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La chronique de Salim Jay : Quand Abdelwahab Meddeb écrivait Talismano
Publié dans Le Soir Echos le 03 - 12 - 2010


A
bdelwahab Meddeb, dont l'œuvre a pris depuis une tout autre voie, publia Talismano en 1979 chez Christian Bourgois. A la page 277 et dernière, nous apprenons que cet almanach méditerranéen court du 15 mars au 13 juillet 1976. L'écrivain franco-tunisien y convoque des figures, et des fêlures. Il explicite des savoirs et des éblouissements, salue des fastes intellectuels, raconte des voyages, en évoquant des lacis et guet-apens. Ainsi passe-t-on de délices en dégoûts, avec implosion de miroirs et profusion des masques, chants, cicatrices, licence et censures, inquiétude et allégresse, pertes et retrouvailles, infatuation et gêne, rouages et météores.
Ce premier roman d'un écrivain qui n'a attendu personne pour célébrer son propre éloge proposait un parcours encyclopédique où vivre et livre cherchaient à se sauver ensemble de l'insignifiance.
Talismano est une sorte de fresque verbale qui tient du roman de formation esthétique dont le plan serait d'héroïser qui parle. Abdelwahab Meddeb s'autorise continûment un maniérisme qui est le voile effronté d'un texte souvent splendide où s'élabore une islamologie portative artistement diluée dans les eaux d'Occident.
L'autobiographie ouvre ici à une transhumance érotique. Les littératures visitées comme des villes, aimées d'amour, les siècles incarnés, l'aujourd'hui défié de partout, le livre s'ordonne sur les pas d'un aventurier de l'euphorie que guette la détresse. L'auteur dit s'émouvoir à se distraire d'enfance, à Tunis. Mais les saveurs primordiales sont vite inquiétées : «Caves et dédales de torture, plus tard quand on nationalisa la répression et qu'elle devint sale besogne entre les mains des borgnes et autres cogneurs manipulés par les têtes molles, affiche qui tient à préserver par tant de crimes la tribu des privilèges. Rasant les murailles et les miradors : la prison civile ensanglante le regard».
Le thème est peu repris dans Talismano. Il s'agit donc d'une balise pour dire la prison du retour écœurant.
Ce motif de la révolte et du sang est une sorte de détour obligé pour nombre d'écrivains maghrébins. Mostafa Nissaboury s'y engageait dès l'incipit de La mille et deuxième nuit (Editons Shoof, Casablanca, 1975) : « Je me souviens qu'hier la ville fut mise à sang. Entre hier et aujourd'hui le sang s'est mêlé au sable et aux arbres ce qui a provoqué des dunes et un soleil pâle et indifférent. Puis l'air s'est raréfié. Les Employés de l'Air Irrespirable, la populace aidant, masqués et armés d'aspirateurs, se sont mis au travail pour rendre à la ville son aspect de toujours».
Quant à Abdelwahab Meddeb, il s'en va rapidement pique-niquer, loin de Tunis, sur la tombe d'Ezra Pound. Loin de Tunis ? On emporte sa ville natale avec soi, et c'est re-naissance qui importe, affaire d'aptitude, d'adoption, de cooptation. L'homme est un animal qui s'adapte à un monde détraqué. Talismano prend garde à la turquerie. La «modernité» travaille Meddeb de façon lancinante. Certaines pages semblent échappées d'une version pasteurisée d'Eden, Eden, Eden, le roman de Pierre Guyotat. Entre le prologue et l'épilogue, trois parties se jouent : Retour/Prostitution, Idole/Ghetto, Procession/Outre-monde. La prostitution n'est pas vue étrangère à l'amour et l'on songe parfois, lisant Talismano, au Bordel Andalou de Georges Lapassade ou aux Garçons sauvages de William Burroughs.
Un raffinement exaspéré signe en Talismano une véhémente présence au monde. Entre autres gageures, on appréciera, par exemple, que cet écrivain tunisien décrive Fès d'une plume vive : «A Fez, toute prétention à se célébrer logique preneur de pouvoir après acquis de richesse se révèle modeste mais définitif échec.
Et qui ne jouit pas de la totalité du pouvoir ne peut ostensiblement et à l'échelle des places et rues miroiter par le signe sa puissance.
On se contente alors de dormir sur l'or, puis de poser pied remuant à Casablanca pour vendre son âme et espérer vivre une belle et conforme synthèse entre les capacités de l'Occident et les finesses préservées de l'Orient ; (…) à pleurer le temps d'une pause orgiaque sur la pauvreté créatrice de nos artistes et à promettre au coin obscur d'une beuverie dorée les millions nécessaires pour que les plumes écrivent, les pinceaux s'activent, les caméras tournent».


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