Bank Al-Maghrib : l'accès au financement bancaire a été jugé difficile. Au cours du troisième trimestre 2010, les dépenses d'investissement réalisées ont vu leur niveau se contracter. La situation de la trésorerie des entreprises a été affectée. Sale temps pour les activités industrielles au Maroc. En sondant l'opinion des industriels et leurs projections à court terme, l'enquête mensuelle, rendue publique dernièrement par Bank Al-Maghrib (BAM), laisse croire que la tendance est à la baisse. Le constat est sans appel. En fait, plusieurs variables participent à ce profil décourageant. A commencer par l'accès au financement. « L'accès au financement bancaire a été jugé difficile au cours du troisième trimestre 2010 avec un solde d'opinion négatif de 27%. Cette situation a concerné l'ensemble des branches, bien qu'à des degrés divers », note-t-on. Il n'est plus un secret pour personne, l'assèchement de liquidités dont pâtissent les banques marocaines. Facteur paralysant comme en attestent les injections hebdomadaires consécutives de la banque des banques, qui restent tout de même en deçà des besoins de l'économie. En fait, BAM, durant un laps de temps que l'on peut qualifier d'historique (près de 2 ans), n'a cessé de réduire le taux de réserve monétaire pour le fixer enfin à 6%. Elle ne pourra plus franchir ce seuil à la baisse, sauf force majeure, comme l'ont précisé bon nombre d'experts financiers, équilibre monétaire oblige. Ce resserrement des conditions d'octroi des crédits s'est répercuté négativement même sur les intentions d'investissement. Ainsi, au cours de 2010, les dépenses d'investissement réalisées ont vu leur niveau se contracter d'un trimestre à l'autre, « en liaison avec la baisse des investissements dans les industries du textile et du cuir et les industries chimiques et parachimiques ». A noter que ces deux secteurs sont fortement dépendants de la demande étrangère adressée au Maroc. Celle-ci est durement secouée par les chocs successifs de la crise économique mondiale, bien que l'on parle d'une éventuelle reprise, quoique hésitante, en 2011. Ce qu'il faut retenir, c'est que les performances du secteur textile-habillement demeurent assez médiocres au vu du repli des exportations qui s'est inscrit à 3,7% au terme des huit premiers mois de l'année en cours. Une situation critique, d'autant plus que nombreuses sont les entreprises qui ont mis la clé sous le paillasson, ces derniers mois. Pis, on est « principalement face à un problème de compétitivité de l'industrie marocaine », met en garde Jean-François Limantour, expert en stratégie de développement international et en intelligence économique. La difficulté d'accès au crédit s'est traduite par le fait même que la structure du financement des investissements à court terme s'est modifiée. Ainsi, l'autofinancement surclasse le crédit bancaire : 45% des entreprises sondées déclarent recourir à l'autofinancement contre 41% pour le crédit bancaire. S'agissant du crédit-bail, seulement 9% de la population interrogée déclarent y avoir son recours contre 4% pour l'augmentation de capital. L'enquête de conjoncture fait ressortir aussi les insuffisances qu'enregistre la trésorerie des entreprises. Là, on est au cœur du problème, puisque la situation de la trésorerie des entreprises traduit fidèlement les activités journalières. «La situation de la trésorerie des entreprises a été affectée essentiellement par les difficultés de recouvrement et par les charges non financières », peut-on lire. Sans oublier le poids des impôts. En somme, en plus de ces facteurs, la production industrielle durant le troisième trimestre se trouve paralysée par d'autres entraves. Les chefs d'entreprises avancent la faiblesse de la demande (36%), l'accentuation de la concurrence (28%), le secteur informel (8%), le coût élevé des intrants (8%) et le manque de personnel qualifié (5%)… pour ne citer que ces facteurs. Toujours est-il que le climat des affaires, in fine peu propice, tend vers le bas.