Entretien avec Philippe Lorec, coordinateur du plan solaire méditerranéen pour la France Avec son plan solaire, le Maroc joue désormais dans la cour des grands de l'énergie. Toutefois, les réponses à certaines questions demeurent en suspens, à commencer par le transfert technologique. Philippe Lorec, coordinateur du plan solaire méditerranéen pour la France, nous éclaire entre autres, dans cet entretien, sur le coût des énergies et sur l'offre énergétique marocaine. Pensez-vous qu'il est facile de mobiliser les ressources financières nécessaires pour la mise en place de la centrale solaire de Ouarzazate ? Je dirais que c'est un projet emblématique et très important aussi bien pour le royaume du Maroc que pour le projet solaire méditerranéen. D'ailleurs, c'est le premier du genre qui soit structuré et organisé. Pour tout le monde donc, c'est un projet d'envergure Il faut savoir aussi que lorsque vous passez au premier, il y a des inconvénients et des avantages et on apprend toujours des choses. Pour moi, il n'y a pas un problème d'argent mais plutôt de structuration des financements. C'est-à-dire savoir organiser ces outils de financement qui sont à notre disposition. Question de mettre à la même table tous les bailleurs de fonds et de réussir à les convaincre et à converger vers la même analyse du projet. Et c'est là où réside le vrai problème. D'ailleurs, ces derniers n'ont pas les mêmes critères d'analyse, de recherche ou encore de vision. Cela prend certainement du temps mais on est en train de résoudre ce problème qui pèse en termes de calendrier. Le vice-président de la BEI a dit qu'il faut traiter cas par cas et dossier par dossier Le prix du photovoltaïque a largement baissé et selon un des intervenants, il a été divisé par cinq. Cela ne risque-t-il pas de concurrencer, voire même de mettre en question ces différents plans solaires comme celui de Ouarzazate ? J'aimerais bien que cela soit le cas, mais personnellement, je pense qu'il s'agit d'une perception d'opportunités. Les producteurs ont éventuellement des surcapacités de production et ils cherchent donc à s'en débarrasser en bradant ces panneaux. Le prix du photovoltaïque a considérablement baissé. Ça, c'est un fait, mais il existe d'autres clés technologiques pour sauter ces coûts ou ces prix qui nous sont proposés. Dernier point, il faut comparer le comparable. Autrement dit, le photovoltaïque produit directement de l'électricité alors que le CSP, lui, produit de la chaleur convertie ensuite en électricité. Alors, les ingrédients ne sont pas les mêmes, que ce soit sur le choix des terrains, du facteur climat… Sur ce chapitre, les conditions climatiques sont d'une extrême importance. S'il fait très très chaud, le photovoltaïque est plus pratique. Mais d'une manière générale, toutes les solutions sont bonnes et tout dépend du climat. Et comme l'a dit le représentant de la MASEN, des projets photovoltaïques sont également prévus. Mais à Ouarzazate, la meilleure solution, c'est le CSP. En procédant à une comparaison des coûts de l'éolien et du solaire, selon vous lequel est profitable pour le Maroc ? Pour dire simple, s'il y a du vent, l'éolien est indiscutablement le moins cher. Y a-t-il des contrats potentiels pour l'importation de la production énergétique de Ouarzazate, parce que tout à l'heure, vous avez évoqué GDF pour l'importation d'électrons verts ? Actuellement, on est en train de tester et de mettre en œuvre un contrat d'importation, et ce n'est que dans les prochains mois qu'on va voir comment établir les modalités d'exportation. Pour l'instant, on n'a pas encore bouclé ce dossier. S'agissant de la station de Ouarzazate, nous sommes en train de chercher en Europe les potentiels partenaires qui seraient intéressés par cette offre. Globalement, l'ambigüité sera levée dans les prochains mois. Quid du méga-projet Desertec ? Il y a une réelle dynamique qui se construit autour de ce projet grandiose. D'ailleurs, le lancement d'un plan solaire donne une visibilité pour les industriels et les financiers. Le Maroc l'a fait, la Tunisie aussi et d'autres pays sont en train de le mettre en place. Je suis convaincu que dans les prochaines années, on aura un plan solaire méditerranéen.