Le Mouvement pour une Constitution démocratique a réuni, mardi soir à Rabat, politologues et militants. L'initiative avait pour but d'évaluer les mémorandums remis par les partis à la Commission de révision de la Constitution. Dans la Constitution, c'est l'article 19 qui a le plus suscité l'intérêt des partis dans leurs mémorandums. « Ces dysfonctionnements qui ont entaché les mémorandums montrent que les partis politiques ne maîtrisent pas encore la méthode même de construire ce genre de texte. Ils manquent d'expertise », estime le politologue et chercheur universitaire Nadir El Moumni. Pour lui, les mémorandums contiennent plutôt des revendications et pas des projets bien ficelés. Dans la Constitution, l'article 19 a le plus suscité l'intérêt des partis dans leurs mémorandums. « On propose une réforme de cet article pour la révision des fonctions attribuées au souverain, sur la base d'une monarchie parlementaire qui fait l'unanimité auprès des partis », remarque Nadir El Moumni. Et de soulever que la différence entre l'ensemble des tendances politiques demeure la mise en place de cette monarchie parlementaire. «Certains veulent lui apporter une formulation identitaire marocaine, la mettre en place graduellement, alors que d'autres estiment qu'il faut l'appliquer en tant que concept international sans attendre », explique ce politologue. «L'article 19 de la Constitution a, au fil des années, dévié de son sens authentique pour devenir uniquement un exercice politique au quotidien », constate cet autre politologue et chercheur universitaire, Ahmed Bouz. L'article 19 a servi, selon lui, à combler toute les lacunes constatées dans tous les domaines : le législatif, l'environnement, les droits de l'Homme, l'audiovisuel… « Les partis politiques s'y sont toujours opposés implicitement parfois. Ils voudraient que le roi réduise ses fonctions en renonçant à quelques unes », souligne Ahmed Bouz, avant de comparer les tendances sur cette question. « En fait, il y a quatre sortes de mémorandums. Les partis relevant de l'administration, UC et MP qui veulent le maintien de l'article 19, alors qu'une deuxième approche, celle du PI, veut l'accompagner d'autres articles octroyant au Parlement le rôle du législateur. L'USFP, le PJD, le PAM, le PSU et d'autres proposent quant à eux ce maintien, à condition de le partager entre la fonction de commandeur des croyants et celle de chef de l'Etat », explique ce politologue. Il ne reste plus que la dernière approche des mémorandums, celle de l'OADP qui, lui, revendique l'abolition pure et simple de l'article 19. « Mais cela posera d'énormes problèmes puisque le chef de l'Etat n'aura plus de statut », prévient ce spécialiste.