L'Espagne est en deuil. Neuf personnes ont trouvé la mort et des centaines blessées dont trois dans un état critique suite au tremblement de terre qui a secoué mercredi la localité de Lorca dans la région de Murcie. Un bilan jugé lourd qui a laissé en émoi la population de cette région connue pour sa forte activité sismique. À la première heure, le ministre de l'Intérieur et premier vice-président du gouvernement Alfredo Rubalcaba s'est rendu sur les lieux en compagnie de la ministre de la Défense Carmen Chacon pour évaluer l'ampleur des dégâts. Environ 300.000 personnes ont passé la nuit dehors de peur d'une réplique plus puissante. L'on recense parmi les victimes deux femmes enceintes. Aussitôt, l'armée a couru au chevet des victimes. Dès la matinée de jeudi, environ 420 militaires appartenant à l'Unité Militaire d'Urgences ont prêté main forte aux sinistrés. Trois grands campements ont été dressés pour accueillir les victimes. La nuit du tremblement, environ 12.000 personnes, en grande majorité des immigrants, ont dormi à la belle étoile. D'où cette déclaration du maire de Lorca, Francisco Jodar, que plus personne ne passerait la nuit dans la rue. La secousse a engendré une large vague de solidarité. Près de deux cents pompiers de Madrid se sont portés volontaires pour épauler la région sinistrée et venir en aide à leurs collègues. Des communautés, comme celle de Madrid, ont acheminé des tentes, des repas pour environ 450 personnes, des boissons auto-chauffantes, des lits et des couvertures. De même, il était prévu l'envoi d'équipes techniques de pompiers afin d'inspecter les édifices affectés et faire une première évaluation technique des dégâts matériels. Aux dernières statistiques, 80% des maisons ont été affectées par la secousse de mercredi. Il est prévu que le gouvernement espagnol adopte vendredi lors du Conseil des ministres des mesures pour la reconstruction de la localité sinistrée. Selon les géologues, la secousse sismique n'est pas la responsable de l'écroulement de certaines parties des édifices. Une secousse de 5,2 sur l'échelle de Richter ne devrait pas causer autant de dégâts matériels. La seule explication selon les experts est que ces bâtiments souffraient déjà de dommages. L'histoire se rappelle... L'Ordre des géologues espagnols a déploré qu'une secousse d'une intensité moyenne engendre autant de victimes. Selon le président de cet Ordre, la secousse a libéré une énergie équivalente à 200 tonnes de TNT. C'est la première fois qu'un tremblement de terre fait des morts depuis 1884 où 900 personnes avaient péri dans une secousse ayant frappé la région de Grenade. La zone est réputée pour son intense activité sismique. D'ailleurs il y a seulement deux mois les géologues avaient mis en garde contre une imminente secousse «dévastatrice». Pour rappel, la dernière fois que la terre a tremblé en Murcie remonte à 2006. En 1999, 2002 et 2005, la zone a connu des secousses d'une magnitude de 4,7 sur l'échelle de Richter. Murcie, Grenade et le sud d'Alicante sont les régions les plus «chaudes» en termes d'activité sismique. D'après les géologues, certes l'Espagne ne se trouve pas dans une zone d'un tremblement de terre de 8 degrés, mais les dégâts pourraient être importants même avec une secousse moindre. Trois minutes de silence ont été observées à Madrid en hommage aux victimes et en solidarité avec les habitants de cette ville en deuil. La campagne électorale s'est offert un moment de répit en solidarité avec les sinistrés. En effet, plusieurs partis politiques ont suspendu leurs meetings électoraux jeudi. Lorca a décrété trois jours de deuil.