De longues années de conflit ont opposé le Nord du Soudan, dirigé par le gouvernement de Karthoum, à la région du Sud. Mettant fin à plus de deux décennies de guerre civile, un accord de paix globale a été conclu en 2005. Il prévoit notamment l'organisation d'un référendum d'auto détermination sur la partition du Soudan. Prévue le 9 janvier, cette consultation décidera si le Sud Soudan deviendra un nouvel Etat africain ou s'il continuera à faire partie intégrante du pays. Un second référendum est prévu simultanément pour trancher le sort contesté de la région d'Abyei, située à la lisière du nord et du sud du Soudan. L'inscription des électeurs sur les listes électorales pour le référendum doit commencer le 14 novembre et les listes doivent être publiées le 31 décembre. Les préparations autour de ce calendrier serré s'annoncent marquées par des tensions politiques entre nordistes et sudistes, qui pourraient, selon certains observateurs, amener à reporter le scrutin. L'organisation du référendum a en effet déjà pris du retard. Le Sud accuse le gouvernement de Bachir de vouloir garder la main mise sur la région, dont les ressources en pétrole constituent un atout non négligeable, mais Khartoum dément ces accusations. Quinze membres du Conseil de Sécurité ont débuté mercredi une mission diplomatique pour éviter aux deux régions de retomber dans le conflit. A cette occasion, le chef sudiste, Salva Kiir, a évoqué la possibilité que le Sud Soudan organise son propre référendum en cas de retard. Pour lui, la date du 9 janvier est «sacro-sainte». Il «a exposé avec vigueur les raisons pour lesquelles le référendum doit être organisé à la date prévue et a exprimé son sentiment que le référendum aboutira à entériner la séparation», a déclaré à la presse Mark Lyall Grant, ambassadeur britannique à l'ONU. «Il ne s'apprête pas à décréter une déclaration unilatérale d'indépendance. Mais s'il y a un retard, un retard politique provoqué par le Parti du congrès national du président Omar al Bachir, alors le Sud aura l'obligation d'organiser son propre référendum », a ajouté Lyall Grant. La délégation du Conseil de sécurité a rencontré jeudi des responsables de la commission référendaire. «Ceux parmi nous qui ont vu des référendums et élections ailleurs dans le monde pensent que ce calendrier est très ambitieux», a indiqué l'ambassadeur britannique. Certains leaders sudistes ont déjà mentionné la possibilité d'une déclaration d'indépendance, si la consultation n'avait pas lieu. La réalisation d'un scrutin assurerait une légitimité populaire à l'indépendance, mais l'organisation par les sudistes de leur propre référendum risque en revanche d'enflammer les tensions avec les nordistes. Sur le plan international, la reconnaissance du nouvel Etat serait également compromise. Les délégués des 15 pays membres du Conseil de sécurité se sont rendus à El-Facher, capitale historique du Darfour, à l'ouest du pays, en proie depuis sept ans à une guerre civile complexe. Ibrahim al-Hillu, haut responsable de l'Armée de libération du Soudan (SLA, rebelles) dirigée par Abdelwahid Nour, a demandé au Conseil de sécurité «d'aller voir dans les secteurs où il y a des combats et de mettre fin au nettoyage ethnique». Les ambassadeurs ont également visité vendredi un camp de déplacés du Darfour, avant de rentrer à Khartoum.