Au bout de deux journées d'écoute, d'échanges et de partage, les marocaines des Amériques, réunies à l'initiative du CCME, ont proposé des recommandations visant à gommer les imperfections de leur situation de migrantes, et à mettre en avant leurs compétences souvent mal exploitées. Au bout de deux journées d'écoute, d'échanges et de partage, les marocaines des Amériques, réunies à l'initiative du CCME, ont proposé des recommandations visant à gommer les imperfections de leur situation de migrantes, et à mettre en avant leurs compétences souvent mal exploitées. Dimanche après-midi, ceux qui ont eu le loisir de se balader le long de la Rue Sherbrooke de Montréal ne s'attendaient certainement pas à être arrachés de leur nonchalance de passants, par un hymne national marocain chanté en cœur. C'est de cette manière que les participants à la rencontre des marocaines des Amériques, organisée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), les 14 et 15 mai dans la métropole québécoise, ont décidé spontanément de clore ces fructueuses journées. Journées de partage et d'écoute, durant lesquelles une humeur bon enfant s'est mêlée à un sens du sérieux inébranlable chez ces marocaines en provenance des quatre coins du continent. La description faite de ces femmes par Souriya Otmani, consule générale du Maroc à Montréal, l'illustre bien. «Le Maroc peut être fier de beaucoup de ses ambassadrices outre Atlantique. Ces femmes qui s'installent en Amérique constituent un immense potentiel, tant pour le pays d'accueil que pour le pays d'origine». Et du potentiel, elles en ont à revendre. Qu'elles soient avocates, conseillères en développement communautaire, présidentes d'associations, ou encore universitaires, les marocaines des Amériques, polyglottes pour la plupart, multiplient les apprentissages. Des compétences, elles en possèdent, et ont encore du souffle pour en acquérir de nouvelles. Même si parfois, elles sont freinées dans leur élan ambitieux par des préjugés discriminatoires, conscients et inconscients, et dont elles subissent les répercussions, en particulier dans le monde du travail. Et ce, même dans des pays comme le Canada ou les Etats-Unis, connus pour leur liberté et l'égalité des chances qu'ils vantent. « Au Québec, même les diplômées sont victimes de discrimination et ne perçoivent que 74 % du salaire des hommes », souligne Souad Bounakhla, de l'association des femmes entrepreneurs marocaines au Canada. « Bien des préjugés et des malentendus peuvent tomber quand le migrant évite de se retrancher dans sa solitude et dans son bunker culturel ». Souriya Otmani, consule générale du Maroc à Montréal. Autre réalité soulevée à maintes reprises lors de la manifestation montréalaise, celle de la surqualification des migrantes des Amériques, qui en arrivent souvent à occuper des postes qui ne correspondent pas à leur qualification. Cette répartition inégalitaire dans l'espace de travail, tire son origine de causes implicites et d'autres plus explicites. Souad Talsi, membre du groupe de travail « approche genre et nouvelles générations », cite notamment le problème de la « non reconnaissance des diplômes marocains». Ajouté à cela, certains pays vont jusqu'à serrer les boulons de leurs exigences. Souad Bounakhla expose dans ce sens, que « pour s'insérer dans le monde du travail québécois, il faut avoir une expérience québécoise ». Pour l'acquérir, les femmes migrantes doivent selon elle, être prêtes à tout, même à passer par la case « bénévolat ». En somme, chaque pays d'accueil a ses règles et exigences, aux migrantes de s'y plier. Nager à contre-courant ne les mènera à rien. Ainsi, face à ces discriminations pas toujours apparentes, une solution est apportée par les participantes : ne pas se renfermer sur soi et persévérer malgré les obstacles qui s'élèvent face à elles. Qu'elles soient avocates, conseillères en développement communautaire, présidentes d'associations, ou encore universitaires, les marocaines des Amériques, polyglottes pour la plupart, multiplient les apprentissages. « Il faut sortir du cercle pernicieux de la victimisation et de la complainte, de son isolement, de son enfermement et du communautarisme à outrance », conseille Souriya Otmani. Cela ne veut pas dire qu'il faut abandonner sa culture et ses traditions pour autant. « Bien des préjugés, malentendus et incorrections peuvent tomber, quand le migrant évite de se retrancher dans sa solitude et dans son bunker culturel ». Au final, la recette de la réussite d'une bonne insertion dans le pays d'accueil est de trouver le juste milieu, entre un maintien de l'identité et l'acceptation des exigences du pays où l'on a décidé de passer quelques temps, ou le restant de sa vie.