Véritable bête de scène, Joe Cocker, du haut de ses quarante ans de carrière, s'apprête, ce soir, à subjuguer le public de Mawazine. Entamée à Dubaï le 22 mai, sa tournée passe par chez nous, avant de se poursuivre en Europe. Portrait d'un crooner qui donne toujours de la voix. A 66 ans, le légendaire chanteur anglais de You Can Leave Your Hat On, le sulfureux tube du cultissime Neuf semaines et demi, réinvestit la scène musicale internationale avec son 21e album Hard Knocks, sorti en 2010. Un opus de dix chansons, qui sacre une fois de plus la puissance de sa voix aux sonorités blues-rock, qu'il défend en 2010 lors d'une tournée européenne à succès. Masterisé par le talentueux Bob Ludwing et réalisé en collaboration avec plusieurs artistes dont Marc Broussard, Nick Lachey et la chanteuse de country Stéphanie Bentley, Hard Knocks réunit des chansons fraîches, teintées de pop, se démarquant des reprises qui ont longtemps estampillé son parcours musical. Icône de la musique blues et soul depuis les années 60, Joe Cocker se fait connaître avec des reprises des grands classiques de rythm n'blues. Il fait surtout une entrée spectaculaire dans l'histoire du rock par la grande porte de Woodstock en 1969. Grâce à son interprétation galvanisante de la reprise des Beatles, With A Little Help From My Friends lors de ce concert mythique, il se propulse rapidement au sommet des classements aux Etats-Unis. Un titre qu'il reprend dans son premier album éponyme, sur lequel on retrouve le guitariste Jimmy Page de Led Zeppelin. Sa voix rocailleuse aux inflexions blues devient sa marque déposée. Primé à maintes reprises, il accumule les Grammies, Golden Globes et autres Academy Awards et signe des albums vendus à millions d'exemplaires. Après l'immense succès de Mad Dogs and the Englishman et I Can Stand a Little Rain, entre les années 70 et 80, la carrière de Joe Cocker connaît un revers. Sous l'effet des drogues, l'artiste dégringole et est contraint de suivre une cure de désintoxication. Au meilleur de sa forme Opérant un come-back avec l'électrisant Sheffield Steel, il retrouve vite son aura d'antan. En 1987, l'album Unchain my Heart le relance à l'étranger. Suivent Have a Little Faith en 1994 et Organic en 1996, qui témoignent d'une voix définitivement retrouvée. En 2002, le chanteur présente Respect Yourself et deux ans plus tard, Heart and Soul, un disque de reprises, dont Jealous Guy, I put a Spell on You, Every Kind of People (Robert Palmer) ou encore What's Goin'on (Marvin Gaye). Au fil des années, le chanteur explore différents répertoires, mais il persiste à conserver sa signature de bluesman. « J'ai le R&B dans l'âme, et même si les gens me poussent à explorer d'autres registres, je reste la plupart du temps fidèle à la soul », dévoile-t-il. Quels tubes chantera-t-il ce soir à Mawazine ? Dans une interview accordée au quotidien émirati The National au début de sa tournée, il révèle qu'il chantera « deux ou trois chansons de (son) nouvel album Hard Knocks et (interprètera) comme toujours Unchain My Heart, You Can Leave Your Hat On et You Are So Beautiful, des chansons qui ont su tenir tête au passage du temps ». « Il y aura quelques additions par-ci et par-là mais j'ai toujours fini avec With a Little Help From My Friends » conclue le crooner. Rendez-vous avec un talent apparemment immuable, qui promet de faire swinger l'auditoire des Rythmes du Monde. Paola Frangieh