Le constat mérite d'être rappelé. La bonne santé du secteur agricole est étroitement liée à celle du Crédit Agricole. Dans un message adressé aux participants des quatrièmes Assises de l'agriculture, le souverain a été on ne peut plus clair sur le rôle que doit jouer la banque verte pour redonner un souffle aux agriculteurs, particulièrement ceux ne disposant pas d'assez de moyens financiers. Dans ce sens, CAM a été exhorté à mettre en place un système de rééchelonnement des dettes des petits agriculteurs contractées auprès de la banque suivant des critères objectifs et équitables. Pourtant, il faut dire que la banque verte a déjà pris les devants en annonçant, en mars dernier déjà, une large opération de rééchelonnement au profit des petits agriculteurs qui ont des encours impayés ou qui ont juste un besoin de capacité d'investissement. Faciliter l'accès au financement De ce fait, le message royal, au-delà d'une simple incitation, prend surtout l'air d'une confirmation de la mise en place de cette mesure et une garantie à sa concrétisation, au grand bonheur des agriculteurs en difficulté de remboursement, qui se chiffrent aujourd'hui à 90.000 sur les 250.000 engagés avec la banque. Pour cette dernière aussi, l'intérêt d'une telle démarche est considérable. Le rééchelonnement de ces dettes est, certes, un moyen de contribuer au financement du Plan Maroc Vert, mais également un outil pour le Crédit Agricole de récupérer une grande partie des 2MMDH de créances en souffrance. D'ailleurs, en 2010, ce poste a constitué l'une des principales préoccupations du CAM. «La banque a poursuivi ses efforts de provisionnement, notamment en ce qui concerne les créances en souffrance antérieures à 2002 et qui seront totalement provisionnées à la fin de l'exercice 2011», explique-t-on auprès du management de la banque. En d'autres termes, à partir de 2012, Crédit Agricole devrait franchir le pas d'une nouvelle ère où la croissance des bénéfices romprait avec la tendance actuelle vu que le poids des créances en souffrance ne pèsera plus autant sur les résultats. Quoi qu'il en soit, pour les agriculteurs, cette mesure de rééchelonnement des dettes sera également un moyen d'accroître leur capacité à recourir aux concours bancaires. Pour l'heure, le gouvernement estime que seules 10% des exploitations agricoles sont éligibles au financement bancaire. Là aussi, c'est une autre opportunité qui s'offre au Crédit Agricole dans le sens où elle pourra accroître ses réalisations commerciales vis-à-vis de sa principale catégorie de clientèle ciblée. Ce potentiel est d'autant plus avéré que les études réalisées par le département de l'Agriculture font ressortir que les besoins de financement potentiel pour une campagne agricole normale sont de l'ordre de 35 milliards de DH. Or, les crédits bancaires destinés au secteur agricole représentent moins de 17%. En attendant d'en profiter, la banque commence à afficher une santé financière bien plus saine qu'il y a quelques années. Pour preuve, l'ensemble des indicateurs financiers du Crédit Agricole sont ressortis dans le vert en 2010. À commencer par le PNB qui a gagné 7% pour atteindre 2,27 MMDH ainsi que le résultat brut d'exploitation qui prend 5% pour s'établir à 1,12 MMDH. Au final, en dépit de l'impact de la politique de provisionnement des créances en souffrance, les bénéfices de la banque atteignent 372 MDH en progression de 8% comparativement à 2009.