat, le BTP, et le textile, les trois plus grands pôles d'attraction. Et si l'informel n'existait pas ? Mieux vaut ne pas l'imaginer. Mais si sa présence est indispensable, il n'en demeure pas moins qu'il « faut l'inscrire dans un processus d'organisation, afin qu'elle puisse véritablement avancer dans le bon sens ». Selon Abdeljalil Cherkaoui, le changement commence par de petits gestes à l'attention de ces travailleurs de l'ombre. « Il faut commencer par des choses simples, que nous pouvons appliquer dès demain, avant d'attendre l'application de lois ». Selma T. Bennani