La fondation ONA accueille les œuvres de la toute première édition du Jameel Prize 2009. Regard des artistes du monde sur la tradition islamique Après Londres, Riyad, Damas, Beiteddine, Sharjah et Istanbul, c'est au tour de Casablanca d'accueillir l'une des plus grandes expositions internationales jamais organisées dans le monde arabe et donc, jamais accueillies par la fondation ONA. Neuf artistes, certes, ce n'est pas énorme. Ce qui l'est en revanche, c'est la dimension en amont, de cette exposition mondiale qui vise à mettre en évidence la richesse des échanges entre les pratiques contemporaines et l'héritage artistique de l'islam. L'objectif est de contribuer à l'élargissement du débat sur la culture islamique. Pour sa toute première édition, le prix Jameel 2009, initié par le Victoria & Albert Museum de Londres, a sélectionné plus d'une centaine d'artistes venant d'horizons aussi divers que les Etats-Unis, l'Allemagne, le Liban, l'Ouzbékistan ou la Chine, pour présenter des œuvres contemporaines s'inspirant de la tradition islamique. Une première mondiale, qui a mis à l'honneur neuf jeunes talents dont les œuvres font, depuis juillet 2009 le tour de sept villes du Moyen-Orient et de la Turquie. Partant du V&A Museum, pour s'achever en juillet prochain à Bahreïn, après son passage au Maroc. Bel honneur pour le royaume qui, de plus, ne se contente pas uniquement d'accueillir l'exposition à la Villa des arts de Casablanca, mais y est également représenté de manière magistrale. From NY to Le Salon Afruz Amighi, c'est le nom de ce jeune New-yorkais d'origine iranienne qui a décroché le premier prix du Jameel Prize 2009, grâce à son installation 1001 Pages, réalisée en 2008. À ses côtés, huit autres finalistes ont été désignés par les organisateurs du Jameel Prize 2009, tels que Hamra Abbas, Reza Abedini, Khosrow Hassanzadeh, ou encore Sevan Bıçakçı. Parmi eux, un nom nous semble familier. Et pour cause, ce n'est autre que l'artiste marocain, Hassan Hajjaj, qui a conclu la liste des neuf finalistes de la première édition du Jameel Prize, avec Le Salon. Cet artiste au double regard (d'ici et d'ailleurs) se fait remarquer parmi plus de cent talents candidats, pour avoir soumis au V&A Museum une installation pour le moins surprenante. Le Salon, comme il a nommé son œuvre, combine des objets de tous les jours, dont les marques sont mises en évidence, pour recréer l'atmosphère chaotique d'un marché arabe. On y voit ainsi les logos des grandes marques occidentales apparaissant sur des objets arabes traditionnels, alors que les marques locales inspirent une certaine nostalgie et un sentiment d'appartenance. À travers ce travail, Hajjaj suggère au spectateur la dualité d'un univers où la force de la tradition islamique fait quotidiennement face aux défis du monde extérieur. Pour Hajjaj, Le Salon est à la fois un témoignage de la toute-puissance de l'image et des marques, qui montre, par là même, comment l'homme parvient à se déjouer de cette puissance. Suggestives, les œuvres de Hajjaj portent en elles ce mélange de cultures et ce regard croisé sur des univers opposés entre un Orient qui l'a vu naître à la vie et un Occident qui l'a vu naître à l'art. Pour découvrir son travail et celui des neufs finalistes du Jameel Prize 2009, la Villa des arts de Casablanca vous ouvre ses portes jusqu'au 26 mars prochain. Un homme d'affaires Derrière cette initiative artistique d'envergure se cache l'un des plus importants hommes d'affaires arabes, à savoir Mohammed Abdul Latif Jameel. Autrement dit, le président du Groupe saoudien ALJ et également président de l'International Business Leaders Forum (IBLF). Il est à noter que ce prix, qui porte pour le coup son nom «Jameel Prize», ainsi que l'exposition qui l'accompagne, font tous deux suite aux travaux de rénovation de la galerie «Jameel d'art islamique» du V&A Museum de Londres. Ces travaux sont eux-mêmes financés par la fondation Jameel, réouverte au public en 2006. Plus d'une année après le lancement de la tournée internationale de l'exposition, les organisateurs envisagent d'en faire une compétition biennale et décerneront le prochain Jameel Prize en 2011.