Hay Sadri, Moulay Rachid. C'est ici, dans ce quartier casablancais, que les dernières intempéries ont provoqué des séquelles indélébiles. Les pluies diluviennes n'ont épargné aucune maison, aucun ménage. Une douleur collective face à laquelle l'élan de générosité ne s'est pas fait attendre. Mardi 28 décembre, c'est au Centre de bienfaisance que la Banque alimentaire a pris rendez-vous avec les représentants des autorités publiques pour ajouter son maillon à la chaîne de solidarité humaine et continuer sa mission entamée au lendemain des inondations. 18h30, le camion de la Banque alimentaire arrive dans la cour du centre. La benne du véhicule transportait 108 colis alimentaires contenant chacun du lait, du sucre, des jus, du fromage, des biscuits, des conserves de sardines, du thé, des sachets de harira, des lentilles, de la confiture… «Nous avons apporté en tout 108 colis d'une valeur de 200 DH chacun pour les offrir aux familles sinistrées. Notre association collecte des dons de plusieurs entreprises que nous répartissons dans nos paniers alimentaires d'une manière équitable afin d'en faire profiter le maximum de victimes», déclare la directrice de la Banque alimentaire du Maroc, Nada Adel. Le président de l'arrondissement, le moqaddem, le cheikh, le caïd et la conseillère municipale étaient tous présents pour assurer le bon déroulement de la distribution. Les 108 familles ont été convoquées par du porte à porte. Elles n'ont pas réussi toutes à faire le déplacement, mais une grande majorité était bien là. Elles résident toutes à la 37ème rue de Hay Sadri, la plus touchée par les intempéries. Des hommes et des femmes qui retrouvent le sourire, soulagés de constater qu'on ne les a pas oubliés. « En fait, c'est la troisième fois que les habitants du quartier reçoivent des dons en denrées alimentaires, fournitures scolaires et couvertures », indique la conseillère municipale, Naïma Choujaâeddine en prenant place devant cette table placée dans la cours du centre à proximité du camion de la Banque alimentaire. Le président de l'arrondissement, Ahmed Bouhlal, jette un coup d'œil sur la liste des bénéficiaires et donne ses dernières consignes. Pas droit à l'erreur : tous les noms et adresses doivent être vérifiés afin de ne priver personne de son colis. «Pour nous, c'est un geste de solidarité très précieux que nous saluons chaleureusement et qui doit surtout bénéficier à ceux qui le méritent», insiste Ahmed Bouhlal en remettant la liste au cheikh. Mais avant de procéder à l'appel des bénéficiaires, on tient, toutefois, à signaler aux présents qu'ils peuvent se substituer aux absents qu'ils connaissent à condition de s'engager à leur remettre le colis en main propre. Et que la distribution commence ! Les ouvriers de la Banque alimentaire sont prêts à décharger le camion en remettant à chaque bénéficiaire son panier alimentaire. Lalla Khaddouj, l'air timide, s'avance pour montrer sa carte nationale et signer. «Venez, venez, prenez votre colis ! » lui lance le moqaddem constatant qu'elle était hésitante. Lalla Khaddouj a été doublement châtiée par le destin. Après le décès de son mari, voilà que le sort s'acharne de nouveau sur elle en noyant sa demeure. « Cela fait une dizaine d'années que j'habite dans ce quartier avec mes trois enfants. C'est la solidarité qui allège nos souffrances et nous donne encore la force d'affronter notre détresse », confie-t-elle, toute émue. Comme elles, ces habitants puisent toute leur force de ce soutien que leurs apportent les autres. Brahim ne fait pas exception. Ce jeune homme qui projette bientôt de fonder sa petite famille a perdu tous ses meubles. Mécanicien de son état, Brahim ne renonce pas à son projet. Ses gains quotidiens, ils les économise précieusement pour fonder sa famille sur des bases solides. Plus de courage, c'est ce que représente, pour lui, l'aide de la Banque alimentaire qui, à l'occasion, a mené un sondage, pour mieux connaître les besoins des familles. Dans leur majorité, les bénéficiaires lui ont confié leur désir de recevoir des matelas. «Nous tenterons de faire notre maximum pour y répondre», répète Nada Adel pour réconforter les bénéficiaires. En attendant, les 60 colis restants aujourd'hui, seront remis demain à leurs bénéficiaires. « Nous irons chez eux pour leur remettre ces dons. C'est souvent l'amour-propre qui empêche certains de venir récupérer un colis», estime la conseillère municipale. Une fois la distribution terminée, les autorités locales doivent dresser un rapport et l'envoyer à l'administration centrale et la wilaya du Grand-Casablanca. Pour la Banque alimentaire, c'est une mission accomplie, la troisième depuis l'avènement des intempéries. «Notre première a concerné le douar Brahma Cherkaoua dans la commune Beni Yakhlef à Mohammedia. Nous avons distribué, à l'occasion, 130 colis alimentaires et 260 sacs de couchage», indique la directrice de la Banque alimentaire du Maroc. La seconde distribution organisée il y a quelques jours a eu lieu à la commune Lalla Meriem relevant de la préfecture Ben M'Sik où 298 paniers alimentaires ont été remis aux victimes. Grâce à des dons et à des achats, la Banque alimentaire a réussi à préparer près de 3.000 colis à ce jour. Quand à la distribution,elle se poursuivra progressivement jusqu'au mois de mars prochain sur l'ensemble des sinistrés de tout le Maroc. Nada Adel a beaucoup de pain sur la planche. Pendue à son téléphone, elle contacte associations, entreprises et autorités publiques pour organiser les prochaines missions. En attendant, la confection des colis ne s'arrête pas dans le dépôt de la Banque alimentaire où des ouvriers sont sur le pied de guerre. On se tient prêt à la riposte en cas de retour d'une catastrophe naturelle.