Le retour d'Atlas Blue dans le giron de RAM s'est effectué progressivement. Le management de RAM a voulu laisser le meilleur pour la fin. A un timing pareil, mal lui en a pris. L'information relative à l'unification des flottes RAM et Atlas Blue désarçonne, et pour cause, Atlas Blue appartient au groupe RAM et ses machines sont aux couleurs du transporteur national marocain depuis 2009. Si on se fie au communiqué diffusé par RAM, « Cette opération est un acte de bonne gouvernance. Elle s'inscrit dans le cadre de la consolidation et de la mutualisation des ressources du Groupe avec l'harmonisation et la recherche de synergie entre les deux entités». C'est bien simple, tout cela existe déjà sur le terrain, à une exception près. Cette «unification» fera basculer l'ensemble du personnel d'Atlas Blue, notamment le personnel navigant commercial (PNC), vers AMS (Atlas Morocco services). Une filiale du groupe qui applique une politique de rémunération low cost, que ce soit pour le personnel navigant commercial que le personnel au sol. C'est la raison principale du niet du PNC d'Atlas Blue. Pour ces derniers, passer d'une compagnie aérienne à un prestataire de services est inacceptable. Ce n'est pas la première fois que RAM effectue ce genre de transfert. Une première opération a concerné le personnel au sol de la compagnie et une partie du PNC de Royal Air Maroc dans l'indifférence générale. C'est sûrement le timing de ce transfert qui s'opère dans le contexte qu'on connaît : à donner des idées à certains. Du coup, on a vu des ONG et des parlementaires se mobiliser pour 200 employés d'Atlas Blue. Où étaient ces fervents défenseurs des droits des travailleurs lorsque, pendant six mois, les mécaniciens de la RAM, qui étaient quelque 800 techniciens, ont fait grève en 2006 ? L'issue de cette grève a donné lieu, à l'époque, à une centaine de mises au chômage technique avec possibilité pour ceux-là d'effectuer un départ négocié. Jokers hier, grévistes aujourd'hui Les grévistes «malgré eux» d'Atlas Blue, qui appellent aujourd'hui à ce qu'on se mobilise pour leur cause, étaient considérés par l'Ex-PDG de RAM, Mohammed Berrada, puis ensuite par l'actuel PDG, Driss Benhima, comme le joker qu'il brandissait à chaque fois que les personnels navigant, technique et commercial de la RAM entraient en arrêt de travail. De fait, le personnel d'Atlas Blue assurait les vols dégarnis par le personnel navigant commercial à chaque fois que ces derniers voulaient faire valoir leurs revendications. C'est donc un retour de manivelle qu'on voit là. Tout le personnel de la RAM se désolidarise de cette grève pour les raisons citées plus haut. Pour revenir à Atlas Blue, une compagnie low cost qui a été lancée en 2004, a remporté un succès incroyable. Jusqu'en 2008, la compagnie affichait « Full house »pour la quasi-majorité de ces mouvements. Que s'est-il passé pour que cette compagnie soit obligée de rentrer dans le giron de la maison mère ? Plusieurs versions circulent dans le milieu aérien. La plus incongrue, est que la compagnie Atlas Blue a été coulée intentionnellement pour sauver la peau de sa maison mère. On est alors en pleine crise financière. Le management d'Atlas Blue aurait procédé, en 2008, à l'octroi des congés cumulés par le personnel de la compagnie depuis son ouverture en 2004. Les trois quarts du PNC d'Atlas Blue se seraient alors retrouvés en congé. D'un autre côté, il faut considérer qu'un avion ne disposant pas du nombre réglementaire de PNC annule tout simplement son mouvement. Dans cet ordre, beaucoup de vols auraient été annulés en 2008 pendant la période estivale. Ces annulations auraient profité à RAM, qui a providentiellement assuré un remplissage conséquent pour ses appareils en récupérant une partie des passagers d'Atlas Blue. Depuis, personne ne peut confirmer ou infirmer de telles hypothèses. Ce qui est, par contre sûr, c'est que l'ancien management d'Atlas Blue roule aujourd'hui pour le nouvel opérateur de low cost marocain et dont l'éclairage pourrait s'avérer décisif. En attendant, la RAM gère au petit bonheur la chance. La compagnie nationale réduit ses équipages au strict minimum sur ses lignes pour assurer un maximum de vols par Atlas Blue.