SOTHEMA baisse les prix de l'un de ses médicaments les plus stratégiques, en l'occurrence l'insuline. L'annonce a été faite par la directrice générale du laboratoire pharmaceutique lors d'un point de presse organisé lundi dernier à Casablanca. Affichant un sourire de satisfaction, Lamia Tazi parle d'une baisse substantielle de 35% du PPM de ce produit vital pour les diabétiques. Ainsi, le prix de vente de l'insuline en pharmacie passera de 134 à 85 DH. La jeune directrice du laboratoire national a annoncé également que d'autres baisses sont prévues pour d'autres médicaments. Une décision qui suscite moult interrogations. Serait-ce une réponse au rapport parlementaire sur le prix du médicament au Maroc, jugé trop élevé par ses auteurs ? «Non», se défend la directrice du laboratoire. Et de poursuivre : «Les conclusions de cette étude sont biaisées. L'étude n'a pas pris en considération tous les médicaments sur le marché, ce qui fausse l'analyse. C'est pourquoi, l'AMIP, association marocaine de l'industrie pharmaceutique, a lancé récemment une étude sur le prix du médicament dont les résultats seront publiés prochainement». Une baisse justifiée également par de nouvelles opportunités, à savoir l'export de l'insuline en Algérie, qui débutera incessamment. Quelles sont alors les motivations de cette décision ? «Nous avons décidé de prendre cette démarche en réponse aux appels du ministère de la Santé de faire baisser le prix du médicament. Notre décision est aussi un choix purement marketing. Avec la nouvelle usine, le volume de production de l'insuline a augmenté. Nous avons alors jugé bon d'aligner le PPM de ce produit sur celui appliqué pour les appels d'offres afin de rendre le médicament plus accessible aux patients», répond-elle. Une baisse justifiée également par de nouvelles opportunités, à savoir l'export de l'insuline en Algérie, qui débutera incessamment. Notons que SOTHEMA est l'unique fabricateur de l'insuline au Maroc. Autre grande annonce faite par le laboratoire national. SOTHEMA est actuellement en plein pourparlers avec le département de Yasmina Baddou pour introduire un nouveau vaccin dans le programme de vaccination des bébés, qui, selon la directrice générale, va révolutionner la vaccination dans le pays. «Les négociations sont en cours avec le ministère de la Santé pour concrétiser ce projet de grande importance. Ce nouveau vaccin est utilisé pour prévenir cinq maladies dont la diphtérie, le tétanos, l'hépatite B et la coqueluche. Il permettra d'éviter trois rappels », note Lamia Tazi. SOTHEMA voit plus grand. Le laboratoire pharmaceutique national ambitionne de fabriquer au Maroc les vaccins, qui sont actuellement fournis au gouvernement par l'UNICEF à des prix très bas. Seul hic, les coûts de cet important investissement sont lourds. «Il faut que l'Etat anticipe les choses. Le jour où l'UNICEF décidera de ne plus approvisionner le Maroc, le gouvernement doit disposer d'une alternative. SOTHEMA dispose déjà d'une unité industrielle capable de répondre aux besoins nationaux. L'usine de Bouskoura dans les environs de Casablanca est prête à fabriquer 60 millions de seringues par an. Un rapport de quatre experts internationaux dont un expert de l'Institut international des vaccins, le confirme. Le rapport a été déjà soumis aux ministères de la Santé et du Commerce et de l'industrie. Nous avons sollicité la contribution du Fonds Hassan II pour le développement économique et social», fait savoir Lamia Tazi. En contrepartie des subventions du Fonds Hassan II, SOTHEMA s'engage à fournir l'Etat en premier lieu et à des prix référentiels. A ce jour, les discussions, dit-elle, n'ont pas encore abouti à un consensus. Par ailleurs, le laboratoire pharmaceutique SOTHEMA, qui revendique le 5e rang sur le marché national, poursuit sa dynamique d'internationalisation. L'unité de fabrication des médicaments de sa filiale à Dakar (WEST AFRIC PHARMA), à vocation régionale, sera opérationnelle très prochainement. Le démarrage est prévu pour juin 2010. Cette unité approvisionnera également le marché des pays africains voisins en médicaments notamment pour le traitement du paludisme. Concernant les prévisions sur le chiffre d'affaires, le laboratoire table sur 5 millions de DH par an. Norlevo, un succès relatif Sothema se dit non satisfait des ventes de la pilule du lendemain Norlevo. Selon la directrice générale de l'opérateur industriel marocain, Lamia Tazi, ce contraceptif d'urgence connaît un succès plutôt relatif. Selon les données de SOTHEMA, 70.000 unités sont écoulées chaque année. Un chiffre en-deçà des prévisions de départ. Convaincue de l'importance de ce contraceptif d'urgence pour réduire le taux des interruptions volontaires de grossesse notamment en cas de viol, Lamia Tazi déplore le manque de soutien des départements ministériels concernés. Cette pilule doit être utilisée dans les 72 heures qui suivent un rapport sexuel non protégé pour qu'elle soit efficace. En cas de viol, elle doit être facilement accessible aux victimes. C'est pourquoi il faut que cette pilule soit disponible dans les hôpitaux, les services de police. Cependant, tous nos appels n'ont pas eu d'échos favorables», regrette-t-elle. D'ailleurs, SOTHEMA a initié un projet de création d'une ligue marocaine contre le viol, toutefois, celui-ci est tombé à l'eau. Le laboratoire a abandonné l'initiative car, apparemment, «elle dérangeait beaucoup de monde».