A. Chaouki : « Les habitants de Farkhana et Bni N'sar ont libéré, dimanche, des terres marocaines colonisées par des Espagnols. Il s'agit d'un jardin situé sur le territoire de Farkhana, mais bizarrement interdit aux Marocains ». En attendant le jour J de la marche, Espagnols et Marocains se préparent à cette date. Les premiers sont en alerte et ont d'ailleurs renforcé en nombre les forces de sécurité présentes dans le préside occupé. mohamed jaabouk Une marche en direction de Mélilia est prévue samedi prochain, contrairement à la marche du 4 décembre, reportée à une « date ultérieure », un euphémisme pour dire annulée. Cette fois-ci, les organisateurs ne sont pas des relais des partis politiques mais les habitants des communes de Farkhana et Bni N'sar. Ces derniers ont forcé le conseil municipal, présidé par Yahya Yahya, qui a adhéré à leur initiative. C'était jeudi dernier. Mieux encore, les habitants, encore eux, ont arraché de la mairie de cesser d'alimenter le préside de Mélilia en eau. Yahya Yahya a même promis d'honorer cet engagement. Qu'en pensent les autorités locales et centrales ? En attendant une application de cette mesure prévue le jour de la marche, samedi 11 décembre, « les habitants de Farkhana et Bni N'sar ont libéré, dimanche, des terres marocaines colonisées par des Espagnols. Il s'agit d'un jardin situé dans le territoire de Farkhana mais bizarrement interdit aux Marocains. A son entrée, une pancarte en espagnol interdisant d'y accéder. Un gardien payé par le Parti Popular de Mélilia veille à l'application de cette mesure », déclare au Soir échos Abdelmounaim Chaouki, un acteur associatif à Nador. « Il a été décidé de hisser le drapeau national sur ce territoire libéré et de remplacer le gardien à la solde des Espagnols par un autre payé par le conseil municipal de Farkhana », ajoute-t-il. Notre interlocuteur s'est dit « surpris que les Espagnols puissent coloniser une terre marocaine dépendant du territoire de Farkhana sans que rien n'ait été entrepris pour changer cette situation ». En attendant, le jour « J » de la marche, Espagnols et Marocains se préparent à cette date. Les premiers sont en alerte et ont d'ailleurs renforcé en nombre les forces de sécurité présentes dans le préside occupé. Les seconds sont également en alerte. Outre les préparatifs de la marche, ils ont hissé des drapeaux nationaux sur la route menant au poste frontalier de Mélilia. Une mise en place qui ne s'est pas faite sans entraves. « Dimanche, un citoyen nommé Mohamed Cherkaoui, employé dans le transport, en partance pour Mélilia, a été détenu par les forces de sécurité espagnoles parce qu'il scandait des slogans nationalistes. Depuis, il est toujours en détention malgré le blocage d'une trentaine de minutes du point de passage entre Nador et Mélilia, en signe de solidarité avec ce citoyen » selon une source. Il faut rappeler que la ville occupée de Mélilia tire sa principale sève du Maroc. Outre l'eau potable, Mélilia est approvisionné, à longueur de journée, en aliments made in Morocco. Même les pierres servant pour l'élargissement de son port, censé concurrencer Tanger-Med, proviennent de Tétouan. Un négoce qui profite à certaines fortunes locales. Mais le grand bénéficiaire de cette situation anormale est incontestablement l'Etat espagnol. Il continue ainsi sa colonisation de Mélilia à moindre coût. La même anomalie Mélilia est également détectée à Sebta. Ce préside occupé est alimenté en eau à partir de la commune de Belyouneche. Bizarrement, ces données sont absentes dans la prose des officiels lorsqu'ils demandent la rétrocession de Sebta et Mélilia au Maroc. Sebta et Mélilia Les acteurs associatifs de Nador qui militent en faveur de la libération de Sebta et Mélilia savent parfaitement que les effets des manifestations et autres sit-in demeurent très limités s'ils ne sont accompagnés d'actions économiques. C'est dans cette perspective que la société civile de Nador a engagé des négociations avec les entrepreneurs qui alimentent Mélilia en fruits, légumes, poissons et autres matériaux de construction afin qu'ils cessent, pendant des jours, leurs livraisons. Seront-ils entendus ? « La mobilisation auprès de ces investisseurs a permis leur adhésion à notre campagne. Si le Maroc est un mauvais pays, comme prétendent les Espagnols, alors ses eaux, fruits, légumes et poissons sont également mauvais », soutient Abdelmounaim Chaouki.