Akhannouch est déterminé. Le ministre de la Pêche ne veut pas seulement prouver, mais aussi convaincre en se dotant des augments qu'il faut. Parmi ces arguments, démontrer concrètement, d'une part, qu'Halieutis ne tangue pas et, d'autre part, que la grosse polémique sur les retombées des recettes de l'accord de pêche Maroc-UE, au profit des populations du sud du pays, s'est définitivement désenflée. Pour la nouveauté, Laâyoune-Dakhla sera en effet le deuxième pôle halieutique de compétitivité à sortir de terre au Maroc, parmi les trois prévus dans le cadre de la stratégie Halieutis. L'idée est de promouvoir, dans cette région, comme dans les deux autres ciblées (centre et nord), la croissance de la valeur ajoutée liée à la transformation des produits de la mer et la création d'emplois dans le secteur. Le département de la Pêche n'en est encore qu'«au stade de l'étude de faisabilité», mais l'annonce du lancement de ce projet dans les mois à venir, vient s'inscrire dans un contexte assez particulier. En effet, si le projet existait bel et bien depuis le lancement du plan de développement du secteur halieutique, il n'en reste pas moins que bon nombres de professionnels étaient peu favorables à quelques éléments relatifs au concept initialement proposé par le département de la Pêche. Valeur ajoutée ? En effet, ce pôle de compétitivité halieutique sera notamment composé d'infrastructures de débarquement de pointe, et verra le développement d'une zone d'activité de nouvelle génération. Il s'agit en effet de favoriser l'installation d'unités de transformation au sein de parcs dédiés à cet effet, et attirer des investissements nationaux et internationaux dans le domaine de la transformation des produits de la mer. Ce détail en fera sans doute réjouir plus d'uns du côté des professionnels. «Au départ, le ministère avait prévu que ce pôle de compétitivité ne se limiterait qu'au débarquement et à la congélation des petits pélagiques, qui seraient ensuite envoyés vers le pôle centre, au Parc Haliopolis d'Agadir», nous explique ce responsable de la représentativité syndicale des professionnels du secteur. «Nous nous demandions donc quel serait l'utilité de construire ce pôle, s'il devrait uniquement se limiter à ces activités. Le projet n'avait ainsi aucune valeur ajoutée à nos yeux, et était désavantagé dès le début par rapport aux autres pôles, et par rapport aux objectifs même du plan Halieutis», poursuit la même source. Cette valeur ajoutée, on la retrouve maintenant inscrite, noir sur blanc, dans le document résumant les prescriptions spéciales relatives au projet, rendu public la semaine dernière par le département de la Pêche. «Les activités les plus prometteuses de transformation des produits de la mer, susceptibles de s'installer dans le pôle, seront identifiées et leurs potentiels de développement évalués», indique-t-on. Par ailleurs, une plate-forme logistique y sera également intégrée pour «assurer la liaison avec les autres pôles du royaume», ainsi que des services connexes. De plus, deux centres – l'un pour la R&D et l'autre pour la formation – seront notamment construits. L'objectif, in fine, est de coordonner les actions de la recherche, des professionnels et de la formation. Le pôle permettrait ainsi de créer des synergies entre les différents intervenants «entreprises, les instituts de formation, de recherche, et les collectivités locales». Faudrait-il toutefois patienter pour qu'on en arrive à ce stade. Parce qu'un autre défi sera à relever , celui du temps. Du concret D'autre part, l'annonce de la mise en œuvre de ce projet, comme indiqué un peu plus haut, pourrait être un point très positif pour le royaume. Le Maroc et l'UE viennent d'entamer, dans le cadre de ce qu'on appelle le «Protocole d'accord», douze mois de réflexions et de rediscussions, relatifs à quelques aspects inhérents au partenariat qui vient d'être renouvelé pour les cinq prochaines années. Le projet ainsi initié de pôle de compétitivité et de développement des activités halieutiques dans les régions du sud, devrait enterrer, pour de bon cette fois, les griefs qu'entretenaient les eurodéputés par rapport à la profitabilité équitable des recettes constituées par la contrepartie versée au Maroc. Un rapprochement approuvé par un membre de la Fédération de la Pêche maritime (FPM), qui pense par ailleurs que le «débat semble aujourd'hui dépassé et le royaume a fourni les explications attendues». S.F Triptyque des pôles halieutiques À des kilomètres vers le nord de Laâyoune, Haliopolis, un autre pôle dédié aux activités halieutiques, vient tout juste de lancer la commercialisation de sa première phase. Celle-ci porte sur 70 hectares, en attendant la livraison des deuxième, troisième et quatrième phases qui composent le projet et qui ne seront disponibles qu'en 2017. L'investissement global pour la réalisation du parc Haliopolis, à Agadir, portera sur une enveloppe de 6,6 milliards DH. Le potentiel de transformation des produits de la mer est estimé à 500.000 tonnes à terme, sur une superficie totale de 150 Ha dans la commune de Drarga (aux environs d'Agadir). Il est aussi prévu la création de plus de 20.000 emplois pour faire tourner tout cela. Les promoteurs sont la région du Souss-Massa-Draâ, qui représente le secteur public, le Fonds régional Igrane, le Crédit agricole du Maroc et la société MEDZ, filiale de CDG Développement. La troisième zone de compétitivité halieutique sera implantée à Tanger. En fait, ce ne sera qu'une partie d'un pôle de compétitivité mixte de transformation des produits agricoles et halieutiques. La partie halieutique sera ainsi dédiée à la transformation des poissons à HVA, essentiellement issus de l'importation et de l'aquaculture (crustacés, poisson blanc, produits conchylicoles...).