Malgré les violents affrontements qui opposent les soldats pro-Ouattara à ceux de Laurent Gbagbo à Abidjan ces derniers jours, la capitale économique semble retrouver le chemin de la normalité. Pour la première fois depuis que la bataille d'Abidjan a commencé, le président reconnu par la communauté internationale, s'est adressé à ses compatriotes dans un discours diffusé le 7 avril sur TCI, la télévision pro-Ouattara. Dans son discours, il a plaidé pour la levée des sanctions prises par l'Union européenne (UE) à l'encontre de son pays depuis le début de la crise post-électorale. Il a également appelé ses compatriotes à la réconciliation nationale, une étape cruciale dans la reconstruction du pays. Les agences de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pourront désormais rouvrir leurs portes, fermées depuis quelques mois pour cause d'insécurité. Levée des sanctions Ces mesures visent à redonner espoir aux Ivoiriens. Le camp Ouattara appelle également la France et l'ONU à fortement s'impliquer dans cette «nouvelle ère» que va amorcer la Côte d'Ivoire. Selon le gouvernement Ouattara, l'Onuci (la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire) doit agir de connivence avec les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), pour assurer la sécurité des biens et des personnes. Le président élu a également promis que les auteurs des exactions commises dans l'ouest du pays, seront jugés après une enquête en collaboration avec les instances internationale de justice et des ONG. Aussitôt, l'UE a décidé de lever une grande partie des sanctions, notamment sur les ports de San Pedro et d'Abidjan et concernant la filière cacao. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE se réuniront mardi pour prendre de nouvelles décisions par rapport à l'allégement de toutes les sanctions visant la Côte d'Ivoire. Toutefois, celles concernant Laurent Gbagbo et ses proches ne figurent pas dans l'ordre du jour. De son côté,la France semble avoir tourné la page Gbagbo. «Après la chute de Laurent Gbagbo qui interviendra inéluctablement, il faudra appuyer la politique de pardon, de réconciliation nationale et d'ouverture politique que devra conduire le président Ouattara», a déclaré Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères le 7 avril au Sénat. Paris s'engage donc à soutenir tous les efforts du gouvernement Ouattara. «Nous sommes déjà en train de travailler sur l'effort qu'il faudra faire pour aider Alassane Ouattara dans ce processus de réconciliation politique et de reconstruction économique», a également souligné le chef de la diplomatie française devant les sénateurs. Mais aux antipodes de cette nouvelle page, Laurent Gbagbo et ses soldats ne comptent pas lâcher prise! L'Hôtel du Golf attaqué Les pro-Gbagbo ont attaqué samedi après-midi l'Hôtel du Golf, le quartier général d'Alassane Ouattara et de son gouvernement. Des tirs de roquettes et de mitrailleuses ont visé les locaux de l'hôtel où est retranché le camp Ouattara depuis le début de la crise et tout le personnel s'est réfugié au sous-sol. Les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) à la solde d'Alassane Ouattara et les soldats de l'Onuci ont riposté. Les échanges de tirs ont duré une heure avant que le calme ne revienne autour de l'Hôtel du Golf. L'Onuci a attribué cette attaque aux soldats pro-Gbagbo qui contrôlent désormais les quartiers de Cocody et du Plateau, où se trouvent respectivement la résidence du président sortant et le palais présidentiel. Ouattara a d'ailleurs annoncé un blocus sur la résidence de Gbagbo suite à l'échec de l'assaut final de ses soldats la semaine dernière. Cependant, le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello a démenti l'attaque du 9 avril, visant le quartier général d'Alassane Ouattara. Selon lui, cette attaque est «imaginaire». Par ailleurs, l'ONG américaine Human Right Watch (HTW), dans un communiqué publié le 9 avril à New York, rapporte que les hommes d'Alassane Ouattara ont commis des meurtres, des pillages et des viols massifs dans l'ouest de la Côte d'Ivoire en mars dernier. Les forces pro-Gbagbo ne sont pas en reste puisque HRW témoigne de massacres d'une centaine de personnes le 28 mars à Bloléquin, par les forces pro-Gbagbo. Navy Pillay, haut commissaire aux droits de l'Homme a déclaré que Gbagbo, comme Ouattara, pourraient être tenus responsables de ces crimes.