Après une présentation en grande pompe au Souverain, et un passage on ne peut plus serein devant la presse, Karim Ghellab présentera aujourd'hui la stratégie nouvelle née de la logistique au siège du Patronat qui avait donné lieu également à un contrat-programme avec la CGEM, signé le 20 avril dernier. Autant dire que c'est un travail de longue haleine qui a été accompli, le projet ne datant pas d'hier. Quant au contrat-programme, il résulte d'un accouchement dans la douleur, puisque les opérateurs étaient assez réticents sur bon nombre de points stipulés. Parmi eux, la charge de travail restant à accomplir au niveau des contrats d'application, prévus au nombre de dix. À ce sujet, Ghellab s'est voulu rassurant : «Le calendrier de mise en œuvre est très serré. Sur le court terme, (mi-2011) il faut promouvoir la stratégie au niveau national et international. Quant à l'AMDL (Agence marocaine pour le développement de la logistique), elle sera créée dès l'adoption de la loi y afférente».En outre, durant cette période, la signature de tous les contrats d'application prévus par le contrat-programme est également prévue, sans oublier la création de l'Observatoire de la compétitivité logistique, et le lancement de la réalisation de la zone de Zénata, ainsi que de sa liaison routière avec le port de Casablanca. Néanmoins, les griefs des professionnels ne s'arrêtaient pas au contrat d'application. Le choix même de la zone logistique multiflux (ZMLF) de Zénata a été des plus contestés. Mais pour Ghellab, ce choix s'est imposé de lui-même : «Il y a eu une longue recherche pour trouver les terrains éligibles. Or, Zénata offre la possibilité de faire sortir les marchandises du port de Casablanca et de les connecter au réseau autoroutier, de la manière la plus courte possible». Avant d'investir les lieux, il a fallu auparavant discuter avec la CDG, qui comptait faire de cet emplacement une zone industrielle. Avec le développement du projet, le ministère de l'Equipement et des transports espère donner une vocation économique, centrée autour des services logistiques, à la ville de Zénata. Les professionnels redoutaient l'absence de mesures incitatives Quant à la répartition foncière de la zone, elle demeure majoritairement entre les mains d'institutions publiques, à savoir l'ONCF, la CDG, l'ANP (Agence nationale des ports) et la SNTL (Société nationale de transport et de logistique). Or, le partenariat étant conclu entre l'Etat et le secteur privé, «le foncier devrait être ouvert au privé, puisque le contrat-programme a été conçu dans le cadre du partenariat public-privé», avait déclaré Mohammed Talal, président de la commission Logistique de la CGEM, lors d'un exposé au sein de la Confédération. Les divergences entre le ministère et le patronat ont-elles été dépassées ? En tout cas, pour Talal, l'enjeu est clair : «Nous sommes condamnés à réussir ce contrat-programme». Cependant, un autre défi s'impose, celui du «remplissage» des ZMLF par les entreprises fournissant des services liés à la logistique.Sachant qu'il n'y a aucune contrainte pour elles de déménager dans les zones dédiées, le challenge s'annonce ardu, sans de réelles incitations pour ces sociétés. Cependant, pour Ghellab, la disponibilité du foncier devrait être un facteur convaincant. Le ministre compte également sur la CGEM pour encourager le recours à ces prestataires. Gageons que le patronat aura fort à faire dans les mois à venir.