Le ciel est d'un bleu azur. Mais le soleil n'est pas encore assez haut pour dissoudre la froideur du printemps. Nous sommes à Meknès, qui accueille depuis le 15 avril, la 11e édition de son célèbre festival international du cinéma d'animation (FICAM). Cette manifestation a réussi au fil des ans à s'imposer sur le calendrier national des événements culturels. Comme à l'accoutumée, un programme chargé a été conçu par les organisateurs. L'Institut français (IF) de la ville, considéré comme le poumon du FICAM, a été investi dès l'ouverture par une foule assez importante, constituée notamment d'enfants et de jeunes. Au programme, des projections de films (courts et longs métrages), un atelier pratique animé par le réalisateur russe Alexandre Petrov (Oscar du meilleur film d'animation en 1999 pour «Le vieil homme et la mer») et un thé à la menthe avec les cinéastes participants. Hommage à la création russe Au cinéma Dawliz, situé à quelques mètres de l'IF, les professionnels et les passionnés se sont donné rendez-vous pour découvrir les courts sélectionnés en compétition officielle. De l'autre côté de la ville, à Bab El Mansour plus exactement, les fans des arts plastiques ont pu apprécier les toiles exposées en hommage à l'artiste - plasticien Abdelkrim Ouazzani. Bref, une journée bien remplie, qui ne ressemble pas à celle d'ouverture et encore moins aux autres jours du festival. En effet, grâce à une programmation éclectique et haute en couleurs, le FICAM arrive à répondre aux attentes du grand public et des professionnels. La programmation est basée sur la proximité et son objectif est d'associer le maximum de personnes à cette fête cinématographique. Un pari réussi, si l'on sait que le nombre de spectateurs a dépassé l'année dernière le seuil des 20.000. «Grâce à la programmation de cette année, qui rend hommage au cinéma russe, nous espérons dépasser 20.000 spectateurs, même si on a réduit de trois jours la durée initiale du festival», nous confie Mohamed Beyoud, directeur artistique du FICAM. Une dizaine de films marocains Tout au long de la durée du FICAM qui ferme ses portes aujourd'hui, l'IF et les autres sites du festival (cinéma Dawliz, Place Lalla Aouda et Foundouk El Henna) se transforment en une ruche géante. «Je suis une habituée du festival. Je l'ai découvert il y a 3 ans. Depuis, je ne rate aucune édition. C'est une bouffée d'oxygène pour les jeunes de Meknès, puisque ce festival nous permet de découvrir des cinémas d'animation d'horizons très différents. Et puis, c'est vraiment agréable de savoir qu'un festival organisé en province arrive à s'imposer», souligne Amina, une jeune étudiante de 20 ans. Le point fort de cette manifestation à taille humaine, il faut le préciser, est sa capacité d'offrir à tout un chacun la programmation qu'il désire. «Nous avons mis en place un programme destiné au grand public et aux familles, un autre pour tout public et enfin un agenda spécial pour les professionnels et les étudiants. Cet agenda se compose, entre autres, de tables rondes et de conférences thématiques», ajoute Beyoud, qui était derrière la création de cet événement il y a 11 ans. Au-delà des activités mises en place chaque année, les organisateurs qui sont en train de dessiner les contours d'un joli scénario, militent pour que le cinéma d'animation soit enfin réhabilité aux yeux de tous. «Le fait d'inviter le cinéma russe qui puise sa force dans son patrimoine oral, littéraire et culturel n'est pas anodin. Peut-être tirerons-nous de cette édition des enseignements permettant de créer un cinéma d'animation marocain qui puise également sa force dans son patrimoine oral», précise le directeur artistique du FICAM. Conscient tout de même de la difficulté de ce défi, Beyoud tempère : «je sais que cela n'est pas du tout facile... mais à chaque fois, je pense à ces courts-métrages d'animation marocains qui étaient rares il y a quelques années et qui aujourd'hui sont de plus en plus nombreux. Le fait d'en recevoir une dizaine lors de cette édition dans le cadre de Courts Compet' en est d'ailleurs la preuve». L'école spécialisée qui ouvrira bientôt ses portes à Meknès contribuera indubitablement à pallier le manque d'établissements de formation. Une initiative prise par l'IF et les Conserveries de Meknès Aïcha, en attendant que le CCM décide de soutenir toute action qui vise à promouvoir ce genre cinématographique à part entière.