Au Maroc comme dans d'autres pays, les initiatives rendant hommage au défunt Mohamed Abed El Jabri se multiplient. À Beyrouth, des hommes de lettres et des universitaires ont mis en exergue l'héritage intellectuel du philosophe lors d'une conférence traitant des idéologies dans la pensée arabe contemporaine dont les travaux ont démarré en début de semaine. «Le défunt penseur fut une figure de proue de la pensée, du savoir, de l'ijtihad et de l'innovation, qui conduisait nos pas au moment où la pensée arabe se frayait un chemin au milieu des ténèbres», dira, de feu Abed El Jabri, le directeur du centre d'études de l'unité arabe, Kheir Eddine Hassib. «Nous saisissons l'ampleur du vide que laissera la disparition du cher défunt sur la scène de la pensée dans le monde arabe et ailleurs», a souligné Hassib, ajoutant que feu Abed El Jabri forçait l'admiration par ses qualités de grand penseur, mais aussi d'homme généreux et modeste. «Notre grande compassion est que feu El Jabri nous lègue une école et un héritage d'une grande valeur intellectuelle qui demeureront à jamais une source intarissable de savoir pour les générations actuelles et futures comme l'avaient fait avant lui d'autres penseurs de sa trempe tels que Ibn Rochd et Ibn Khaldoun», a-t-il poursuivi. En signe de reconnaissance de toutes ces qualités, le centre d'études de l'unité arabe organisera, à une date qui sera annoncée ultérieurement, un hommage au défunt penseur, a annoncé Hassib. Cinq penseurs marocains prennent part à cette conférence qui se propose de mieux cerner la problématique du lien entre connaissances et idéologie dans la pensée arabe contemporaine. Il s'agit de Saïd Bensaïd Alaoui, Kamal Abdellatif, Ali Oumlil (par ailleurs ambassadeur du Maroc au Liban), Abdelilah Belkziz et Mohamed Cheikh. Loin de Beyrouth, une rencontre philosophique prévue le 22 mai à Fès rendra un vibrant hommage au philosophe marocain. Les participants passeront au crible quelques-uns des grands moments ayant marqué la vie de cet intellectuel dont la notoriété a dépassé les frontières du monde arabe. Quatre axes majeurs en relation avec les principales œuvres du défunt seront ainsi soumis au débat, à savoir «relecture du patrimoine», «modernité et patrimoine», «critique de la raison arabe» et «lecture nouvelle du texte religieux». Rappelons que Mohamed Abed Al Jabri est décédé le 3 mai à Casablanca à l'âge de 75 ans. Il est universellement reconnu comme l'un des grands philosophes et spécialistes contemporains de la pensée dans le monde arabe et islamique.