«En 2008, le prépayé représente 96% du marché du mobile contre seulement 4% pour les abonnements et les forfaits», relève le rapport de la Cour des comptes 2009 publié la semaine dernière. Cette structure de marché est l'une des explications directes de la tarification jugée trop élevée des télécommunications au Maroc. En effet, l'Agence nationale de régulation des télécoms se voit reprocher «la cherté du prix de la communication du prépayé qui peut atteindre jusqu'à quatre fois celle du postpayé». La Cour des comptes estime, dans ce sens, que l'ANRT «n'a pas procédé à l'analyse de ce déséquilibre qui fait augmenter le prix moyen de la minute de communication nationale pour le mobile». Un état de fait qui érige le Maroc comme l'un des pays les plus chers en matière de télécommunications dans sa région. Ainsi, un rapport du groupe de consultants arabes «Arab Advisors Group», publié l'année dernière et intitulé «Tarifs cellulaire dans le monde arabe : une comparaison régionale», place le royaume à la deuxième place des pays arabes les plus chers en matière de tarification des télécommunications, après le Liban. L'étude s'est basée sur les prix moyens de 46 fournisseurs de services mobiles opérationnels à fin décembre 2008, en prenant en compte les méthodes de facturation du temps de communication que les opérateurs utilisent, notamment la facturation à la minute qui laisse de plus en plus la place à la facturation par la seconde. Audit des systèmes de facturation Or, le rapport d'audit des systèmes de facturation des opérateurs mené par la Cour des comptes, concernant la minute indivisible et par palier de 20 secondes après la première minute, a montré que le taux de la durée facturée et non consommée peut atteindre plus de 30%. «L'ANRT n'a pas œuvré pour la réduction de ce taux, notamment par la revue des paliers de facturation par les opérateurs qui devaient procéder à une diminution de ces paliers et l'introduction de la facturation à la seconde comme c'est le cas dans plusieurs pays». À signaler que ce mode de facturation a depuis été adopté par les opérateurs nationaux, mais comme cela a été le cas uniquement pour les abonnements et les forfaits, l'effet sur la tarification tarde à se dégager. Les équipes de Azzedine El Mountassir Billah sont appelées à pleinement jouer leur rôle de régulateur, par la mise en place des règles et des mécanismes, en vue d'inciter les opérateurs à diversifier les services offerts aux consommateurs et de minimiser l'écart entre le temps réellement consommé et celui facturé au consommateur. En outre, les équipes d'Ahmed Midaoui recommandent à l'ANRT de procéder à une analyse poussée du marché, qui prendra en compte non seulement le nombre d'abonnés mais aussi le chiffre d'affaires relatif à chaque marché et le nombre total des minutes consommées par marché. C'est à ce prix que le marché national des télécommunications pourra revenir à un niveau de facturation en rapport avec le benchmark international et surtout au niveau de facturation de sa région. «Si l'on ajoute aux recommandations de la Cour des comptes la révision de la marge des opérateurs, la tarification nationale devrait s'inscrire dans la moyenne des standards internationaux», conclut un spécialiste du secteur.