Des voyagistes européens ont décidé de réorienter tous les flux de touristes à destination de la Tunisie et l'Egypte, vers des pays de soleil et de séjours à petits prix, tels le Maroc, les Canaries, ou la Turquie.Les opérateurs nationaux préfèrent subir et ne pas réagir en conséquence pour concurrencer les autres Nous ne sommes pas des opportunistes, mais nous allons saisir les opportunités qui se présentent». La maxime est du ministre des Finances, Salaheddine Mezouar, questionné lors du Forum de Paris, organisé récemment à Casablanca, sur le comportement du Maroc vis-à-vis de la conjoncture régionale. Comprendre qu'il faut multiplier les signaux en direction de la communauté internationale, pour capter une partie des activités qui désertent, précisons-le, normalement, les espaces économiques des pays voisins traversant actuellement des zones de turbulence. Le Tourisme en est une. Mais les opérateurs nationaux préfèrent faire le mort et ne pas réagir à la décision des voyagistes européens de suspendre les départs de vacanciers vers la Tunisie et l'Egypte, en raison des troubles politiques que connaissent les deux pays. Les voyagistes mettent le cap sur les destinations offrant soleil et séjours à petit prix, tels que le Maroc, les Canaries, la Turquie, l'île Maurice ou encore la République Dominicaine. Plus de 44% des touristes français qui comptaient se rendre en Tunisie en 2011 déclarent vouloir changer de destination, selon un sondage du site Internet de voyages «officiel-des-vacances.com». Le groupe Marmara a déjà annoncé qu'il programmera, dès la semaine prochaine, quatre vols hebdomadaires à destination du Maroc, à raison de deux chacune pour Marrakech et Agadir. En Allemagne, le groupe Tui a décidé d'augmenter de 40.000 places ses capacités de vol vers les Canaries, première destination hivernale des Allemands. Alors que font nos opérateurs de tourisme pour capter une partie de ces flux, en concurrence directe avec les autres destinations offertes actuellement par les tour opérateurs européens? La question a gêné plus d'un. Les opérateurs interrogés ne souhaitent tout simplement pas s'exprimer sur cette situation. «Nous ne pouvons pas réagir par rapport aux malheurs qui frappent nos deux pays voisins et promouvoir actuellement la destination Maroc, à la décision prise par les tour opérateurs de changer leurs programmes pour la Tunisie et l'Egypte», souligne un professionnel du secteur. L'Office national marocain de tourisme indique pour sa part, «qu'il se limite à son plan d'action initial de l'année 2011 pour la promotion de la destination Maroc à l'étranger, établi en mois d'octobre 2010 et qui sera annoncé dans le cadre d'une prochaine conférence de presse». Ses responsables ajoutent que «l'ONMT, en tant qu'institution ne peut préparer des plans d'actions pour profiter des marchés ouverts en raison de la crise que connaissent les deux pays voisins et amis du Maroc». Même son de cloche chez des opérateurs de Marrakech et Agadir, les deux places touristiques phares du pays : «Nous ne pouvons pas réagir directement à l'actuelle situation de la Tunisie et de l'Egypte. Nous préférons nous limiter à assurer le flux normal plutôt que de réorienter les voyagistes vers le Maroc». Des plans d'actions opérationnels sont, par contre, en cours de préparation pour bien accueillir dans l'urgence ce flux exceptionnel pour la période. Marrakech et Agadir devrait atteindre entre 70 et 80% de taux de remplissage d'ici fin avril. Royal Air Maroc s'organise également en conséquence pour multiplier les liaisons vers des pays dont les touristes s'orientaient traditionnellement vers la Tunisie et l'Egypte. Elle a déjà activé son code share avec Etihad sur les dessertes entre Abu Dhabi, Dubaï et Casablanca. D'autres lignes suivront.