Très attendue, l'allocution télévisée de Hosni Moubarak a brisé les espoirs des manifestants : le président égyptien n'entend pas quitter le pouvoir avant la prochaine présidentielle. Analyse du discours. Je ne vous ai pas compris», c'est en somme ce qu'aurait pu dire Hosni Moubarak, au soir de la marche d'un million de personnes. Alors que les manifestants attendaient un discours d'adieu, le président égyptien a annoncé lors de son allocution télévisée qu'il restait au pouvoir jusqu'à la prochaine élection présidentielle, précisant, toutefois, qu'il ne se représenterait pas pour un nouveau mandat. Cette allocution télévisée diffusée mardi soir n'était que la deuxième intervention du président depuis le début des manifestations. «Le syndrome Ben Ali, trop bavard au point de devoir se renier du jour au lendemain, y est certainement pour quelque chose. Pourtant dans des moments pareils, il y a une grande attente en communication. Comme pour le premier discours, les commentateurs jouaient à deviner ce que Moubarak allait dire pour combler un peu le vide laisser par cette «non communication» », analyse Khalil Mgharfaoui, professeur spécialisé en sciences du langage, du Laboratoire d'études et de recherches sur l'interculturel. Mais le discours du président n'a pas répondu aux espoirs et spéculations des manifestants. Moubarak n'a pas fait référence à un départ immédiat, bien au contraire. Une légitimité peu convaincante Pour justifier son maintien au pouvoir, Hosni Moubarak invoque une forme de légitimité historique. «J'ai passé assez de temps à servir l'Egypte et son peuple. (…) Ce pays, j'y ai vécu, j'ai fait la guerre pour lui, et l'histoire me jugera», a-t-il déclaré. «Pour signifier qu'il ne fuira pas comme Ben Ali, il rappelle en quelque mots toute sa vie en disant qu'il avait défendu l'Egypte en temps de guerre comme en tant de paix, qu'il a pris le pouvoir dans des circonstances dramatique (l'assassinat de Sadate) et qu'il mourra dans son pays», relève Khalil Mgharfaoui. De tels propos n'ont pas convaincu les manifestants. Aussitôt après son discours, la contestation est repartie de plus belle. Les milliers de manifestants réunis dans le centre du Caire ont demandé de nouveau à grands cris le départ immédiat de Moubarak. «Dégage ! Dégage ! », ont-ils scandé. De son côté, l'opposition a été claire : le départ de Moubarak est la condition sine qua non à tout dialogue. Malgré les gestes d'ouverture du président, l'opposition campe sur ses positions et annonce une nouvelle grande marche pour le vendredi 4 février. La stabilité comme justification «Je vous parle dans des conditions difficiles qui mettent l'Egypte et son peuple à l'épreuve et qui pourraient l'entraîner vers l'inconnu», a déclaré Hosni Moubarak, estimant que le pays avait le choix entre «le chaos et la stabilité». «Ma première responsabilité maintenant est de ramener la sécurité et la stabilité à la patrie pour assurer la transition pacifique du pouvoir», a-t-il souligné. Au travers de tels propos, le président égyptien agite le spectre du chaos et de l'instabilité pour justifier son maintien au pouvoir. «La rareté des discours du président se traduit aussi par des textes très bien préparés, trop bien même, parce que de toute évidence, les conseillers de Moubarak ne veulent pas prendre de risque. Les mots sont bien pesés et ont une signification lourde. Les discours de Moubarak sont des discours politiques bien ficelés où il s'agit surtout de ne pas donner l'impression de céder à n'importe quel prix p», conclue Mgharfaoui. u