Les mêmes remèdes sont souvent prescrits aux mêmes maux. Aujourd'hui, c'est dans le domaine de la pêche que l'idée s'applique. La tutelle vient en effet de mettre en gestation «une stratégie de labellisation des produits de la mer». Si le concept de certification semble marcher pour les produits du terroir dans l'agriculture, pourquoi ne pas l'appliquer dans le secteur halieutique? À terme, cela semble être l'un des premiers «gros» projets de Halieutis, dont l'avancement de la mise en œuvre est déjà très décrié dans le milieu professionnel. De fait, on n'en est encore qu'au stade de lancement des études relatives à cette stratégie de labellisation des produits de la mer. Une première phase portera sur l'état des lieux de la labellisation au Maroc, et l'analyse des tendances internationales. L'objectif est de dresser un tableau complet des différentes pratiques concernant la labellisation et de déterminer les enjeux et possibilités offertes par cette opération. Au regard de cela, la tutelle compte également porter sa loupe sur les atouts et faiblesses du royaume. Cette étape devrait mener directement vers une phase de benchmark des labels et autres signes distinctifs au niveau national et international. En deuxième lieu, devrait intervenir une phase dans laquelle seront déclinés les différents scenarii de labellisation envisageables, ainsi que la sélection des opportunités en termes de commercialisation sur les marchés étrangers notamment. Cette phase devra ainsi permettre de déterminer le triptyque labels/produits/marchés prioritaires. La dernière phase de conception de cette stratégie portera sur la définition des modalités de mise en œuvre des opportunités de labellisation. Autrement dit, une feuille de route devrait être proposée par le ministère d'Akhannouch, résumant le plan d'action de la stratégie. Balisage Du côté des professionnels, leur réaction se faisait toujours attendre jusqu'au moment où nous mettions sous presse. Toutefois, des avis recueillis de sources officieuses du secteur semblent favorables à la portée du projet de labellisation et des impacts escomptés sur la commercialisation des produits. Dans ce même registre d'ailleurs, le hasard du calendrier donne une connotation particulière à la préparation de cette stratégie. Le contexte est en effet marqué par l'approche des prochaines échéances d'ouverture et de libéralisation commerciales vis-à-vis des marchés européens. D'autre part, l'Union européenne ne cesse, depuis plusieurs mois déjà, lors des discussions au Parlement européen, d'envoyer des signaux aux autorités marocaines quant au respect des normes -de plus en plus strictes et complexes- d'exportation de produits à usage alimentaire vers les pays du Vieux Continent. Sur cette base, il semblerait tout aussi clair que l'approche développée ici, par la tutelle, soit une préparation du terrain des échanges.