C'est le statu quo pour le projet de reforme de la retraite. Le gouvernement français compte se plancher sur le sujet ce mardi 5 octobre. Entretemps, la mobilisation des syndicats bat son plein. Trois millions de personnes sont sorties dans les rues ce dimanche. Pari gagné pour les syndicats en France. La mobilisation contre le projet de réforme des retraites a été couronné de sucés. Les manifestants l'ont démontré et ils ont été nombreux à protester dans l'hexagone durant la cinquième journée d'action le samedi 2 octobre. Ils sont estimés à 2,9 millions de personnes. Soit la même moyenne enregistrée le 23 septembre dernier. Les autorités ont dénombré 63.000 manifestants dans la capitale, soit 2.000 de moins que le 23 septembre à la même heure. Les syndicats ont jugé pour leur part que les chiffres de la manifestation parisienne étaient « légèrement supérieurs » à la dernière journée de mobilisation, autour de 310.000 manifestants. Dans les grandes villes du Sud Est, La mobilisation contre le projet de réforme des retraites a été samedi plus importante que les précédentes manifestations du 23 septembre, et globalement stable dans les communes moyennes, selon la police et les syndicats. À Lyon, le défilé a rassemblé dans l'après-midi, sous un soleil radieux, environ 40.000 manifestants selon les syndicats et 18.500 selon la police, contre respectivement 36.000 et 18.000 le 23 septembre. Dans le même temps, à Grenoble, si les syndicats ont donné le nombre de 70.000 personnes pour les deux journées d'action, la police a, elle, enregistré une nette progression de 19.200 à 22.150 manifestants. En Bourgogne, la police a, en revanche, enregistré un recul de participation à Dijon de 9.000 personnes, le 23 septembre, à 6.500, samedi, contre 11.000 et 10.000 selon l'intersyndicale. Le Sénat se penchera sur le projet de réforme mardi dans un contexte de forte mobilisation sociale. Revigorées par l'ampleur des cortèges, même s'ils n'ont pas réussi à hausser le niveau de la contestation, les organisations syndicales ont prévu une nouvelle journée d'action le 12 octobre et menacent d'amplifier le mouvement. Jean-Claude Mailly, le numéro un de Force ouvrière, a appelé dimanche le gouvernement à donner un « signe d'apaisement » en suspendant son projet de loi pour rouvrir les discussions. Tant le ministre du Travail Eric Woerth que le porte-parole du gouvernement Luc Chatel ont reconnu samedi soir, que la mobilisation était forte mais du même ordre que précédemment. Ils n'en sont pas moins restés inflexibles sur la principale revendication syndicale, à savoir l'abandon du report à 62 ans et 67 ans de l'âge du départ à la retraite. Les seules avancées possibles sous la forme d'amendements au Sénat porteront sur la pénibilité, la question des travailleurs handicapés et les seniors au chômage, ont-ils réaffirmé. Quant au cadre général de la réforme, notamment le fait d'augmenter la durée du travail de deux ans, « on ne peut pas le changer si on veut continuer à payer la retraite des personnes », a insisté Eric Woerth. L'ancien Premier ministre et sénateur UMP Jean-Pierre Raffarin estime dans le Journal Du Dimanche (JDD) que « le gouvernement a un devoir de compréhension » mais qu'il ne doit pas renoncer à sa réforme. Il promet en conséquence un débat « ouvert » au Sénat, en particulier sur la question des femmes et de l'égalité salariale. Forts d'un sondage CSA montrant que 71% des Français ont de la sympathie pour le mouvement et du renfort samedi d'un nouveau public composé de familles et de jeunes, les dirigeants syndicaux affirment qu'ils ne reculeront pas. « C'est l'une des dernières occasions pour le gouvernement de modifier son texte », a prévenu François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT. « Si le gouvernement confirme son intransigeance, il ne faudra pas s'étonner si la mobilisation prend d'autres formes », a renchéri Bernard Thibault, le leader de la CGT. Les syndicats se réuniront aujourd'hui pour faire un nouveau point de la situation avant la prochaine étape du 12 octobre, qui sera de nouveau accompagnée de grèves. Tous considèrent que l'exécutif n'a pas pris la mesure de la contestation. Et certaines organisations envisagent désormais des grèves reconductibles, au risque d'ébranler quelque peu l'unité syndicale. Les fédérations de cheminots doivent ainsi décider lundi d'une éventuelle grève reconductible unitaire à partir du 12 octobre. Une idée désormais appuyée par la CGT, qui pourrait l'étendre au secteur de l'énergie, selon le JDD. A Marseille, où perdurent plusieurs mouvements sociaux, l'intersyndicale a toutefois repoussé samedi l'idée d'une grève générale.