La Neige et Hortefeux La Neige et le feu est un film dramatique français de Claude Pinoteau sorti en décembre 1991. La Neige et Hortefeux est une téléréalité tragi-comique francilienne datant de décembre 2010. « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos, dans une chambre. » Mercredi dernier, tous les automobilistes de la région parisienne qui n'ont pas appliqué à la lettre cette Pensée de Pascal s'en sont mordu les doigts (gelés). Brice Hortefeux leur aura recommandé de ne pas prendre leur véhicule (« sauf impératif professionnel absolu »), mais seulement la matinée du jeudi 9. Trop tard. D'ailleurs, ils ont dû prendre connaissance de cette consigne grâce à leur autoradio, alors qu'ils baillaient dans la solitude de leur habitacle, coincés dans des bouchons kilométriques. La veille, vers 17h, Hortefeux déclare qu'il y n'a « pas de pagaille », expliquant, gestes à l'appui, que les « complications » apparaissent «sur les routes, lorsqu'elles sont inclinées». A cette heure-là, les véhicules roulaient déjà à vitesse nulle, voire négative. La conférence de presse du ministre déclenche immédiatement une avalanche de commentaires coléreux et surtout railleurs. Retenons-en deux. « Nous vivons dans un pays magnifique, Hortefeux a expulsé la neige. » Version revue et complétée, pour enfoncer le clou : Hortefeux expulsera-t-il la neige ? Non, aucune chance : elle est blanche. Deuxième commentaire : « Un flocon ça va, c'est quand il y en plusieurs que ça pose problème ». Cela fait évidemment référence aux propos « outrageants » d'Hortefeux lors de l'université d'été de l'UMP en 2009, pour lesquels il sera poursuivi puis condamné à 750 euros d'amende et 2 000 euros de dommages et intérêts : « injure envers un groupe de personnes en raison de leur origine » (maghrébine). L'audience en appel devait avoir lieu le 15 décembre ; elle vient d'être repoussée au 5 janvier. En dépit de cette blague plus que douteuse d'Hortefeux, l'Union des Patrons et Professionnels Juifs (UPPJ) n'a eu aucun scrupule à lui décerner, environ trois mois plus tard, le « Prix de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme ». Sic. Repoussée également la visite du ministre français de l'Intérieur dans notre pays, à la dernière minute, pour des raisons que « les autorités marocaines comprennent parfaitement ». Jeudi dernier, Taïb Cherkaoui et lui devaient causer lutte antiterroriste, lutte anti-drogue et immigration. La France vient d'annoncer le durcissement des conditions d'octroi de visa, par le biais d'une interview d'Hortefeux, destinée aux (é)lecteurs du Figaro : « L'immigration illégale doit baisser et elle baissera ». Brice Hortefeux est loin de compter parmi les personnalités les plus aimées des Français. Classé 25ème, il n'a obtenu que 32% d'opinions favorables dans le dernier sondage Ipsos / le Point. La Neige et le feu est aussi le titre d'un roman (Pierre Baillargeron, 1948). On peut y lire : « Etre aimé comporte au moins l'avantage de pouvoir s'exprimer librement sans crainte de faire rire de soi. » « Pray for my son, and pray I have another » On estime à 163 millions le nombre de femmes asiatiques qui auraient dû exister, si elles n'avaient pas été éliminées à l'état de fœtus, ou tuées à la naissance, ou n'avaient pas péri en bas âge, faute d'efforts et de moyens pour les soigner. L'Inde est l'un des pays où l'avortement sélectif est le plus pratiqué au monde. C'est culturel. C'est économique, aussi. Chez ces étranges peuples lointains, c'est la femme qui casque lors du mariage ; la dot est de plus en plus hors de portée, à mesure que se généralise la société de consommation. « En plus des cadeaux traditionnels (vêtements, argent, têtes de bétail…), les parents de la mariée doivent désormais offrir réfrigérateur, climatiseur, TV, téléphone portable, scooter ou voiture… », explique Bénédicte Manier, auteur d'un livre sur la question : Quand les femmes auront disparu : L'élimination des filles en Inde et en Asie. Depuis plusieurs années déjà, l'Etat indien, poussé par l'ONU, par des ONG, par des associations locales, tente de faire face. La dot, du reste, avait été interdite dès 1961, mais sur le papier seulement. L'avortement et l'échographie à but sélectif l'ont été en 1994 ; une aubaine pour les cliniques privées qui prospèrent dans l'impunité. Il s'est développé aussi d'autres trafics, à cause de la raréfaction relative des femmes, comme la vente de fiancées, sans parler de la prostitution, des agressions, des viols. Dans les écoles publiques de New Delhi, depuis quelques années, les cours d'autodéfense pour filles sont obligatoires… Pourquoi je vous raconte tout cela, dans ma chronique qui ne s'appelle pourtant pas « Bruits de Gange » ? C'est en raison du récent déplacement officiel du couple présidentiel hors de France. Entre deux (promesses de) ventes nucléaires, les Sarkozy avaient visité le sanctuaire de Fatehpur-Sikri, à une quarantaine de kilomètres d'Agra. Citant le responsable religieux des lieux, Times of India révélera que Carla Sarkozy lui « a demandé de prier pour qu'elle ait un fils ». Pirzada Raees Miyan Chishti, c'est son nom, mais peu importe, considérons surtout le sens du secret professionnel de ce dignitaire. Un fils donc, pas une fille. Ce vœu de la première dame, s'il avait été exprimé en France, ou même dans un pays comme le Maroc (où, au passage, il existe aussi des marabouts spécialisés dans ce genre de choses ; pourquoi l'Inde et pas nous ? il n'y a pas que la palmeraie de Marrakech dans la vie), il aurait à peine attiré l'attention. Mais formulé dans le pays de l'avortement sélectif par excellence, à quelques jours du Girl Child Day (journée de sensibilisation aux dangers démographiques et sociaux de l'élimination des filles, célébrée depuis 2009), ce vœu-là, certes dénué d'arrière-pensées, acquiert pourtant toute une symbolique. A croire que le frottement à l'altérité réserve toujours son lot de surprises aux grands personnages féminins de la vie politique française. On se souvient de Ségolène Royal en Chine. C'était environ quatre années avant la confidence indienne de Carla Sarkozy. On revoit son manteau au blanc criard, lors de sa promenade sur la Grande Muraille. Manteau très remarqué, le blanc étant la couleur du deuil, chez ces peuples étranges… Faudrait-il s'interroger, près de trois siècles après Montesquieu : « Comment peut-on être asiatique ? » ? « Je pourrais signer, mais je ne vais pas le faire. » Tout aussi rude que la guerre des chiffres à laquelle se livrent la police et les syndicats quand la France sort dans la rue, une autre oppose l'Elysée et les médias, voire les constructeurs eux-mêmes, à propos des ventes industrielles françaises. 17,4 milliards d'euros décrochés en Inde. Ces chiffres seraient « gonflés », consciemment ou non ; on confondrait promesse et contrat ferme, achat et leasing (cas des Airbus), etc. Une chose est sûre : Lula n'apposera pas sa signature en bas du contrat des 36 Rafale, acquisition pourtant qualifiée en septembre 2009 d'« historique » par Sarkozy alors en déplacement au Brésil. « Je pourrais signer, mais je ne vais pas le faire », vient d'affirmer cruellement Lula. Autrement dit, voyez avec Dilma Roussef, en fonction à partir du 1er janvier 2011. Si le gouvernent français reste « confiant », les observateurs ne se font plus guère d'illusions… En 2007, le Maroc aussi avait dit non au décidément invendable Rafale, optant plutôt pour le F16. La France se consolera avec les tout récents 400 millions d'euros des 14 rames duplex et 28 motrices du TGV marocain.