L'accord agricole Maroc-Union européenne est appelé à connaître de nouveaux reports. Au Parlement européen, les composantes hostiles à l'élargissement de ce traité au Sahara, viennent de blinder davantage leurs positions. Les euro-députés ont traversé l'Atlantique à la quête de preuves juridiques leur permettant d'étayer leur demande d'exclure le Sahara, notamment par une lettre de Robert Zoellick adressée, en été 2004, à un député américain. A l'époque, l'actuel président de la Banque mondiale occupait le poste de secrétaire d'Etat adjoint au Commerce au sein de l'administration Clinton. A ce titre, il chapeautait les négociations devant aboutir, deux années plus tard, à la conclusion de l'accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis. En réponse à une lettre datant de juillet 2004 du député républicain de Pennsylvanie, Joseph R. Pitts, fervent défenseur des thèses du Polisario, Robert Zoellick avait commencé par annoncer que la position de l'administration Clinton sur le Sahara occidental était claire : « La souveraineté sur le Sahara occidental est objet de conflit. Les Etats-Unis soutiennent complètement les efforts des Nations Unies cherchant à aboutir à une solution à ce problème. Les Etats-Unis et plusieurs pays ne reconnaissent pas la souverainté du Maroc sur le Sahara occidental. Ils ont incité, à plusieurs reprises, les parties à œuvrer, avec les Nations-Unies, pour une solution pacifique à ce conflit ». Et d'ajouter que l'Accord de libre-échange « concerne le commerce et l'investissement sur le territoire marocain tel qu'il est reconnu internationalement et n'inclut pas le Sahara Occidental ». Une certaine presse espagnole se délecte d'ailleurs de la publication de cette lettre officielle. Les euro-députés proches des thèses du Polisario souhaitent faire de ce document un cas de jurisprudence, appuyant leurs demandes d'exclure le Sahara du champ du futur accord agricole dont la ratification, par le Parlement européen, subit encore la loi du report. Y a-t-il péril en la demeure ? Certes, la lettre de Robert Zoellick, actuellement président de la Banque mondiale, ne constitue pas une nouveauté, la presse marocaine l'ayant, en son temps, commentée de long en large. Seulement, voilà : « l'actualisation » de ce document tombe au mauvais moment pour la diplomatie officielle appelée à mener une course contre la montre sur deux fronts : d'une part, convaincre les euro-députés, aux positions modérées sur le Sahara, de voter l'accord agricole et, pourquoi pas, rallier d'autres à la cause du Maroc ; d'autre part, faire le tour des délégations des pays membres du Conseil de sécurité pour éviter un élargissement des prérogatives de la Minurso aux droits de l'Homme. La résolution, en novembre dernier, du Parlement européen pourrait faire des émules au siège du Conseil de sécurité. Strasbourg et New York sont deux villes hautement prioritaires pour Rabat : la première s'est avérée être une forteresse résistant aux assauts de la diplomatie marocaine, tant officielle que parlementaire ; alors qu'avec la seconde, le royaume peine encore à imposer sa vision sur le Sahara… sans le soutien de la France ! Impacts de l'accord En février dernier, les services juridiques du Parlement européen avaient invité la Commission européenne à apporter des éclaircissements sur l'impact de l'élargissement de l'accord agricole sur la population du Sahara. Une position qui fait suite à des questions formulées par des euro-députés, notamment les Verts, sur la validité juridique de l'inclusion du Sahara dans les clauses de la nouvelle mouture de l'accord agricole entre l'Union européenne et le royaume ; une proposition qui sera, enfin, prochainement examinée par le Parlement européen dont l'approbation est nécessaire pour l'entrée en vigueur de ce nouvel accord.