La fédération monte au créneau pour décrier les dispositions fiscales prévues. Elle déplore des coupes budgétaires qui sont tombées de 500 millions de dirhams au titre de l'année en cours à près de 350 millions de dirhams. Othman Chérif Alami, président de la FNT : «Il faut compter de 10 à 15 ans pour la construction des six stations balnéaires. C'est une erreur de casting». Le projet de loi de Finances 2011 que le ministre Salaheddine Mezouar vient de présenter, suscite la réaction de la Fédération nationale du tourisme (FNT). Cette dernière monte en effet au créneau pour décrier les dispositions fiscales prévues. Son insatisfaction ne s'arrête pas là. Les coupes effectuées dans le budget alloué à l'Office national marocain du tourisme (ONMT) qui sont tombées de 500 millions de dirhams, au titre de l'année en cours, à près de 350 millions, selon Othman Chérif Alami, président de la FNT, s'attirent les foudres de ce dernier. Première conséquence directe : «L'ONMT n'assurera plus le financement des festivals, qui deviendront désormais à la charge des régions et du ministère de l'Agriculture». Au-delà de ce petit détail et au vu de l'enveloppe budgétaire affectée au secteur du tourisme pour l'année prochaine (396 millions de dirhams contre 825 millions cette année), il s'avère clairement que le débat sur la politique d'austérité soulevé, à maintes reprises ne fait pas l'unanimité. Le malheur des uns fait le bonheur des autres ! Dans la foulée, peut-on concevoir cette compression comme un pas en arrière ou même un recul, pour reprendre les termes de Alami ? Au moment où le pays affiche un énorme besoin en termes d'infrastructures, sans parler des grands chantiers lancés pour la construction de six stations balnéaires. «Créer en l'espace de 5 ans ces méga-projets n'est pas possible. C'est une erreur de casting», évaluait Alami, hier à Casablanca à l'occasion d'un point de presse pour présenter les actualités du tourisme marocain en 2010 et les échéances attendues de la FNT 2010-2011. «Il faut compter 10 à 15 ans pour ce genre de projets», estime-t-il. Il faut dire aussi qu'avec le retrait des fonds souverains internationaux, ce sont le nationaux qui ont pris la relève pour colmater la brèche. Déjà, la superficie réservée initialement (700 ha) à la future station de Taghazout s'est vue rétrécir pour se fixer à 300 ha. Plus encore, la politique de l'open sky a été remise en cause. De son non-efficacité, personne n'en a discuté. Preuve en est, la flotte aérienne de la compagnie nationale RAM n'atteindrait même pas 120 avions avant 2015. «Pis, les aéroports nationaux enregistrent des nuisances incontournables (…) et pour mesurer notre sous-développement, il faut se référer aux success stories comme celle de la compagnie Turkish Airlines», déplore Alami. Autre point culminant, celui du tourisme des affaires. Les palais des congrès, qui compte 5.000 places, enregistrent un déficit flagrant. A l'échelle méditerranéenne, on ne dispose même pas de 0,5% de palais de 1.500 à 5.000 places. Aux yeux de Alami, c'est une autre alerte à ajouter. Sans parler des insuffisances marquées au niveau du tourisme interne, considéré comme la locomotive des autres niches. En France, 70% des touristes sont des nationaux. La situation des centres régionaux de tourisme n'a rien à envier. «D'ailleurs, le CRT de Casablanca n'a pas tenu son AGO depuis presque un an et demi », prévient Alami. Cette rencontre a été aussi l'occasion de débattre des principales propositions de la FNT au titre du PLF 2011 et qui malheureusement, n'ont pas trouvé bonne écoute auprès de l'argentier du royaume. A tort ou à raison, Mezouar suit une logique de priorités. Ce dernier se trouve obligé de sacrifier le conjoncturel sur l'autel du structurel. Mieux encore, la dimension régionale prend pied dans la nouvelle mouture. Un message de désengagement bien clair. Sur la liste des propositions complétement rejetées, on trouve l'unification du taux de TVA à 10% pour l'ensemble de la chaîne de valeurs touristique, la simplification et l'harmonisation de la fiscalité locale. En gros, l'année 2011 s'annonce chaude à tel point que le président de la FNT n'hésite, à aucun moment, à la qualifier d'«année charnière». Il rejoint en définitive la vision de la CGEM.