Le temps qu'il fera ce vendredi 20 décembre 2024    Les températures attendues ce vendredi 20 décembre 2024    Nouveau calcul de l'amende des factures en retard de paiement à partir du 1er décembre 2024    Bouznika: La Chambre des représentants et le Haut Conseil d'Etat libyens favorables à la poursuite de leurs réunions au service de l'entente nationale    Morocco's Khalil Seddini secures silver at Jet Ski World Cup    Sahara : Comment Amir Ohana a contribué à la reconnaissance du Parlement paraguayen (source de son entourage)    Essaouira : Une convention de 2,3 MMDH pour relancer la station Mogador signée sous la présidence de M. Akhannouch    New York indicts three traffickers arrested in Morocco    Inculpation à New York de trois trafiquants arrêtés au Maroc    Maroc : L'Atlas parmi les principales destinations montagneuses à travers le monde pour 2025    Botola D1. MAJ de la J13 : Le classico s'achève sur un nul    Cinéma : Le Maroc sélectionné pour le tournage d'un méga-film sur Cléopâtre !    LGV Kenitra-Marrakech : NGE signe son premier contrat ferroviaire au Maroc    Les activités des intermédiaires d'assurance bénéficient d'un cadre plus élargi    BANK OF AFRICA et CHARI scellent une alliance pour la digitalisation des épiciers marocains    AfricTrust : Premier opérateur national agréé par la DGSSI    Administration pénitentiaire : Le statut des fonctionnaires révisé    Quatre ressortissants français détenus au Burkina Faso libérés suite à la médiation du Roi    Israël est responsable d'extermination et de génocide dans la bande de Gaza (HRW)    Interview avec Pierre Lellouche : « La gauche se tait étrangement sur les excès et les outrances du régime algérien »    Les femmes socialistes solidaires avec les Palestiniennes    Starlink prépare son arrivée au Maroc    Syrie : La victoire d'Al-Joulani favorablement accueillie par les jihadistes au Sahel    Conflit d'intérêts : le projet de dessalement d'Akhannouch soulève les passions et les accusations    Le Maroc et la Côte d'Ivoire joignent leurs forces pour lutter contre la traite des êtres humains    Classement FIFA: Le Maroc termine l'année au 14è rang mondial    Ligue 1: Ben Seghir buteur, Hakimi encore décisif    Achraf Hakimi établit un record au PSG    Un spectacle de Tbourida pour clore en apothéose l'Année culturelle Qatar-Maroc 2024 [Vidéo]    Le Real Madrid avec Diaz et Lekhdim surclassent Pachuca d'Idrissi    Al Ahly et un club mexicain en guerre pour la signature d'Oussama Idrissi    Le président mauritanien en visite au Maroc peu de temps après le déplacement de Tebboune à Nouakchott    Médiation Royale : Libération de Français à Ouagadougou    Interpol, CDH, PAM, Unesco, CIO : 100% de succès des candidatures marocaines en 2024    Lutte contre l'inflation : Bank Al-Maghrib ajuste sa politique    Gestion du hooliganisme : Une étude propose des mesures répressives et une action éducative    Le temps qu'il fera ce jeudi 19 décembre 2024    Températures prévues pour le vendredi 20 décembre 2024    Macron thanks king Mohammed VI for mediating release of four French nationals in Burkina Faso    Ligne directe Casablanca-Pékin: La RAM scelle son retour en Chine avec 16 conventions    Aide à la production cinématographique : Des titres et des montants    «Rêves avortés de femmes mazaganaises», de Khatiba Moundib, à mi-chemin entre le réel et l'imaginaire    Un spectacle de tbourida clôt l'année culturelle Maroc-Qatar à Doha    Placement de produits dans le cinéma : Pratique lucrative qui peine à s'imposer au Maroc ! [INTEGRAL]    Festival "Florilège Culturel" : un colloque célébrant la poésie, le zajal et les adages marocains    L'amitié maroco-britannique célébrée à Londres    Maroc : Driss Ksikes décoré de l'Ordre des Arts et des lettres par l'ambassade de France    Mali. L'avenue « CEDEAO » devient « Alliance des Etats du Sahel »    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Bourdieu : Honni et adulé
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 26 - 01 - 2002

«Ne pas rire, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre.» C'est ainsi que l'on peut résumer la philosophie que nous a léguée Pierre Bourdieu, mort mercredi à l'âge de 71 ans. Itinéraire.
Pierre Bourdieu était né le 10 août 1930 à Denguin, dans les Pyrénées-Atlantiques. Après ses études au lycée, il entre à l'Ecole normale supérieure en 1951, obtient en 1954 son agrégation de philosophie, est nommé l'année suivante professeur au lycée de Moulins. Il fait son service militaire en Algérie et, entre 1958 et 1960, est assistant à la faculté des lettres d'Alger.
C'est à ce pays qu'il consacre ses premiers livres (Sociologie en Algérie, 1958 ; Travail et travailleurs en Algérie, 1963) et ses premiers articles : sa description des rituels kabyles comme son analyse du sentiment d'honneur, menés avec le plus grand souci méthodologique, l'enquête de terrain, l'usage des statistiques, l'analyse linguistique, lui valent vite la notoriété. De retour en France, il est nommé, entre autres nominations, assistant à la Sorbonne puis maître de conférences à la faculté des lettres de Lille. Bourdieu atteint le sommet de sa carrière en 1981, au moment où il devient titulaire de la chaire de sociologie du Collège de France. Son prestige, qu'il utilisera comme un glaive contre le pouvoir dominant et en défense des «damnés de la terre», sera dans les derniers vingt ans de plus en plus grand. Il restera toute sa vie partagé entre la popularité, digne des plus grandes stars du Cinéma, et la reconnaissance internationale que l'on doit aux grands hommes de science, couronnée en 2000 par la plus haute distinction en antropologie, la médaille Huxley, remise par l'Institut royal de Grande-Bretagne et d'Irlande. A son retour d'Algérie, Bourdieu se consacre à un autre thème brûlant dans le contexte des années 60 : l'éducation. Avec Jean-Claude Passeron, il publie un petit livre dont le succès est fulgurant : les Héritiers (1964), et, quelques années plus tard, toujours avec Passeron, la Reproduction (1970). Dans ces ouvrages est mis en évidence, par-delà l'influence des «inégalités économiques», le rôle de l'«héritage culturel», dans la perpétuation des inégalités des chances à l'école.
Bourdieu analyse les divers modes à travers lesquels se constituent les institutions sociales, les formations idéologiques, les critères du goût et les styles de vie, les discours, les formes de langage, le champ littéraire, artistique, journalistique, sportif, sexuel, scolaires.... Bref, de tout ce qui impose les structures mentales à travers lesquelles on perçoit le monde social et culturel. Bourdieu s'attaque à tous les principes qui permettent de comprendre les valeurs, les comportements et les intérêts soit de groupes sociaux, avec par exemple ses travaux sur le patronat, les intellectuels (les Règles de l'art), soit d'une discipline particulière (les Structures sociales de l'économie) ou du discours ordinaire (Ce que parler veut dire), du discours politique, juridique ou philosophique (l'Ontologie politique de Martin Heidegger). Pour un tel projet, Bourdieu avait aussi besoin d'analyser le rôle et le statut de la sociologie elle-même, de la doter de la plus grande scientificité et d'interroger critiquement cette scientificité.
On allait jusqu'à le comparer à Freud ou à Marx pour avoir fait dans la sociologie une «révolution» comparable à la leur.
Comme Zola, Sartre ou Foucault, comme tous les intellectuels qui tentent de lier leur travail littéraire ou philosophique aux événements qui informent et déforment le monde, Bourdieu a été tout à la fois le diable et l'eau bénite, honni jusqu'à l'exécration, adulé jusqu'à l'idolâtrie par ceux qui épluchaient ses écrits, tels des versets de Bible.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.