Il n'est plus secret pour personne que l'immobilier est l'un des secteurs où les marges de rentabilité sont les élevées. D'autant que les promoteurs immobiliers se taillent le gros morceau des incitations fiscales. «Aberrant ! », pour certains économistes. Le vent des manifestations qui souffle ces temps-ci sur notre pays apporte avec lui des slogans hostiles à la politique de l'Habitat et de l'urbanisme. En ligne de mire, la qualité et la quantité. Un fait : l'accès au logement relève aujourd'hui d'un Maroc de luxe. Et la colère royale due aux efforts insignifiants, pour lutter contre l'habitat précaire est significative à plus d'un titre. Un constat : «il est grand temps que la bulle spéculative cesse de gonfler», comme nous le précise cet expert qui n'a pas souhaité voir son nom cité. Et d'ajouter qu'il est également temps que l'Etat joue pleinement son rôle de régulateur d'un marché non régulé, voire désorganisé. D'ailleurs, c'est là que ces revendications sociales trouvent leur légitimité. D'autant plus qu'il est question de résoudre une situation paradoxale. D'un côté les promoteurs immobiliers se taillent la part du lion des incitations fiscales, avec 8,7% des dépenses fiscales prévues au titre de la loi de Finances 2011, qui s'élèvent à près de 30 milliards de dirhams. De l'autre, il n'est plus un secret pour personne que l'immobilier est l'un des secteurs où les marges de rentabilité sont les plus élevées. Pour le vérifier, il suffit de se référer aux bilans des sociétés immobilières cotées à la Bourse de Casablanca, est-il expliqué. Les bénéfices sont inscrits dans une fourchette allant de 30 à 50%. «C'est aberrant ! ». C'est ainsi que qualifie l'expert cette situation anormale. «Anormale», car le secteur connaît une ruée historique de bon nombre d'entrepreneurs opérant dans d'autres activités économiques, pour ne citer que l'exemple des pharmaciens. Ce qui nuit énormément à la professionnalisation du métier. Déjà à court «d'industrialisation et d'innovation». Ce rush trouve son fondement dans le fait qu'il n' existe pas de conditions, ni sur les performances ni sur les marges, qui devraient être fixées à un niveau minimum. En Allemagne par exemple, les prix de l'immobilier n'ont augmenté que de 6% sur les dix dernières années. C'est comparer l'incomparable ! Les dysfonctionnements que compte ce secteur au Maroc ne sont plus à démontrer. Face à cette situation, l'expert conseille une solution multidimensionnelle (fiscalité, foncier, promotion, réglementation…). Pour ce qui est du volet fiscal, il n'existe pas à ses yeux de véritable fiscalité immobilière. Autrement dit une fiscalité intelligente qui tient compte des marges réalisées. Sur ce chapitre, une réorientation vers l'optimisation des coûts s'impose aujourd'hui plus que jamais. Il est également question de la problématique épineuse de la bureaucratie et les surcoûts administratifs. «D'abord le secteur est soumis à une dérogation et pour y accéder il faut passer par des circuits longs et opaques. Ce qui déroge à la règle». Sans parler de la lourdeur de la réglementation qui devrait être mise à jour. Celle-ci est à l'origine même du désistement des investissements étrangers. L'urbanisme est aussi pointé du doigt notamment à cause de l'absence de toute optimisation d'utilisation des surfaces. L'autre volet concerne l'accumulation des stocks fonciers. Une donne qui ne vas pas sans porter atteinte à la liberté du jeu de l'offre et de la demande, puisqu'il s'agit purement et simplement d'une situation de monopole. L'expert arguant que «la France par exemple n'enregistre pas de telles situations. En gros, ce ne sont là que les ingrédients des surenchères spéculatives et de l'économie de rente». La question qui se pose maintenant est : Comment renverser la vapeur ? De l'avis de cet expert, les prix de l'immobilier ont commencé à emprunter une trajectoire descendante. Avant d'ajouter que cette tendance baissière se maintiendra durant les prochains mois. La cause : les tendances vers le haut standing se sont renversées à la faveur de l'habitat économique et social. Ce vent de «morosité ambiante» forcera les professionnels à baisser leur prix de 5 à 10%.