Les échos : Combien de projets le Fonds Dayam a-t-il soutenu en 2009 ? Khalil Azzouzi : En 2009, le Fonds Dayam a investi dans deux affaires, dans le secteur du tourisme et du géomarketing. Nous recevons une centaine de projets par an. Le comité en sélectionne une vingtaine. Au final, nous travaillons avec les porteurs de deux à quatre projets. Je tiens à souligner que notre fonds d'amorçage est érigé en deux structures : Sherpa Finances et le Fonds Dayam. Créé par le groupe Saham, présidé par Moulay Hafid El Alamy. «C'est une initiative citoyenne, entreprise pour encourager l'entrepreneuriat et créatrice de richesses, au Maroc». Sherpa est dédiée essentiellement à l'accompagnement du porteur de projet. Elle vient en amont du fonds moyennant une présélection des projets soumis, sur la base d'un certain nombre de critères. À savoir l'innovation, la rentabilité, le potentiel de croissance et le positionnement à l'international. À travers ces exigences, on diminue les risques du business et on lui offre une grande capacité de développement. Comment se déroule l'opération d'accompagnement des porteurs de projets ? Sherpa Finances présélectionne les dossiers et porte un intérêt au profil du porteur de projet. On doit s'assurer qu'il y a une adéquation entre le profil du candidat et le projet lui-même. Le porteur du projet doit avoir un minimum de bagage managerial pour gérer son affaire. Une fois accepté, Sherpa Finances l'accompagne durant trois à six mois, grâce à ses équipes en interne et à son réseau de partenaires. Après cette période de «coaching», le porteur du projet défend son «business» devant le comité du Fonds Dayam, présidé par Moulay Hafid el Alamy. On ne veut pas être l'avocat du diable en quelque sorte. C'est au candidat de mettre en valeur son projet. Ce comité valide le projet pour qu'il bénéficie de l'aide du Fonds ou le rejette. «Une troisième issue est possible. Le porteur de projet est réorientée vers Sherpa pour plus d'accompagnement, qu'on fait à titre bénévole». En général, on reproche aux professionnels de l'amorçage d'imposer des conditions draconiennes pour accepter un projet. Qu'en pensez-vous ? Un fonds d'investissement, ce sont des investisseurs qui vous donnent de l'argent pour l'investir à bon escient, pour une rentabilité que vous leur promettez à l'avance. Ces investisseurs, au lieu d'aller à la Bourse ou de faire de la promotion immobilière, ils préfèrent suivre cette piste. Les capital-risqueurs par contre prennent énormément de risques : le taux de rentabilité interne (TRI) du projet risque de ne pas être conséquent pour les investisseurs. D'où la multitude des critères imposés pour accepter le projet. Les capital-risqueurs réfléchissent deux fois avant d'investir leur argent. Quelle est la durée d'un fonds d'amorçage ? La durée de vie d'un fonds d'amorçage est de dix ans. Il investit dans les cinq premières années et entame le désinvestissement dans les cinq dernières. Pour le Fonds Dayam, créé en 2008, nous sommes en train de lever la deuxième partie du fonds pour augmenter le capital. Le fonds Dayam a une durée de vie de 10 ans, prorogeable de 12 ans. Il est plus jeune que Sindibad, puisque créé en juillet 2007. Autre particularité, il a pu soutenir des projets à moins d'une année de sa création, chose qui ne se fait pas en général. Créer un fonds et lui assoir une bonne assise prend au minimum une année. On a mis les bouchées doubles pour créer les structures et recevoir les projets au plus vite, car on était sollicités par les gens. On a gagné une année grâce notamment au soutien du groupe Saham. Pourquoi ne pas renforcer votre collaboration avec les incubateurs universitaires ? Il y a une vraie problématique des incubateurs universitaires au Maroc. Jusqu'à présent, je n'ai reçu aucun projet de ces incubateurs. Ils sont déconnectés de leur environnement. Les dirigeants des ces structures doivent savoir si les projets de recherche sur lesquelles travaillent les incubés ont des marchés, s'ils sont déjà brevetés ou pas... Il y a souvent des travaux de recherche qui sont dépassées ou qui n'ont pas de marchés porteurs. Il faut accompagner ces gens. Je me souviens d'un porteur de projet qui a trouvé un procédé révolutionnaire mais au final, il était destiné à un marché epsilon qui ne dépasse pas les 100 millions de DH au niveau mondial. À mon avis, nos chercheurs restent malheureusement enfermés durant des années sur le prototype, omettant d'établir une stratégie pour créer son business et le mettre sur le marché. Les incubés manquent terriblement de formation en matière d'entrepreneuriat. Ces incubateurs doivent êtres ancrés suffisamment sur le marché mondial, travailler avec d'autres universités qui sont à la pointe, pour gagner en expérience.