Le tout numérique en France provoquera-t-il le «rien parabolique» au Maroc ? La question se pose à une année de ce fameux tout numérique. Néanmoins, le Royaume n'est pas le seul pays concerné par le passage des chaînes de l'Hexagone au mode numérique terrestre. En effet, le passage définitif à la TNT devrait perturber les habitudes télévisuelles de plus d'un foyer dans la région. Mais jusqu'à quel point ? Après avoir joué plusieurs années durant au cache-cache numérique avec TF1, Canal+, M6 ou les chaînes du groupe France Télévision, pour ne citer qu'elles, les pirates maghrébins, devenus des experts en la matière, risquent fort de se trouver, d'ici le 30 novembre 2011, devant un os... cathodique. Autant réfléchir dès aujourd'hui à la reconversion de ces assiettes gigantesques qui trônent depuis près d'une vingtaine d'années sur les toits des foyers maghrébins. Beaucoup de bruit pour rien Plus de chaînes françaises au Maghreb, mais une seule chaîne méditerranéenne. «Un mal pour un bien», diront certains. C'est en tout cas l'ambition de la Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen (COPEAM) qui, lors de sa 17e réunion à Paris, a vivement appelé les partenaires de la région à travailler ensemble pour la réalisation de ce projet de chaîne de télévision méditerranéenne. Possible ! Reste encore à être compétitif, dans un paysage audiovisuel en constant mouvement et à forte concurrence, car penser que le passage à la TNT en France créera un effet papillon de grande envergure dans la région serait faire abstraction du paysage audiovisuel arabe. Et quel paysage ! Al-Jazeera, MBC, Rotana, Abou Dhabi TV ou Al- Arabiya sont autant de chaînes libanaises, émiraties, saoudiennes, ou qataries fortement implantées dans la région. Pour ne parler que du Maroc, la dernière étude Intermétrie, réalisée par l'agence de mesure d'audience télévisée Marocmétrie, datant de janvier 2010, en témoigne largement. Mesurant l'audience détaillée des chaînes de télévision non couvertes par la mesure audiométrique mensuelle et agrégées en «total autres chaînes», l'étude Intermétrie offre une visibilité des audiences et informe sur le taux de pénétration des chaînes satellitaires au Maroc. Constat, sur la quinzaine de chaînes étrangères classées, aucune télévision française n'est répertoriée. Sachant que l'étude réalisée sur un panel de 3.333 individus (représentatifs de la population marocaine) demande à chaque interviewé les chaînes regardées la veille (sur une période de 14 jours), il apparaît clair que le marché maghrébin ne représente pas ce que l'on pourrait qualifier de riche vivier de téléspectateurs pour les chaînes hexagonales. Ainsi, les opérateurs du Nord peuvent être rassurés, il n'y aura pas de «trou noir», au Maroc en tout cas, après le passage au tout numérique de l'autre côté de la Méditerranée. Dommage pour ces pirates des câbles, qui devront pour le coup redoubler d'efforts pour leur niche de clients, d'autant plus que les solutions payantes, type bouquet de Canal+, devraient, elles, se multiplier. Une petite concurrence qui devrait, au final, satisfaire les quelques férus de la francophonie cathodique.