La poésie existe, je l'ai rencontrée. Elle porte le nom de Dominique. Dominique de Villepin. Oui, c'est bien de l'ancien Premier ministre français qu'il s'agit. Vendredi dernier, j'ai eu la chance et le privilège de le voir, de l'entendre et surtout de l'écouter parler, parler pour nous charmer, parler pour nous éclairer, parler, enfin, pour nous ensorceler. Oui, pour moi, cet homme est un sorcier. Mais pas de ces sorciers blancs qui font l'apologie de la guerre pour mieux vendre des fusils aux Indiens. Ou aux Marocains. Non, cet homme est un magicien. Mais pas de ces magiciens, qui vous bercent dans l'illusion pour vous manipuler, manipuler pour vous tromper, manipuler pour vous dominer, manipuler pour vous commander, manipuler, parfois, pour vous piquer votre montre, votre portefeuille, ou pis, votre esprit. Non, cet homme n'est pas un gourou. D'ailleurs, le serait-il, j'aurais été peut-être le premier à le suivre. À devenir son disciple, moi l'indiscipliné chronique et l'impie notoire. Oui, je n'ai pas honte de l'avouer : vendredi, Dominique De Villepin m'a séduit. J'en ai été moi-même surpris. Il est rare que je sois séduit par un homme, même si, comme chacun sait, je suis quelqu'un plutôt ouvert d'esprit. En vérité, pourquoi le cacher ? Il m'a impressionné. Alors, là aussi, j'en suis très étonné. Car, moi, avec mon ego surdimensionné, pour m'impressionner, il faut se lever tôt. Et surtout ne pas arriver tard. Or, justement, ce jour-là, quand je suis arrivé à la Salle de conférence du Salon du livre qui, pour une fois, méritait son nom de Siel car ça a plané très haut, c'était archiplein, et l'illustre conférencier avait déjà commencé à envoûter les invités. Comme un gourou qu'il n'était pas, mais qu'il aurait pu être, il était debout, dominant de ses presque 2 mètres de taille un auditoire qui ne demandait qu'à être dominé. Mais, au lieu de haranguer la foule pourtant acquise et conbquise comme le font beaucoup de nos haut-parleurs nasillards et vantards, et au lieu de l'endormir comme le font tant de nos politiciens somnifères et sans savoir-faire, il la berçait avec son verbe acidulé, sans jamais être acerbe et sa voix haute sans jamais être hautaine. Dominique de Villepin n'a jamais été de mon camp, et si tout va bien, je ne serai jamais du sien. Lui, c'est un homme de droite très adroit, et moi un mec de gauche souvent gauche. Et puis, après tout, je préfère, de loin, une personne de droite intelligente et éclairée qu'un militant de gauche suffisant et inculte. En tout cas, qu'on le veuille ou pas, lui c'est un grand. Dans tous les sens du terme. Au fait, je ne vous l'ai pas encore dit, mais, ce jour-là, Dominique De Villepin est venu nous parler de culture. Culture avec un grand C. Il l'a fait avec un immense sens de la mesure et un gigantesque talent d'orateur. Il l'a fait sans papier, sans souffleur et sans prompteur. Comme chantait Léo Ferré : «Rien à déclarer ? Non ! Rien dans les poches, rien dans les valises, tout dans la tête. Votre nom ? Karl Marx !». Mais Dominique de Villepin n'est ni Karl Marx, ni Robespierre, ni Malraux, ni Camus, mais ce jour-là, comme la culture, il s'est approprié l'espace et a conquis le temps. Il nous a convaincus que par ces temps de crise, par sa capacité de poser les bonnes questions, la culture est plus qu'essentielle. Elle est vitale. C'est la vie. Bon dieu, que c'était bien dit ! Et dire que c'est ce poète-là, qu'on a promis d'accrocher à des crochets de boucher ! Sacré Sarko ! Merci, Monsieur le Premier ministre de nous avoir fait aimer la culture et méprisé la confiture.