Les Néerlandais ont appris, sur le tas et le tard, comment rouler des castagnettes, dimanche lors de la dix-neuvième finale de coupe du monde qui se déroulait pour une fois en Afrique, celle du Sud, par des maîtres en la matière, les Espagnols eux-mêmes. Cette « première fois » si historique fait entrer la Roja, de plain pied, dans le club très fermé des champions du monde, un happy few qui désormais compte huit nations. a victoire espagnole qui a fait des Rojas des campeones incontestables et incontestés, a pourtant mis du temps à se dessiner. Elle a été acquise grâce au Barcelonais et non moins lutin, Andres Iniesta (170 cm) qui, à quatre minutes de la fin de la seconde prolongation, faisait éviter à son pays la douloureuse épreuve des tirs au but en croisant le capricieux jabulani « jobulani » pour l'occasion, que ne pouvait aucunement repousser l'excellent gardien néerlandais Marteen Stekelenburg. Mais le succès des Espagnols, au demeurant, des plus mérités est l'œuvre de tout un collectif qui a su se porter vers l'offensive et qui, ô paradoxe, est le moins prolifique des huit nations victorieuses d'une coupe du Monde avec huit concrétisations seulement. Au terme de ce match bien terne en réalité, l'Espagne, en plus d'inscrire une étoile à son maillot, devient aussi la première nation européenne à remporter un titre mondial en dehors du Vieux Continent. Un peu comme Paul le poulpe, ce pronostiqueur hors pair, l'Espagne a défié toutes les statistiques puisque, c'est aussi le seul pays à l'emporter après avoir débuté la compétition par une défaite (1-0 contre la Suisse). Mais s'imposer sur le plus petit des scores, ne signifie aucunement la victoire laborieuse. Si, Iker Casillas et ses partenaires ont fait échouer les Oranjes à une troisième finale, c'est parce qu'ils ont été dominateurs et, comme à leur accoutumée, ils ont développé en s'installant chez l'adversaire ce fameux jeu dont ils raffolent, dit de « le toque », si déroutant même pour les meilleurs. La rencontre hachée aura surtout été marquée par des actes d'anti-jeu surtout de la part des Pays-Bas (8 cartons jaune et un rouge pour les Oranjes et 5 cartons jaune pour l'Espagne). Les Hollandais en refusant le jeu se sont faits hara-kiri en misant sur une agressivité physique qui ne leur sied pas. La partie ne s'est vraiment emballée qu'au retour des vestiaires. Les Néerlandais qui, en première période, ont plus subi, que fait le jeu, contrairement à l'allant si séduisant affiché tout au long de ce tournoi, ont failli par deux fois le hold-up (Robben s'en mord encore les crampons) sans la présence d'esprit et cette chance de champion d'un Casillas sacré pour la circonstance meilleur gardien de la compétition. Par contre, les Stars Oranjes étaient aux abonnés absents en ce 11 juillet 2010, à l'image du peu de réalisme de Robben seul Hollandais vraiment en vue qui se l'est joué plus perso, d'un Van Persie, plutôt lourd et inexistant et même d'un Sneijder perdu à plus se débattre face à un milieu de terrain adverse supérieur pourtant moins fringant que prévu ou d'un Van Bommel qui ne savait plus où donner ni de la tête ni du pied. En face les accélérations d'un Iniesta ou d'un Xavi ne furent plus percutantes que quand le coaching survint. « Don » Del Bosquet voyait juste en remplaçant Pedro par Jesus Navas, et Villa par Torres (seconde moitié de la première prolongation) mais surtout de Xavi Alonzo par un Fabregas tout à fait retrouvé et qui en voulait. L'entrée du Gunner qui a donné une autre physionomie au match de par sa clairvoyance était tout sans aucun doute, un coaching gagnant. La victoire espagnole c'est aussi un banc de touche exceptionnel et de qualité et où « Don » Del Bosquet a pu puiser de tout son soul et de son intelligence. Seuls les gardiens remplaçants n'ont pas joué cette coupe du monde, tous les joueurs de champ qui faisaient banquette, ont participé au moins à une rencontre. On croyait que la prolongation allait être fatale à la Roja au vu du temps de repos inférieur dont ont bénéficié les Bataves (24 heures de plus), il n'en a rien été. Les Espagnols arrivaient au contraire à asseoir la maîtrise de la situation en s'offrant des occasions à tire-larigot. Au plus profond de leur domination, l'expulsion de Heitinga à dix minutes de la fin devenait le tournant du match et c'est en toute logique qu'Iniestas l'homme du match offrait , sur une passe lumineuse de Cesc Fabregas, à l'Espagne, cette couronne qu'il leur avait échappé jusqu'ici à en faire un complexe. Les Espagnols ont depuis dimanche réparé l'erreur, c'est mérité. Ils sont entrés dans la légende, que la fiesta commence ! Pour l'histoire et la beauté du jeu on retiendra le côté fair-play hollandais à travers cette haie d'honneur et le titre de meilleur joueur à Diego Forlane, un joueur évoluant… évidemment en Liga. Paul le poulpe le devin céphalopode a toujours tiré, le drapeau gagnant. Ne s'étant jamais trompé, il ne finira donc pas dans une paella.