Aux commandes du G20 depuis peu, la France appelle à une régulation plus poussée des marchés des matières premières, pour prévenir les émeutes de faim dans les pays pauvres. La flambée des cours des matières premières au niveau mondial préoccupe désormais les 20 plus grands pays du monde. Aux commandes du G20 depuis peu, la France appelle par la voix de son président, Nicolas Sarkozy, à une meilleure transparence du marché mondial des produits alimentaires de première nécessité, notamment les céréales, afin de prévenir les désordres latents qui peuvent survenir dans les pays pauvres. S'exprimant lors d'une conférence de presse consacrée aux objectifs de la présidence française du G20, le président français Nicolas Sarkozy a appelé les membres du G20 à revoir l'ensemble du fonctionnement des marchés des matières premières. «Il faut améliorer la transparence sur les marchés pour donner de la prévisibilité. Il faut connaître les perspectives de production et de consommation et les stocks», a souligné le président français. Il a également réclamé une régulation des marchés de produits dérivés des matières agricoles, proposé un «code de bonne conduite pour exempter les denrées alimentaires des restrictions d'importations» frappant certains pays et annoncé une réflexion sur les assurances contre les hausses de prix agricoles. Nicolas Sarkozy a proposé de surcroît la création d'une base de données internationale sur les matières premières agricoles afin de «prévenir les crises alimentaires». «Nous risquons des émeutes de la faim dans les pays les plus pauvres et un impact très défavorables sur la croissance mondiale», a-t-il fait valoir. Le timing n'est pas fortuit. La leçon tunisienne capte l'attention du G20 et appelle à un nouveau mode d'emploi au niveau des approvisionnements en matières premières. La ministre française de l'Economie, des finances et de l'industrie avait relayé par la suite le mot d'ordre de l'Elysée pour son actuel mandat à la tête du G20, indiquant que «l'amélioration du fonctionnement des marchés des matières premières constitue une priorité pour la présidence française du G20. Cette question figure en haut de la liste des priorités de la France et représente sa première préoccupation». Maintient des prix à l'achat La préoccupation du G20 par rapport à cette flambée des matières premières fait suite aux craintes qui pèsent sur les économies des pays du Sud, qui n'arrivent toujours pas à assurer leur approvisionnement en matières premières dans des conditions normales. Face à cette flambée de ces produits, notamment des cours des céréales, que les pays du Sud ne peuvent répercuter en interne, ils sont plusieurs à subventionner les prix à l'achat intérieur. La Mauritanie a annoncé jeudi qu'elle abaissait les prix intérieurs des céréales et des produits alimentaires de première nécessité de presque 30%. La Libye, l'Algérie ou encore le Maroc multiplient les importations de blé dans une conjoncture difficile. Ils maintiennent les prix à l'achat en interne grâce aux subventions publiques. Pour maintenir par exemple le prix du quintal de blé tendre aux alentours de 254 DH, la Caisse de compensation débourse jusqu'à 50% du prix mondial.