Un lobby politique s'est constitué pour apporter une aide plus active au Mouvement du 20 février. Une trentaine de membres, partis politiques, syndicats et célèbres personnalités y adhèrent. «Nous aurions voulu que la Commission de Mennouni organise des consultations élargies pour ouvrir un dialogue national autour de la révision de la Constitution. Mais nous constatons que cette commission ne dirige pas sa trajectoire vers le consensus ». Fouad Abdelmoumni, l'économiste et militant des droits de l'Homme, ne mâche pas ses mots en prenant la parole à l'occasion d'une conférence de presse organisée hier à Rabat. Tenue à l'issue du symposium national « Pour une monarchie parlementaire, maintenant ! » du 29 mai, cette rencontre a réuni des militants de divers horizons politiques, syndicaux et associatifs, sans oublier des personnalités du calibre d'Abdellatif Laâbi autour d'un but commun : soutenir le Mouvement du 20 fevrier. « Nous ne voulons pas nous contenter de dénoncer ou de soutenir verbalement ces jeunes, nous nous sommes ligués pour réagir politiquement et leur apporter une force convaincue que la monarchie parlementaire est la meilleure alternative pour le Maroc », affirme Mustapha Chafiai, membre du Parti socialiste unifié (PSU). Cette force, les initiateurs du symposium national lui ont donné une forme et un programme. « Nos travaux ont abouti à l'approbation d'une déclaration constitutionnelle et politique dont le slogan restera toujours cette revendication : « Pour une monarchie parlementaire, maintenant ! », annonce ce membre du PSU. « L'intérêt de cette déclaration vise essentiellement à éclairer l'opinion publique et la communauté internationale sur nos revendications, légitimant l'urgence d'une monarchie parlementaire », précise Youssef Boucetta, membre du Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS). Ces revendications insistent, entre autres, sur la nécessité d'octroyer le pouvoir entièrement au peuple, d'organiser des élections libres et transparentes, à chaque projet de loi soumis au Parlement, et de lever toute la sacralité qui entoure le domaine politique et celui des décisions. Et, parce que l'union fait la force, ces militants ont constitué une coalition nationale, rassemblant toutes les bonnes volontés qui voudraient les rallier. « Nous avons adressé des invitations à plusieurs acteurs de différents domaines pour y adhérer. Nous établirons ensemble les démarches et l'agenda de la coalition lors d'une première réunion prévue samedi prochain à Rabat », annonce Youssef Boucetta. En attendant, les préparatifs sont en cours pour que cette coalition devienne un réel lobby politique du Mouvement du 20 février. En attendant, ces militants espèrent que la commission de Mennouni prendra en compte leurs propositions. « Nous n'avons rien déposé auprès de la Commission, mais nous estimons qu'elle est concernée indirectement par notre mouvement, elle est même obligée de le prendre en considération. Si ce n'est pas le cas, alors les rumeurs sur son unilatéralisme seront fondées », soutient ce membre du PADS. Que l'aboutissement de la Commission de révision de la Constitution ne réponde pas aux attentes est un risque à prendre. « Nous ne représentons pas un mouvement sporadique qui va s'évaporer le jour où la nouvelle constitution sera dévoilée. Nous continuerons à nous battre pour l'instauration de la monarchie parlementaire », prévient Mustapha Chafiai. L'appui politique au Mouvement du 20 février ne fait que commencer et ses initiateurs sont conscients que le plus gros reste à faire. « Nous n'aurions certainement pas bougé si nous n'avions pas un optimisme fort et profond que le Maroc est au seuil de la démocratie. Nous avons l'espoir que l'Etat a compris la leçon : les promesses non tenues font désormais partie du passé », souhaite Fouad Abdelmoumni. Un vœu qui risque de s'amenuiser face aux récentes répressions policières d'une rare violence contre les manifestants de marches pacifiques. « Avec une réaction pareille, l'Etat montre simplement qu'il se sent gêné et affaibli par des jeunes aussi convaincus par l'urgence du changement politique. Nous resterons à leurs côtés pour le bien de ce pays », assure Mustapha Chafiai.