L'ADFM et l'UNIFEM présentent les résultats d'une étude sociologique et juridique sur l'état de l'intégration de l'approche genre dans la fonction publique. Décryptage. L'administration est un lieu où les gens qui arrivent en retard croisent dans l'escalier ceux qui partent en avance ». Cette citation de Georges Courteline résume bien les préjugés qui planent sur l'administration publique. Pourtant ces dernières années, nous assistons à une révolution terminologique qui tend à changer cette vision. On parle désormais de « gestion des ressources humaines », de « modernisation du secteur public » et de « l'approche genre ». La réalité aurait-elle suivi le sens de ces concepts nouveaux ? C'est pour en avoir le cœur net que l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) ainsi que l'UNIFEM (Fonds des Nations Unies pour la femme) ont lancé une étude juridique et une enquête sociologique sur l'état de l'intégration de l'approche genre dans la fonction publique. Les résultats ont été dévoilés mardi dernier à Casablanca. Discrimination D'après les statistiques présentées par le ministère de la Modernisation des secteurs publics, les femmes représentent 33 % des ressources humaines de l'administration publique, 29,46 % des hauts cadres et seulement 8,53 % des postes de responsabilité. « Le poids numérique des femmes fonctionnaires est important en bas de la hiérarchie», note Houria Alami, auteure de l'étude. Ainsi, si les textes juridiques comme la Constitution ou le Statut général de la fonction publique donnent un accès égal aux différents postes, les faits révèlent eux, une discrimination. «Sur le terrain, la suprématie masculine dans les postes à responsabilité demeure», assure Houria Alami. Résultat, les femmes fonctionnaires, quand elles réussissent à gravir les échelons administratifs, voient leur course freinée par un plafond de verre, au-delà duquel elles ne peuvent plus évoluer. « Les freins émanent non seulement du système qui favorise l'élément masculin dans les administrations, mais aussi des femmes elles-mêmes », précise Houria Alami. Partagées entre leur rôle de fonctionnaire et celui de mère, plusieurs femmes occupant des postes de responsabilité souffrent d'un malaise. Elles culpabilisent de ne pas réussir à gérer leur double statut, souvent difficile à vivre. « Ceci a des conséquences négatives sur l'évolution de carrières de ces femmes. Un travail d'image doit être réalisé », lance Houria Alami. Face à ces discriminations, nombreuses sont celles qui basculent vers la résignation, poursuivant leurs carrières avec pour seul slogan : « On n'a pas le choix ! ». Sévices publics