Jeudi matin, un peu avant 11h, lors d'une séance de travail, le chef de la Sûreté nationale algérienne est tué par balles. Cinq balles ont mis fin au parcours d'Ali Tounsi, patron tout puissant de la DGSN. L'auteur du crime, un collaborateur, le colonel Oultache aurait tenté de se donner la mort juste après en retournant son arme de service contre lui. Gravement blessé il a été transporté à l'hôpital. L'auteur de l'assassinat serait, selon les premières indications, le colonel commandant la division hélicoptères de la police chargée de la Surveillance et de la sécurité aérienne en milieu urbain. Le problème N°1 de l'Algérie est la corruption qui gangrène le sommet de l'Etat. Ce cadre de la police aurait eu des mots avec le patron de la DGSN avant de dégainer son arme de service. Ali Tounsi, colonel, ancien du MALG, dirigeait la DGSN depuis une quinzaine d'années. Paradoxalement, une de ses principales réformes consiste à “moraliser” le corps de la police nationale. Selon le quotidien francophone El Watan, l'officier auteur des coups de feu a également tiré dans un moment de colère noire sur tous ses collègues présents à la réunion. Selon El Khabar, le colonel Oultache a tiré sur Ali Tounsi après un vif échange à propos d'informations prêtant au patron de la police l'intention de le limoger. Plusieurs journaux ont indiqué jeudi qu'une enquête ordonnée récemment par Ali Tounsi sur des contrats passés avec des fournisseurs de pièces de rechange d'hélicoptères et de matériels informatique avait révélé l'implication de l'auteur de cet assassinat dans «des transactions douteuses». «L'auteur des coups de feu n'a pas accepté les conclusions de cette enquête et n'était pas prêt à se soumettre à une quelconque sanction administrative ou à faire l'objet de poursuites judiciaires. Il est passé à l'acte après avoir eu vent de son prochain limogeage», a affirmé pour sa part, le quotidien Echorouk . Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a souligné « le patriotisme de feu le colonel Ali Tounsi, compagnon d'armes et cadre valeureux ». La victime avait été nommé à la tête de la police en 1994 au moment où les violences des groupes armés islamistes contre les forces de l'ordre étaient à leur paroxysme. Depuis, il s'est employé à faire de la police la cheville ouvrière de la lutte contre le terrorisme, notamment dans les zones urbaines. Ce corps de sécurité a mis en place un important dispositif de sécurisation de la capitale et de ses environs après les attentats suicides perpétrés à l'aide de voitures piégées à Alger en avril et décembre 2007 par la Branche maghrébine d'al-Qaïda. La police a installé des barrages fixes ou inopinés sur les grands axes routiers ou aux abords de la capitale. Sous la houlette d'Ali Tounsi, la sûreté algérienne est parvenue à déployer fin 2009 à Alger 40 000 policiers, contre 23 000 en 2008. La capitale n'a pas enregistré d'attentat islamiste depuis plus de deux ans, compte environ 3,5 millions d'habitants. Un dernier hommage a été rendu vendredi matin à l'Ecole supérieure de police de Chateauneuf (Alger) au défunt Ali Tounsi, Directeur général de la Sûreté nationale, avant son inhumation au cimetière d'El Alia. Cet événement, qui succède au scandale de la Sonatrach où 15 milliards de dollars ont été détournés, montre que le problème n° 1 de l'Algérie est la corruption qui gangrène le sommet de l'Etat.