Le deuxième Forum national de la pensée sociologique aura lieu les 23, 24 et 25 décembre respectivement à Tétouan, M'diq et Martil. Un hommage sera rendu à la sociologue marocaine Rahma Bourqia pour son « rôle d'avant-garde dans le domaine de la recherche sociologique aussi bien au Maroc que dans le monde arabe ». La première édition de ce forum qui s'était tenu en décembre de l'année dernière avait rendu hommage au « père spirituel de la sociologie marocaine », le Pr. Mohamed Guessous. Quant à la sociologue Rahma Bourqia, elle est actuellement présidente de l'Université Hassan II de Mohammédia. Elle a été faite, en novembre dernier, docteur honoris causa de l'université Paris-Ouest Nanterre La Défense, en hommage à « son attachement à la recherche en sciences humaines et à son implication dans la société contemporaine ». Ce prestigieux insigne universitaire français lui avait été remis lors d'une cérémonie solennelle à l'occasion du 40e anniversaire de l'université française. Rahma Bouquia, également philosophe et anthropologue, avait déjà été faite docteur honoris causa de l'Université d'Indiana (Etats-Unis) puis de l'Université de Liège (Belgique). Contactée par le Soir échos, elle nous confie sa réaction quant à cet hommage qui lui sera rendu à la fin du mois : « Lorsque vous êtes honorés par vos pairs, et c'est de cela qu'il s'agit, c'est un grand honneur, surtout quand cet hommage se produit chez vous, dans votre pays, par de jeunes chercheurs et sociologues. Cela vous fait plaisir et vous renvoie une certaine image que vous vous faites de vous-même, à savoir être un modèle pour les jeunes, que ce soit dans l'éthique, le comportement ou la transmission du savoir… Je suis avant tout enseignante et un prix comme celui-là me réconforte dans la mission que je me suis assignée ». Madame Bourqia est sociologue, chercheuse et doyenne d'université. Son parcours est atypique au Maroc. Elle nous en explique les tenants et les aboutissants : « J'ai travaillé dans 3 champs importants tout au long de ma vie. Celui de la sociologie d'abord, qui est évidemment ma formation de base, mon métier. Ensuite il y a eu la gestion, et là ma tâche a été de changer l'institution universitaire, de la faire évoluer, la gérer autrement à travers la faculté de Mohammédia que je dirige toujours. Un travail de catalyseur, de fédérateur et de modérateur, l'essentiel étant la gestion d'une équipe. Quand on n'arrive pas à en former et à la fédérer, on ne réussit pas dans cette tâche, même si on est très compétent. Et puis mon troisième champ d'action, c'est l'accompagnement des femmes dans notre société. L'action dont je suis le plus fière a été la nomination par Sa Majesté en tant que membre de la commission royale pour la réforme de la Moudawana. Il y a eu de l'action bien sûr, mais le travail était avant tout de réflexion. Une réflexion qui a abouti. Et quand Sa Majesté a approuvé cette réforme, c'est ce qui m'a rendue le plus fière dans mon parcours. Evidemment, je suis fière aussi quand je vois qu'autour de moi, mes collaborateurs, les enseignants, apprécient mon travail, et bien on ne peut qu'en être fier ». Pour finir, Rahma Bourqia nous parle de cet énorme chantier qu'est celui de la réforme de l'éducation nationale : « Vous le dites, l'éducation est un grand chantier. C'est un secteur qui a souffert d'une certaine léthargie durant des décennies. Par conséquent, ce qu'il faut d'abord accomplir, c'est lancer les jalons d'une grande réforme. Mais les résultats probants ne peuvent être ressentis qu'à moyen et long terme. Aujourd'hui, il y a des contraintes évidemment. En ce moment, le ministère de l'Education nationale lance un plan d'urgence et il y a des actions qui sont menées sur le terrain, mais on sent un climat de résistance, plusieurs syndicats protestent. Comment mobiliser tous les acteurs et les fédérer dans ce cas ? Il faut une paix sociale pour y arriver ! Et puis l'élite se désintéresse de l'éducation. Elle a sauvé ses enfants en la mettant à la mission, dans le privé puis à l'étranger… ce qui fait que c'est aussi de sa responsabilité ! Mais je suis optimiste, on ne peut pas rester comme ça. Et cette réforme qui se prépare est un chantier qui engage l'avenir du Maroc. Chaque Marocain doit se sentit concerné par cette réforme». Des conférences scientifiques seront organisées en marge de ce forum national qui verra la signature de livres traitant de sociologie. Plusieurs sociologues et chercheurs marocains prendront part à cette rencontre dont les Dr. Mokhtar El Harras, Mohamed Sbila, Mohamed Tozi, et bien d'autres. Elle a été faite docteur honoris causa de l'université Paris-Ouest Nanterre La Défense, en hommage à « son attachement à la recherche en sciences humaines et à son implication dans la société contemporaine ».