Chaque conseil trimestriel de Bank Al-Maghrib (BAM) est l'occasion pour le wali de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, de livrer une lecture globale de la situation économique nationale et de faire le point sur les avancées réalisées sur les plus grands chantiers du secteur financier. Le dernier conseil de BAM, tenu ce début de semaine, n'a pas dérogé à la règle. D'abord, le gouverneur a tenu à souligner une information qui est un peu passée sous silence ces dernières semaines. Il s'agit du maintien par Standard & Poor's de la notation du Maroc, en dépit du climat d'instabilité de la région. Ceci, alors que le géant mondial du rating a procédé à plusieurs révisions à la baisse de ratings souverains dans la zone Mena, notamment pour la Tunisie, l'Egypte, la Jordanie, Bahreïn et la Lybie. «C'est une autre consécration pour le Maroc, qui se voit conforté dans la pertinence de sa politique, sachant que Standard & Poor's avait relevé la notation pour le royaume pendant la crise», a rappelé Jouahri. En renfort à cet appel à l'optimisme, le gouverneur note le maintien de la confiance au niveau national, en insistant autant sur une accélération de la circulation de la monnaie fiduciaire que sur le retrait des dépôts bancaires. Naturellement, quelques ombres persistent, dont notamment la crise des dettes souveraines, qui pourrait limiter les échanges extérieurs avec l'Union européenne, premier partenaire commercial du Maroc. Il n'empêche que la croissance non agricole semble de plus en plus renouer avec son niveau d'avant la crise, avec 4,5% à 5,5% de prévisions de croissance pour ce compartiment de l'économie nationale, note Jouahri. Sur la même lignée, le rythme des crédits devrait renouer avec ses meilleurs niveaux, moyennant une croissance anticipée de 10% pour 2011, selon Bank Al-Maghrib. «Cette amélioration serait le fait de PME plus que des grandes entreprises», précise Jouahri. Cette amélioration interviendrait alors que 2010 a connu un taux de croissance des crédits de 8% contre des anticipations de progression de 10%. Une situation que le wali de Bank Al-Maghrib lie à un retard de transmission des projets d'accompagnement sectoriels au secteur public et privé. Moindre mal, ce ralentissement des crédits a eu pour effet de calmer le besoin en liquidités des banques. Il n'en demeure pas moins que la Banque centrale accorde une fleur supplémentaire aux banques pour subvenir à leurs besoins en liquidités. Ainsi, l'encours des comptes sur carnet (qui avoisine les 78 milliards de dirhams) devrait être exclu sous peu de la réserve monétaire, ce qui devrait fournir, à court terme, aux banques, un matelas de liquidités supplémentaire de 4,8 MMDH. Actualité oblige, Jouahri a également veillé à trancher la question du risque pesant sur l'investissement libyen au Maroc. Comme pour tout investissement extérieur, celui-ci a été opéré par l'ouverture d'un dossier auprès de l'Office des changes, qui permet aux initiateurs de rapatrier les produits de l'investissement, avec la garantie de retransfert du capital investi, résume simplement Jouahri. Autrement dit, il n'y a pas de connexion directe avec les actifs au Maroc engageant du capital libyen et les avoirs libyens aujourd'hui sujet à gel au niveau international. «Nous n'avons pas d'avoirs libyens et nous n'avons pas été sollicités pour geler quoi que ce soit», explicite au final Jouahri. Autre sujet d'actualité, Casablanca Finance City. L'offre immobilière de la future place financière est presque achevée, informe Jouahri. Les autres volets dont notamment la révision du régime de change du Maroc avancent bien, apprend-on également. La course contre la montre est engagée pour débuter les roadshows à l'international, dès la prochaine rentrée. Le timing de cette sortie sera soigneusement étudié par les porteurs du projet, l'objectif étant d'éviter la concordance avec tout événement de nature à parasiter le message.