Près de 260 millions d'euros d'exportations en 2009, 360 entreprises en activité employant près de 17.400 personnes. Le poids économique de la filière cuir est loin d'être négligeable, d'où la dynamique qui l'anime actuellement. Après le Micam Shoevent de Milan qui s'est achevé récemment, il semble qu'un vent de restructuration souffle sur ce secteur. L'enjeu est manifeste pour une industrie considérée comme l'un des 8 métiers mondiaux du Maroc, compte tenu de son fort potentiel à l'export. Toutefois, le développement de l'offre exportable passe obligatoirement par une meilleure compétitivité, ce qui ne peut se réaliser qu'en agissant sur la qualité. «Le secteur souffre d'un certain nombre de défauts structurels, l'amélioration de la qualité ne se fera qu'en restructurant le secteur en amont, en agissant directement sur la qualité de la peau», nous apprend-on au sein de la Fédération marocaine des industries du cuir (FEDIC). Parmi les freins au développement du secteur, l'abattage non mécanisé et les maladies de la peau chez les bovins et ovins sont les plus récurrents. Autant de «tares» qui ont un impact certain sur la qualité du produit fini, que ce dernier revête la forme de chaussures (79% de la valeur exportée), ou de vêtements. Un plein de prespectives pour un créneau plus que porteur Cependant, la filière cuir présente une particularité intéressante, à savoir son interaction, pour ne pas dire sa dépendance vis-à-vis d'autres secteurs. «Nous en avons conscience au sein de la fédération, c'est pourquoi nous travaillons conjointement avec plusieurs ministères, fédérations et offices publics», précise-t-on au sein de la FEDIC. Ainsi, l'effort de restructuration commence alors que la matière première (la peau) recouvre encore la carcasse de son propriétaire. Un programme a été mis en place conjointement avec le ministère de l'Agriculture pour lutter contre les maladies de la peau, mais aussi pour permettre une plus grande implication dans les abattoirs et éviter ainsi la dégradation de la matière première. La modernisation des process industriels est également à l'ordre du jour, notamment en intégrant la dimension écologique, la tannerie étant considérée comme une activité particulièrement polluante. La fin de l'année verra d'ailleurs l'inauguration d'une zone industrielle à Aïn Chegag (périphérie de Fès) qui comprendra une station d'épuration, développement durable oblige. Cependant, l'amélioration de la qualité du produit fini passe aussi par la formation de ressources humaines qualifiées, ce qui a donné le jour à un partenariat entre la FEDIC, l'OFPPT, l'Anapec et l'AFD (Agence française pour le développement). Des profils universitaires ont ainsi pu suivre durant 6 mois une formation aux outils de gestion et de production de la filière, de la planification à la distribution. Une 2e formation, dédiée aux métiers de la tannerie, débutera en avril prochain dans le but de former des responsables de fabrication. Autant de chantiers lancés, pour un secteur dont le potentiel de croissance est estimé à 60% rien que sur le marché local. Le cuir sous toutes ses formes Véritable produit star, l'industrie de la chaussure assure une production estimée à 172,08 millions d'euros, à travers 244 unités de production. Caractérisée par une grande déclinaison de produits finis, écoulés principalement sur les marchés espagnols (37%) et français (32%), la chaussure arrive bien devant les vêtements en cuir et la maroquinerie, qui produisent pour 22,7 millions d'euros via 58 unités industrielles, ce qui représente 10% de la production totale du secteur et 15% des exportations. Les principaux clients de la production marocaine de vêtements en cuir et de maroquinerie sont la France (38%) et l'Espagne (29%). En fin du peloton, la tannerie et la mégisserie (traitement des peaux) totalisent 16,5 millions d'euros d'exportations, ce qui représente 6% des exportations e la filière. Encore une fois, les principaux clients de cette offre ne sont pas les mêmes que pour la chaussure ou les vêtements en cuir et la maroquinerie, puisque l'Italie est la première cliente, en absorbant 24,5% de nos exportations, suivie par la France (18,8%) et l'Espagne (10,2%).