«Le Maroc est un acteur décisif en matière d'engagement climatique et énergétique. Je peux même dire que c'est un leader indispensable sur ces questions. La preuve : en 1993, seuls 18% du Maroc avaient accès à l'énergie. En 2009, cela est passé à 96%. C'est une performance exceptionnelle, qui signifie que le Marocain n'a plus besoin de quitter son pays pour avoir de l'eau et de la lumière, deux éléments essentiels à la vie et au savoir». Ce sont là les déclarations somme toute pleines de symboles du ministre français Jean-Louis Borloo, lors de sa rencontre le jeudi 22 avril avec Amina Benkhadra, en marge de la Journée de la Terre. Borloo salue au passage la démarche visionnaire du Maroc. «On comprend la portée de ces efforts, lorsqu'on sait que 60% des pays de la planète vont devoir changer leur modèle énergétique. La capacité extraordinaire du Maroc à réussir ces grandes mutations sans perdre sa cohésion montre donc que ce pays n'est pas un pays de discours, mais un pays d'action». Le ministre français a vite fait de trouver la transition vers la coopération maroco-française en matière d'énergie. «Nous sommes sans doute en avance sur le plan de l'efficacité mais sur le plan de la production, nous avons besoin du Maroc et l'Afrique aussi en a besoin. De ce fait, on peut considérer que le Maroc est un carrefour énergétique». Et les engagements suivent... Cet événement a été donc l'occasion pour les deux ministres de s'entretenir sur différentes problématiques liées à l'environnement, mais aussi de donner un nouvel élan à la coopération énergétique entre le Maroc et la France. L'objectif était de renforcer les seize conventions et accords commerciaux déjà signés en avril 2008 et l'accord-cadre liant les deux pays depuis février 2007. Les nouveaux accords portent notamment sur l'efficacité énergétique avec la création d'une ville pilote (Chrafat) à faible consommation d'énergie d'environ 200.000 habitants. Dans ce cadre, la France prendra en charge le volet études pour une enveloppe de 521.158 euros, le Maroc quant à lui assurera le financement et la réalisation de la construction. Cet accord prévoit également la mise en place d'un code d'efficacité énergétique pour le secteur du bâtiment financé sous forme de don à hauteur de 0,9 million d'euros par le Fonds français pour l'environnement mondial (FFEM). L'exécution du programme est assurée par l'ADEREE et Al Omrane. Quant à la maîtrise d'ouvrage de la partie financée par le FFEM, elle est confiée à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME-France). Une convention de crédit a été aussi signée entre l'Agence française de développement (AFD) et l'Office national de l'électricité (ONE). Celle-ci concerne le financement de la cinquième et dernière tranche du Programme d'électrification rurale globale pour un montant de 30 millions d'euros. Une troisième convention liant cette fois-ci l'ADEREE-Maroc et l'ADEME-France est conclue dans le but, entre autres, d'encourager le partenariat en matière d'investissement dans les technologies propres entre les opérateurs marocains et français dans tous les secteurs économiques, surtout ceux du bâtiment et de l'urbanisme. Les atouts du Maroc Selon les acteurs impliqués dans la démarche, ces engagements pris de part et d'autre trouvent leur raison d'être dans les avancées réalisées par le Maroc ces dernières années en matière de développement énergétique et de développement durable. Comme l'a fait remarquer Jean-Louis Borloo, cette réalité est palpable, car alors que la moyenne globale d'accès à l'énergie en 2009 est de 18% au niveau du continent, le Maroc fait preuve d'une performance admirable de 96%. Ce résultat étant plus ou moins en phase avec les préoccupations environnementales, le pays n'aura donc pas besoin de changer en profondeur son modèle énergétique pour s'y adapter. Le deuxième avantage du Royaume est lié à la mise en place de nouvelles politiques plus conformes aux contraintes climatiques et environnementales, et visant à accentuer les initiatives nationales en matière de développement durable. Un Plan national d'actions prioritaires (PNAP) a été adopté pour assurer l'adéquation entre l'offre et la demande électriques pour la période 2008-2012 et dont l'efficacité énergétique constitue une composante importante. Dans ce cadre, des conventions de partenariat en vue de promouvoir l'efficacité énergétique ont été signées avec les ministères chargés du Transport, de l'Habitat, de l'Industrie et avec plusieurs régions du Royaume et font l'objet d'un suivi régulier. L'Etat a créé un Fonds de développement énergétique doté d'une enveloppe d'un milliard de dollars pour participer à l'effort national en matière d'efficacité énergétique. La charte de l'environnement vient également encadrer ce champ, en instituant les droits et les devoirs environnementaux que les citoyens se devront de respecter, ainsi que nous l'a signalé Amina Benkhadra (la ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement) lors d'une récente interview. La refonte du cadre législatif et réglementaire pour donner la visibilité nécessaire aux investisseurs et aux opérateurs du secteur énergétique arrive quant à elle en fin de parcours. Les nouvelles lois relatives aux énergies renouvelables et à la transformation du CDER en Agence pour le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique ont été adoptées et le projet de texte sur l'efficacité énergétique a été entériné par le conseil des ministres. Cet ensemble d'éléments, estime-t-on, constitue un atout stratégique à même de positionner le Maroc comme pivot dans l'élaboration et la mise œuvre des actions conjointes entre l'Afrique et l'Europe sur les questions de l'environnement, de l'énergie et de l'adaptation aux changements climatiques.