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Pour une révision des pratiques culturelles
Publié dans Les ECO le 05 - 04 - 2011

En ouvrant nos journaux, ces derniers jours, nous avons l'impression d'écouter une diseuse de bonne aventure qui nous prédit un Maroc ravissant. Ne boudons pas le plaisir que nous procure la lecture des propositions des partis politiques pour la réforme de la Constitution. Même les plus timorées d'entre elles réaliseront cet espoir d'un Maroc démocratique où le peuple choisit le programme politique et celui qui va l'incarner. Voilà une réalité nouvelle. Nous pourrions désormais connaître d'avance l'identité de notre Premier ministre. Il peut dire que pour l'instant, nous n'avons pas que des raisons de nous en réjouir. Au-delà du plaisir que procure ce pouvoir quinquennal de «désigner» le Premier ministre, qu'apporterait la démocratie aux Marocains ? La dignité humaine, sans doute. Mais concrètement, les Marocains attendent qu'elle puisse leur permettre de mieux vivre. Ils espèrent que ces changements politiques se traduiront par une nouvelle réalité économique porteuse de progrès. L'expérience montre que la relation entre le développement économique et la démocratie n'est pas toujours mécanique. Certains pays ont connu un développement économique sans passer par la case démocratie.
Souvent, leurs performances économiques finissent par se muer en revendications politiques. N'étant ni parfaitement démocratiques, ni franchement autocratiques, ni réellement développés, ni gravement sous-développés, nous avons choisi de consolider nos aspirations économiques en allant vers plus de démocratie. Il nous incombe de nous préoccuper aussi de la dimension culturelle. La question est ancienne mais reste d'actualité. Max Weber avait en son temps établi une relation de cause à effet entre la culture protestante et le développement économique des anglo-saxons. Les valeurs religieuses de cette communauté semblent, selon le sociologue, en adéquation avec les principes du libéralisme économique. Bourdieu, quant à lui, avait fait de la culture dominante, favorisée par l'école, un facteur de réussite d'une certaine classe.
Y a-t-il des comportements culturels qui gêneraient notre développement économique ? Cette question pourrait paraître désespérante si elle nous enfermait dans une fatalité sans issue. Après tout, il était établi que les pays arabes étaient culturellement réfractaires à la démocratie. On pourrait de même prétendre que ces cultures sont fondamentalement incompatibles avec l'économie moderne. Tout le monde connait cette histoire édifiante d'investisseurs allemands qui auraient abandonné leurs projets au Maroc lorsqu'ils se sont rendus compte, sur leur chemin de l'aéroport, que leurs futurs associés ne respectaient pas le code de la route. Même si on peut douter de la véracité de l'histoire, qui ressemble plus à une élaboration fictive pour les besoins d'un cours de management, elle illustre parfaitement le décalage dont on peut souffrir lorsque les comportements quotidiens contredisent les règles d'une bonne marche de la société. Il y a de toute évidence des valeurs qui favorisent la réussite dans une économie mondialisée et libérale. Il en est ainsi du travail, du respect de la différence, de la tolérance. . .
Ceci ne préjuge pas des critiques qu'on pourrait adresser à un modèle économique qui se moque, sous prétexte de réalisme, de valeurs essentielles comme la solidarité et l'éthique. Mais avons-nous d'autres choix que d'être dans le modèle pour pouvoir le critiquer ? La culture est un héritage, mais elle est aussi une construction sociale. Les pratiques qui ont dominé notre société et notre économie depuis l'indépendance ont façonné une culture avec laquelle il nous faut impérativement rompre pour que les changements politiques aient un sens et que le développement économique s'amorce. On ne devrait plus accepter cette économie de la rente où moins on travaille, plus on gagne. Le clientélisme doit céder la place au droit, le favoritisme au mérite. L'amour qu'ont nos politiques pour les mandats doit être motivé par la vocation de servir et non de se servir. Un responsable avec qui j'ai sympathisé, m'a offert généreusement, son intercession chaque fois que j'aurais enfreint la loi. Mon voisin est préoccupé parce qu'il n'a toujours pas reçu sa feuille d'impôts locaux alors que tous les autres résidents trouvent son attitude saugrenue. On ne se préoccupe que des impôts qu'on voudrait ne pas payer. Nos élus se pavanent dans leur luxueuse voiture de fonction comme une juste gratification d'un parcours sans gloire.
Voilà notre monde «normal». Respecter les lois, travailler honnêtement, penser à l'intérêt public, sont des considérations dont on s'amusera et qu'on trouvera d'une naïveté exquise. Ce sont les contre-valeurs dont chacun peut mesurer l'ampleur en allant dans une administration, en conduisant sa voiture ou en achetant simplement son pain. Même avec la plus démocratique des Constitutions, de telles comportements culturels entraveront notre développement économique. Travailler à les corriger demandera du temps mais nous ne pouvons en faire l'économie.
Khalil Mgharfaoui Chercheur au Laboratoire d'études et de recherches sur l'interculturel


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