«La plupart des joueurs du championnat national n'ont pas de bilan médical. C'est une question de croyances. Les dirigeants ne font pas confiance à la médecine sportive», ce témoignage n'est pas celui d'un joueur, ni d'un agent de joueurs, mais d'un médecin sportif, bien sûr sous couvert d'anonymat. Beaucoup plus soucieux de faire signer la perle rare, les clubs relèguent, souvent, au second rang, si ce n'est qu'ils font l'impasse sur les tests médicaux. Dernier cas en date, Junior Mokoko recruté par le WAC, en décembre dernier, sans qu'il soit ausculté par le médecin du club, confirme une source proche du Wydad. Dans la logique des clubs, effectuer un contrôle médical revient à débourser plus d'argent, car cela coûte cher. «Normalement, il y a une clause qui stipule qu'un joueur ne peut être déclaré apte que lorsqu'il réussit son test médical», confie notre médecin. Ce témoignage intervient quelques jours après l'échec du transfert de l'ex-attaquant du Difaâ Hassani d'El Jadida, Pape Later N'diaye, vers le club émirati d'Al- Dhafra. Et pour cause : l'ex-buteur de la Botola, dont le compteur s'est arrêté à 9 réalisations, est porteur du virus de l'hépatite B positif. Si les responsables émiratis, qui ont remué ciel et terre pour s'offrir les services de l'attaquant sénégalais, sont revenus sur leur décision, c'est qu'ils avaient leurs raisons de le faire. Même si pour les dirigeants du DHJ, de tels arguments ne tiennent pas la route. Belkhouja toujours parmi nous Contacté par Les Echos quotidien, le président du DHJ était clair. «Ils étaient pressés et pressants pour recruter Later. Sinon, pourquoi ont-ils validé tout ce qui était sur le contrat? Je suis resté toute une journée pour que ce contrat soit fait dans les règles de l'art», explique Mustapha Moundib qui dit avoir un bilan médical du joueur établi selon les normes de la Fédération royale marocaine de football. Pour Later, tout le projet est tombé à l'eau. Sans club, après avoir eu à choisir entre deux, l'attaquant sénégalais ne fait plus partie de l'effectif du DHJ puisqu'il a eu sa lettre de sortie. «Le joueur n'est pas malade. C'est un simple virus. Il peut jouer dans n'importe quel pays du monde», renchérit Moundib. Le cas de Later n'est pas le premier du genre. L'été dernier, l'attaquant marocain du FC Hibernian, Abdeslam Benjelloun, alors en vacances au Maroc, avait été contacté par Al-Ahly du Caire pour un éventuel transfert. Après s'être informé sur son dossier médical, le club égyptien a découvert que l'ex-buteur du MAS était atteint de l'hépatite B. Cela ne l'a pas empêché de rejoindre le club écossais. Selon les règlements de la FIFA, un footballeur a le droit de jouer même s'il porte une maladie. Sauf quand il s'agit d'un problème de cœur. On se rappelle tous du cas du joueur nigérian Nwankwo Kanu, recruté en 1996 par l'Inter de Milan en provenance de l'Ajax Amsterdam. Après la découverte d'une anomalie, Kanu a dû subir une opération à cœur ouvert. Des joueurs avec des problèmes cardiovasculaires, souvent, les clubs n'en veulent pas. Au Maroc, on n'en est pas encore là. Mais à lui seul, le cas de l'ex-défenseur du WAC, Youssef Belkhouja, dont la mort, en 2001, sur la pelouse et en direct sur la télé, est plus que poignant. Mais apparemment pas suffisant pour marquer les esprits.