Plus de 50% des Marocains sont connectés. Un chiffre très révélateur du fort taux de pénétration d'Internet au Maroc. Mieux encore, à en juger par les conclusions du dernier rapport d'enquête réalisé par le cabinet d'études Nielsen, portant sur «Le profil des internautes au Maroc», il apparaît que le web est «le deuxième écran auquel les consommateurs marocains sont le plus souvent confrontés». En particulier les internautes résidant en milieu urbain, puisque c'est sur un échantillon de 1.500 citadins que s'est portée l'étude en question. «Sur 2.708 répondants, nous relevons un taux de pénétration d'utilisation d'Internet de 55%, estimé à 11 millions d'internautes en milieu urbain», avance Céline vanbreugel, directrice du service clientèle de Nielsen Maroc. Conscient des enjeux économiques qu'engage le monde virtuel, les recherches de Nielsen se sont essentiellement penchées sur les habitudes de consommation des internautes marocains, sans pour autant «entrer dans les détails de la Toile» éclaire Vanbreugel. Résultat, l'étude présente aux annonceurs nationaux et multinationales implantées localement une sorte de portrait-robot édifiant de l'internaute marocain, quel que soit son âge, sa catégorie socioprofessionnelle ou sa région. Une première, qui ne sera d'ailleurs pas passée inaperçue auprès des opérateurs nationaux qui «s'arrachent» les résultats de l'étude depuis sa finalisation en juillet dernier. Une question de niveau d'éducation «La grande majorité des internautes actuels ont rejoint la toile depuis plus de trois ans. Seulement 10% d'entre eux y sont présents depuis un an ou moins», affirme la représentante de Nielsen au Maroc. Autrement dit, le taux de pénétration d'Internet est en «légère» perte de vitesse. Attention, l'augmentation du nombre d'abonnés constaté par l'ANRT dans ses rapports n'est en rien contradictoire avec le déclin du nombre de nouveaux entrants. Pour Vanbreugel, «c'est une question de niveau d'éducation ». En effet, bien que l'on n'ait pas échappé à la génération Y, il semble toutefois que les jeunes Marocains soient encore peu au fait des modes d'utilisation des nouvelles technologies de l'information. À ce titre, Nielsen ne manque pas de souligner les efforts mis en place par le gouvernement «pour promouvoir l'utilisation d'Internet et généraliser les services en ligne». C'est par contre «la démocratisation de l'accès à Internet» qui aura favorisé cette recrudescence des abonnements. En particulier au niveau de la 3G. Facile et sans engagement, cette technologie est sans conteste l'outil le plus utilisé par les «surfers» nationaux pour accéder au web. Il y a par contre une autre technologie qui, selon Nielsen est «amenée à évoluer sur le marché marocain», à savoir le mobile. Ce dernier support devrait booster la fréquentation d'accès à Internet. Pour peu, bien sûr, que la formation et l'information en la matière suive à son tour. Aujourd'hui, 47% des internautes mobiles font partie de la classe «supérieure », relève notre interlocuteur. Le reste continue encore en grande partie à se connecter au bureau et dans les cybercafés. Plus surprenant encore, 22% de la population interrogée affirme accéder à Internet «chez des proches ou des voisins». Pour les responsables de Nielsen, «c'est là un constat révélateur de l'importance d'Internet dans le quotidien des Marocains». À la manière des soirées télévision ou des réunions autour du poste de radio aux débuts de ces médias, il apparaît qu'Internet reproduit le même schéma communautaire dans notre société, pour tendre vers une évolution certaine. De l'avis des spécialistes, s'il y a un effort à faire aujourd'hui, c'est aussi bien au niveau des entreprises qu'au niveau des «formations et de l'éducation». Pour l'équipe de Nielsen, les marques doivent développer leur présence sur le Net et suivre leur cible, voire même l'éduquer, car l'internaute d'aujourd'hui est la ménagère ou le chef de foyer de demain. Au niveau de la bancarisation des services, le chantier est encore ouvert. Aujourd'hui, à en croire les chiffres de cette enquête, «seulement 4% des internautes marocains ont déjà expérimenté l'achat sur Internet». Les plus «fonctionnels» à ce niveau sont les sites de voyage ou de transport aérien. Conclusion, si le frein à la consommation de certains services sur le Net est encore présent chez les internautes nationaux, c'est du côté des marques qu'il faut jouer la carte de la proximité. Encore une fois, les réseaux sociaux, pointent le bout de leur nez et s'affichent indéniablement comme «le» média à ne pas manquer. À l'heure où la région vit encore au rythme du printemps du jasmin, il est difficile de faire des pronostics clairs et précis quant à la fréquentation des sites tels que Facebook ou Twitter, mais une chose est sûre, le «réseautage» des consommateurs entre eux est un facteur clé de la réussite d'une marque. Comme l'affirme, Ainad Bachir, directeur général de Nielsen Maroc, «le bouche à oreille ne se fait plus de manière physique, mais virtuelle». Ici encore, les experts insistent sur la représentativité de l'échantillon. En effet, malgré une marge d'erreur de 2,5%, l'échantillon -représentatif de la population marocaine- démontre que des critères tels que la catégorie socioprofessionnels de l'interrogé n'est pas sa connectivité. S.A