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Salim Jay : Un nomade tunisien : Ahmed Ben Dhiab, chanteur, poète et peintre
Publié dans Le Soir Echos le 19 - 07 - 2010


Q
uelle chance que d'évoquer l'oeuvre aux multiples facettes d'Ahmed Ben Dhiab, griot et nomade tunisien, qui chante en arabe de grands poètes en s'accompagnant au luth, écrit des poèmes en français, parle italien, dessine dans la langue universelle des formes et des visages et semble tatouer l'ombre d'un signal de lumière dès qu'il fait son apparition ! Luthiste et lutteur.
La chance, c'est écrivant son nom, d'entendre passer son souffle et sa voix car qui l'a entendu une fois,puis une autre, et encore une autre, se l'incorpore mystérieusement. A l'écoute du souvenir que j'en ai, tout revient, l'émotion, la surprise, l'envol vers un ailleurs palpable dans l'ici maintenant, la suggestion généreuse du meilleur en nous.
Sa discographie comporte dix titres depuis 1978, lorsque le Club du Disque Arabe, à Paris, publia « chant et percussion », jusqu'à Safar (Milan, 2005) en passant par un disque unissant en 1994 les poèmes d'André Velter et l'art comme choral d'Ahmed Ben Dhiab qui, de sa voix semble unir une brassée d'énigmes résolues au moment même où l'artiste les alimente de son émotivité active.
Nul étonnement à ce que son recueil de poèmes « Les baliseurs de songes » (L'Harmattan, 2007 )soit accueilli dans une collection intitulée « Levée d'ancre. »
Ghislain Ripault, dans sa préface à ce volume où palpitent les intuitions et les espoirs ravivés d'Ahmed se souvient du jour où il découvrit ce barde séduisant qui ne flatte qu'une vérité intérieure dont il veut faire un bien commun et sans pareil : « Un homme à barbe et chevelure quasi tourbillonnantes psalmodiait, criait, chuchotait, débridait ses poèmes où s'alliaient douceur et virulence dans un vertige instantané, passant de l'aigu, exalté pic, à la plus grave des explorations abyssales, virtuosité vocale sidérante… »
Les livres eux-mêmes deviennent chez Ben Dhiab concerts, chants tatoués ainsi qu'il intitulait son livre d'art paru en 1987 à Rotterdam et qui unissait poèmes donnés à lire en arabe, français et anglais, à des dessins pas moins vigoureux chez cet artiste complet.
« Le baliseur de songes » accueille d'emblée un poème qui est comme le formulaire explicite des causes et des effets qu'on osera dire enDHIABlés : « brune et sereine / comme la terre / la voix respire / la douceur / la douleur / la lumière / à venir / s'inscrit en transe / la naissance du monde / un chant d'extase / se module / se couche / vibre / dans la poussière des étoiles / et danse / sans corps / le corps funambule / (…) s'offre la parole de sable / berceuse solaire / dans nos silences bouleversés. »
Les poèmes de Ben Dhiab me font revenir à l'esprit, parce qu'ils émanent d'un chanteur qui est aussi peintre et invite à danser consciemment la vie, ce qu'écrivait en 1980 dans la Nouvelle Revue Française le poète Jean Grosjean – qui, comme Jacques Berque se mit au défi de traduire le Coran : « On doit à l'Islam d'avoir sauvegardé la plus notable part humaine du charme christique, cette présence de l'instant humain, cette immensité de l'instant humain que souligne un particulier hochement de tête, un imperceptible haussement d'épaules, ces traces visibles ensemble que discrètes d'une liberté interne, d'une constante conscience diffuse de la totalité du temps et de l'espace et de leur limite. »
C'est l'étrange pouvoir de l'artiste total qu'est Ahmed ben Dhiab que de stimuler la créativité sensorielle du lecteur, de l'auditeur, du spectateur en nous délestant de la part de simulation qui menace dans la relation que nous entretenons avec nous-mêmes et/ou avec autrui. Les vrais poètes, ce sont les gens qui déblaient la route, élargissent l'horizon et précisent, soudain, le pouvoir de l'impondérable.
Dans « Le baliseur des songes », Ahmed Ben Dhiab fait fleurir des questions intenses, profuses que résume ceci : « mais où en sommes-nous avec la lumière / la fleur d'air / ce double / cet envers. »
Et sa réponse est la proclamation d'un idéal éloigné des sarcasmes décourageants comme des stupeurs affligées. Le poète nous imagine épargnés par les défaites programmées, réfutant les victoires futiles comme lui-même se veut « libre de vivre / voyager / rêver / croître / au dalà du carré du cercle / libre de créer / un monde meilleur. ».


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