«Les échos» : Le Maroc a été choisi pour célébrer le 40e anniversaire de la Journée de la Terre,c'est un message fort et une grande symbolique, que doit-on en retenir ? Meriem Bensalah : Le Maroc a en effet été choisi pour accueillir Earth Day, un événement planétaire qui vise à placer l'environnement au cœur des préoccupations des politiques et des citoyens. Notre pays a entrepris depuis quelques années une politique ambitieuse dans le domaine de la protection de l'environnement et du développement durable en plaçant l'élément humain au centre de sa réflexion. Sous les hautes directives de Sa Majesté le Roi, de nombreux chantiers environnementaux ont été lancés : aménagement urbain, extension des réseaux d'assainissement et d'accès à l'eau potable, politique des barrages, préservation des milieux naturels... Actuellement, le Maroc souhaite s'inscrire dans la dynamique environnementale en cours à travers le monde et devenir un acteur des changements profonds de nos comportements. Aujourd'hui, le Maroc accueille pour la première fois sur le continent africain, et au monde arabe, l'un des événements environnementaux les plus prestigieux. C'est une véritable reconnaissance des efforts et de la politique environnementale de notre pays. De nombreux éminents militants écologistes seront également présents à cette occasion et saluent tous unanimement les efforts entrepris par le Maroc dans ce domaine. C'est une réelle opportunité pour nous d'accueillir cet événement qui a mobilisé de nombreux acteurs de notre société et permis de sensibiliser des millions de Marocains à travers un travail de fond durant des mois et avec le soutien des différents médias. C'est une occasion pour nous de prendre conscience de la fragilité de notre Terre et de la nécessité d'agir pour la protection durable de notre environnement. Selon vous, dans quelle mesure le choix de Rabat comme ville première peut-il donner une impulsion aux orientations du Maroc en faveur des énergies renouvelables ? Rabat jouit d'un rayonnement non seulement en raison de son statut politique, en tant que capitale du Royaume, mais aussi grâce à sa culture et à son histoire. Rabat doit forcément jouer un rôle de levier pour les grandes orientations et les chantiers stratégiques qu'entreprend notre pays. Elle doit aussi donner l'exemple, en termes de bonne gouvernance et d'implication des différents acteurs (autorités locales, entreprises, société civile et citoyens) dans le développement durable de leur ville. Selon vous, la campagne médiatique en faveur de l'environnement a-t-elle réellement débouché sur une prise de conscience générale ? Depuis le discours de Sa Majesté le Roi, le 30 juillet 2009 à l'occasion de la fête du Trône, la question de l'environnement a pris une ampleur qui ne peut qu'être saluée et encouragée. Un travail de communication et de sensibilisation a été entamé à l'occasion du lancement des concertations régionales autour de la Charte nationale de l'environnement et du développement durable, pour inciter l'ensemble des acteurs à s'impliquer pleinement dans ce projet de société. Cette campagne avait non seulement pour objectif de rapprocher le thème de l'environnement des préoccupations quotidiennes du citoyen mais également d'inscrire la protection de l'environnement dans l'éthique et la conduite individuelle et collective. Pour la Journée de la Terre, une campagne de sensibilisation a non seulement été diffusée par les médias mais également déployée par de nombreux organismes étatiques, ministériels, associatifs, professionnels... Une prise de conscience générale est et doit être obtenue pour changer les mentalités et nos comportements quotidiens. Au quotidien, on ne peut pas vraiment dire que le comportement des citoyens ait beaucoup changé. Pourquoi les gens ont-ils du mal à s'impliquer concrètement ? Les comportements changent progressivement et continueront de changer au fur et à mesure des efforts. La campagne de sensibilisation a pour objet d'éveiller les consciences sur la question environnementale, d'informer et de sensibiliser le grand public sur l'impact de chacun de nos gestes sur notre environnement et de démontrer ainsi que sans un comportement responsable envers notre Terre, des changements durables peuvent affecter notre quotidien : sécheresse, contamination des eaux, maladies, pollution... L'événement que nous vivons aujourd'hui a rappelé la formidable capacité des Marocains à se mobiliser et c'est cela le plus important, qu'on puisse renforcer le dialogue et la volonté d'avancer ensemble. On ne peut plus vivre dans l'indifférence et prétendre vouloir bénéficier d'une bonne qualité de vie sans nous préoccuper de notre avenir et de celui de nos enfants. Des intervenants et des artistes de renommée internationale participeront à cet événement. Peut-on y voir une reconnaissance de l'engagement du Maroc en faveur de l'environnement ? C'est bien entendu une reconnaissance, les personnalités invitées à prendre part à cet événement le font de manière volontaire car ils souhaitent encourager notre pays à poursuivre ses chantiers environnementaux et saluer sa politique ambitieuse dans le domaine de la préservation de l'environnement. Comment capitaliser sur l'engagement collectif résultant de cette manifestation. Des actions «post-Journée de la Terre» sont-elles prévues ? À l'occasion de la Journée de la Terre, un mouvement imparable a été lancé pour mobiliser l'ensemble des acteurs de la société pour faire de cet événement un succès. Il constitue également une occasion qui a permis de réunir plusieurs groupements autour de cette cause. A titre d'exemple, les associations œuvrant dans le domaine de l'environnement dans la ville de Rabat ont décidé de s'unir dans un collectif pour fédérer leurs efforts et initiatives à l'occasion de la Journée de la Terre. Il en est de même pour les entreprises : plusieurs groupements professionnels ont également mobilisé les initiatives des entreprises de plusieurs secteurs pour renforcer leur action. Je pense que le rassemblement de ces groupements est un signe fort de l'implication des différents acteurs dans cette cause et c'est un mouvement qui se poursuivra et qui doit se poursuivre pour l'intérêt de chacun et de tous. La plupart des actions listées sur le site sont des actions de sensibilisation, pensez-vous que cela soit suffisant ? Les actions de sensibilisation ne peuvent être sous-estimées : c'est la pierre angulaire de notre action. Il est nécessaire de sensibiliser notre entourage et le grand public à cette question pour rappeler les enjeux et les défis que notre pays et notre planète doivent affronter et, surtout, transmettre ces principes aux jeunes générations. La sensibilisation se fait également dans les deux sens, puisque de nombreuses associations ont pris l'initiative d'écrire à leurs élus pour les interpeller sur le sujet. Le site Internet de la Journée de la Terre vise à rassembler les initiatives et actions menées par les particuliers, les organismes publics, les entreprises et les associations en faveur de l'environnement. De nombreuses actions sont prévues sur le terrain et rapportées sur le site. Sensibiliser et agir sont les deux piliers de l'action environnementale. Peut-on en déduire que tout le monde est sensible à la question de l'environnement mais que peu d'entreprises sont vraiment disposées à agir ? Le degré de sensibilisation a sans doute connu un bond depuis le lancement du processus de la Charte de l'environnement et de la Journée de la Terre. Dans les différents contacts avec les entreprises, celles-ci se sont montrées souvent intéressées par cet événement et ont montré leur disposition à se mobiliser pour sensibiliser leur personnel et agir sur le terrain. C'est aussi une question d'image : les entreprises marocaines ou implantées dans notre pays veulent de plus en plus soigner leur image et s'impliquer dans le développement durable du pays. Nous souhaitons sincèrement que ce mouvement puisse s'inscrire dans la durée et introduise une éthique environnementale durable dans la gestion des entreprises.